Poème en vers libres et poème en prose dans les Illuminations de Rimbaud
Publié le 20/09/2018
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plus académique: respect de la forme, du vers et de la rime, choix d'un sujet élevé, etc. Si les poèmes en vers réguliers de Rimbaud avaient déjà (après Baudelaire et d'autres) mis à mal le choix du sujet élevé, évoquant par exemple en alexandrins des « chercheuses de poux », il lui restait à s'attaquer radicalement aux formes classiques. Or, cette attaque s'est faite progressivement, et le vers libre, comme forme de transition, représente une étape d’importance dans ce trajet. Malgré leurs différences évidentes avec les autres poèmes du recueil, les deux poèmes concernés appartiennent, semble-t-il, indéniablement aux Illuminations: ils figurent tous deux dans des séries de feuillets présentant des textes manuscrits des Illuminations: « Marine » est écrit sur la même feuille que « Fête d’hiver » et « Nocturne vulgaire », et « Mouvement » appartient, semble-t-il, au même ensemble manuscrit qu'« Après le déluge » ou « Promontoire ».
On ne peut appréhender les Illuminations sans étudier« Marine » et « Mouvement ». Le refus progressif chez Rimbaud de la versification est passé par cette première « crise » des formes que constitue le poème en vers libres. Pour comprendre ce qui lie le poème en prose à la poésie traditionnelle, et donc pour comprendre ce qui donne au poème en prose son caractère poétique, l'étude de ces deux textes est très importante.
ÉTUDE DE « MARINE >>_
ET DE « MOUVEMENT »
« Marine » et « Mouvement » ont immédiatement été identifiés comme des pièces en vers: ils furent publiés par la revue La Vogue en italiques (qui était le signe typographique du vers), et en 1922, le critique Èdouard Dujardin les saluait comme les premiers poèmes en vers libres jamais publiés. En 2000, un autre critique, Michel Murat, s’est penché de nouveau sur la question et a procédé à un examen très attentif.
Dans « Mouvement », les retours à la ligne n'obéissent plus qu'au principe du vers: il n’y a pas de retrait à droite qui caractérise le système de paragraphe, et les grands mouvements du texte sont mis en évidence par un système de strophe, comme entre les vers 8 et 9, où un saut de ligne est effectué pour séparer les deux blocs de texte. Les vers n’obéissent plus à un simple découpage d'un texte prosaïque, mais possèdent des propriétés qui montrent qu'il y a une concurrence entre l'unité du vers et l'unité de la phrase : ainsi du rejet aux vers 12 et 13: « Ils emmènent l'éducation/ Des races, des classes et des bêtes, sur ce Vaisseau ». L’enjambement met en évidence l’arbitraire de la coupe par rapport à la syntaxe : c'est la logique poétique qui prime sur la grammaire. Enfin, Rimbaud prend soin de rattacher son poème au vers régulier en y introduisant à plusieurs reprises des vers qui rappellent des mètres classiques -c'est le cas des deux alexandrins blancs « Car de la causerie parmi les appareils » et « Monstrueux, s’éclairant sans fin, - leur stock d’études ». Ici aussi, il y a une volonté de rattacher le poème à une tradition poétique, que cette volonté soit ironique ou non.
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plus
académi que: respect de la forme, du vers et de la rime, choix
d'un sujet élevé, etc.
Si les poèmes en vers réguliers de Rimbaud
avaient déjà (après Baudelaire et d'autr es) mis à mal le choix du sujet
élevé, évoquant par exemple en alexandrins des « cher cheuses de
poux », il lui resta it à s'a ttaquer radicalement aux formes classiques.
Or, cette attaque s'est faite progress ivement, et le vers libre, comme
forme de transition, représente une étape d'importance dans ce
trajet.
Malgré leurs différences évidentes avec les autres poèmes du
rec ueil, les deux poèmes concernés appartiennent, semble-t-il,
indéniablement aux Illuminati ons: ils figur ent tous deux dans des
séries de feuillets présentant des textes manuscrits des
Illuminati ons: " Marine » est écrit sur la même feuille que " Fête
d'h iver ,, et " Nocturne vulgaire », et « Mouv ement » appartient,
semble-t- il, au même ensemble manuscrit qu'« Après le déluge »ou
" Promontoir e ».
On ne peut appréhender les Illumi nations sans étudier « Marine »
et « Mouvement ».
Le refus progressif chez Rimbaud de la
versification est passé par cette première « crise » des formes que
constitue le poème en vers libres.
Pour comprendr e ce qui lie le
poème en prose à la poésie traditionnelle, et donc pour comprendr e
ce qui donne au poème en prose son caractère poétique, l'étude de
ces deux textes est très importante.
ÉTU DE DE cc MARINE >>
ET DE cc MO UVE MENT ,
« Marine » et " Mouvement ,.
ont immé diatement été identifiés
comme des pièces en vers : ils furent publiés par la revue La Vogue
en italiques (qui était le signe typogr aphique du vers) , et en 1922, le
critique Édouard Dujardin les saluait comme les premier s poèmes en
vers libres jamais publiés.
En 2000, un autre critique, Michel Murat,
s'est penché de nouveau sur la question et a procédé à un examen
très attentif..
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