Portrait Bel-Ami
Publié le 11/03/2015
Extrait du document
«
Georges Duroy reçoit le surnom de « Bel-Ami » (I,5) ; c’est une enfant, la
fille de sa maîtresse, Laurine de Marelle, qui l’appelle ainsi avec une certaine
pertinence, si bien que ce sobriquet est repris par toutes les femmes et même par
M.
Walter.
Mais cet aimable surnom va servir au héros de paravent dissimulant
sa dangerosité.
Il incarne la beauté mâle de l’époque .
Georges a un physique avantageux,
c’est peut-être même un idéal.
Ce Normand, grand, blond, aux yeux clairs, suit
la mode avec ses cheveux bien coiffés avec la raie au milieu du crâne.
Mais c’est
surtout sa moustache qui est importante.
À la fin du XIXe siècle, elle est
considérée comme un attribut viril : « Il avait […] une séduction irrésistible
dans la moustache.
Elle s’ébouriffait sur sa lèvre, crépue, frisée, jolie, d’un
blond teinté de roux avec une nuance plus pâle dans les poils hérissés des bouts
» (I, 2 ).
Cette moustache est un atout érotique : il promène « sa moustache
frisée sur la chair blanche » de Madeleine (II, 1) Ce joli garçon, quoiqu’un peu
vulgaire, peut être considéré comme un « sex symbol » des années 1880 .
Une psychologie complexe : Georges sait qu’il est beau et cela influence son
comportement et sa psychologie .
Comme Narcisse, il aime à contempler son
reflet.
Plusieurs fois, au cours du roman, il se regarde dans un miroir , d’abord
en arrivant chez Forestier : « Un élan de joie le fit tressaillir, tant il se jugea
mieux qu’il ne l’aurait cru » (I, 2).
Il en est de même en sortant : « il se regarda
longuement, émerveillé d’être vraiment aussi joli garçon ».
Il est, vis-à-vis de
lui-même, d’une complaisance peu ordinaire, il n’a aucun recul critique.
Par
ailleurs, il est coquet, il vérifie souvent sa tenue, par exemple en arrivant chez
Mme de Marelle : « Il alla droit à la cheminée pour constater l’état de ses
cheveux et de sa toilette : et il rajustait sa cravate devant la glace quand il
aperçut la jeune femme qui le regardait » (I, 5).
Le souci du paraître est chez
lui essentiel : quand Madeleine et lui sont devenus « millionnaires », il s’achète
une belle montre : « Vous ferez graver sur le chronomètre mes initiales G.R.C.
en lettres entrelacées au-dessous d’une couronne de baron » (II, 6).
Ses
vêtements ne présentent pas d’originalité, Duroy s’attache plutôt à la manière de
les porter : « Il inclinait légèrement sur l’oreille son chapeau à haute forme ».
Il
joue fort bien du sourire et de la voix : on s’en rend compte dans sa conquête
de Mme Walter : « il reprit, d’une voix contenue », « il lui parlait tout bas » (III,
3).
Duroy attache beaucoup d’importance à sa personne, mais ce n’est pas
un esthète, il n’a aucun sens artistique .
Il est à l’image du grand trapéziste des
Folies-Bergères (I, 1).
L’amour de soi mène à l’ambition : Duroy pense qu’il
mérite ce qu’il y a de mieux.
Et ce qu’il y a de mieux, pour lui, c’est l’argent,
ainsi que le montrent ses rêves : « Il épousait la fille d’un banquier à première
vue » (par sa beauté !) Quand il fait la connaissance de Laroche-Mathieu, le
pouvoir politique le séduit aussi : « Quel homme d’État je ferais à côté de ces
polissons imprévoyants » (II, 5).
Un succès relatif, son mariage avec Madeleine.
»
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