Devoir de Philosophie

PORTRAIT DU PERE GRANDET (Balzac, Eugénie Grandet, chap. I)

Publié le 17/02/2011

Extrait du document

balzac

Au physique, Grandet était un homme de cinq pieds, trapu, carré, ayant des mollets de douze pouces de circonférence, des rotules noueuses et de larges épaules ; son visage était rond, tanné, marqué de petite vérole; son menton était droit, ses lèvres n'offraient aucune sinuosité, et ses dents étaient blanches ; ses yeux avaient l'expression calme et dévoratrice que le peuple accorde au basilic ; son front, plein de rides transversales, ne manquait pas de protubérances significatives ; ses cheveux jaunâtres et grisonnants étaient blancs et or, disaient quelques jeunes gens qui ne connaissaient pas la gravité d'une plaisanterie faite sur Monsieur Grandet. Son nez, gros par le bout, supportait une loupe veinée, que le vulgaire disait, non sans raison, pleine de malice. Cette figure annonçait une finesse dangereuse, une probité sans chaleur, l'égoïsme d'un homme habitué à concentrer ses sentiments dans la jouissance de l'avarice et sur le seul être qui lui fût réellement de quelque chose, sa fille Eugénie, sa seule héritière. Attitude, manières, démarches, tout en lui, d'ailleurs, attestait cette croyance en soi que donne l'habitude d'avoir toujours réussi dans ses entreprises. Aussi, quoique de moeurs faciles et molles en apparence, Monsieur Grandet avait-il un caractère de bronze.

Le premier chapitre d'Eugénie Grandet est intitulé Physionomies Bourgeoises. Balzac y présente d'abord le quartier de Saumur où habite son personnage, puis sa maison. Ensuite il explique l'origine de sa fortune, ses manières. Enfin il nous le présente tel qu'il est au moment où commence l'action du roman.

balzac

« II.

- ASPECTS DU CARACTÈRE DE GRANDET (De : Cette figure...

à : caractère de bronze.) a) L'interprétation des traits physiquesLes lèvres, les yeux, le front, le nez révèlent avant tout la ruse, la méditation, la finesse.

Mais la vigueur des traits,la dureté du regard, une certaine laideur grossière montrent que le personnage est dangereux.

La « probité sanschaleur » rappelle le proverbe anglais : « Honesty is the best policy : l'honnêteté est la meilleure des politiques.

»Grandet est honnête, non point par vertu, mais parce que, dans le monde provincial et clérical où il évolue, laprobité est nécessaire pour faire de bonnes affaires.

Il s'arrangera pour rester dans les limites de la légalité, tout enexploitant à fond les autres.C'est un homme tout d'une pièce, mû par une passion unique; les mots égoïsme, concentrer, nous indiquent soncomportement.

Il a une forte vie intérieure, il tire ses jouissances de lui-même, c'est-à-dire de son argent qu'il aimed'un amour physique et religieux.

Cette jouissance unique est révélée par la force, le calme, la lourdeur, lamonotonie qui se dégagent du portrait précédent.

On pourrait croire qu'il a enfin une affection humaine où son coeurse repose.

Non, il aime sa fille parce qu'elle est sa seule héritière; c'est l'argent qu'il aime en elle.

Il est le père deson argent plus que de sa fille. b) Allure généraleBalzac attachait une grande importance caractérologique à la démarche au sujet de laquelle il voulut écrire untraité.

« A la femme de Paris, le génie de la démarche! » écrit-il.

Mais ici il ne refait pas une analyse détaillée commepour le visage.

Il nous donne tout de suite la solution.

Tout atteste la croyance en soi, fondée sur le succès.

LaBruyère dans les portraits de Giton et de Phédon, le riche et le pauvre, montre comment l'argent, le succès influentsur l'attitude, les manières, la démarche.On peut donc supposer que Grandet a une attitude droite, fière, le torse tombé, la tête relevée.

Ses manières sontenjouées, aimables, protectrices parce qu'il est satisfait de lui-même.

(Ce n'est ni de la politesse ni de l'altruisme).Sa démarche doit être ferme et délibérée.La force de Grandet vient en partie de sa ruse, de son apparence « bon enfant ».

Les « moeurs faciles » sontnécessaires dans le commerce.

Il ne faut pas éveiller la méfiance.

L'apparence molle est confirmée par sa tête ronde: avec le monde il ne durcit pas ses traits, il se compose un masque de paysan inoffensif qui lui permet de ne rienrépondre, de ne pas se compromettre.

Le trait le plus important, celui qui résume tout le portrait est la dureté : «un caractère de bronze ».

Elle est la conséquence de ses succès.

Elle est constamment suggérée dans l'analysephysique du personnage. CONCLUSION Cette foi en la science, cette étude probe et consciencieuse des rapports entre le corps et l'esprit, cettedocumentation soignée, les maladresses même de l'analyse, sont caractéristiques des débuts de l'époque réaliste.Toutefois, le lecteur est en droit de préférer une description plus sobre, mieux répartie : dans la vie, les traits d'unpersonnage, surtout s'il se dissimule, n'apparaissent qu'avec le temps, à mesure que surviennent les événements.

Unintérêt dramatique naît de cette révélation progressive.

Il semble donc préférable que dans le roman la science neprenne point le pas sur l'art.

La vérité de l'oeuvre y gagnera.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles