Plaute, Terence et le théâtre romain
Publié le 26/08/2012
Extrait du document

Térence a composé six pièces, toutes connues. Il a considérablement fait évoluer la comédie latine : il incarne la génération influencée par l'hellénisme — César le surnomme le « demi-Ménandre « —, d'autant plus qu'il a évolué dans le fameux cercle des Scipions, qui a acclimaté le goût grec à Rome. Térence écrit essentiellement pour un public de lettrés, comme le montrent ses prologues et les titres grecs de ses pièces. Voici les principales caractéristiques de ses pièces : Il réduit la place des parties chantées. Là où Plaute choisit les pièces grecques les plus dynamiques et mouvementées en grossissant contrastes et traits comiques pour provoquer un rire franc, Térence, lui, va dans le sens de l'adoucissement de la verve comique et de la caricature en cherchant plutôt à faire sourire. Sa force comique (vis comica) est nettement moindre. Ses comédies sont plus sentimentales, qui reposent surtout sur un comique de caractère. Sa psychologie est plus approfondie, plus nuancée, parfois un peu mièvre. Il n'est pas rare de voir de la tendresse pour ou chez une courtisane. Son théâtre est soucieux de réflexion philosophique et morale : le thème de l'éducation, par exemple, y est omniprésent.

«
Varron cite 21 pièces certaines et 19 pièces douteuses; le nombre des pièces apocryphes (écrit dont l'authenticité n'est pas établie) devait être considérable, puisquecertains auteurs attribuaient à Plaute 100 et même 130 comédies.
Les critiques, tant anciens que modernes, ont donné aux 21 comédies certaines, énumérées parVarron, le nom de Fabulae Varronianae.
Elles sont toutes parvenues, sauf une, intitulée la Vidularia, qui était la dernière dans les manuscrits, et qui a disparupresque entièrement.
Des autres pièces, que l'Antiquité attribuait à Plaute avec plus ou moins de raison, ne reste que de courts fragments ou même le titre seul.Les vingt comédies de Plaute, que nous pouvons lire aujourd'hui, sont : l'Amphitruo, l'Asinaria , l'Aulularia, les Bacchides, les Captivi, la Casina, la Cistellaria, leCurculio, l'Epidicus, les Menaechmi, le Mercator : Le Marchand (page 84-85), le Miles Gloriosus : Le Soldat Fanfaron (page 86-87), la Mostellaria : Le Revenant(page 88-89), le Persa, le Paenulus, le Pseudolus, le Rudens, le Stichus, le Trinummus, le Truculentus.
Quelques-unes de ces pièces sont incomplètes : ainsi la fin del'Aulularia et une grande partie de la Cistellaria manquent dans les manuscrits.Le théâtre de Plaute appartient au genre appelé à Rome la Comaedia Palliata, c'est à dire la comédie en pallium ou manteau grec.
Plaute a en effet beaucoupemprunté aux poètes comiques de la Grèce.
Plaute s'inspira surtout de la Comédie nouvelle; il puisa la plupart des sujets de ses pièces dans les oeuvres de Ménandre,de Philémon et de Diphile.
Ménandre lui fournit la Cistelluria, les Bacchides, le Miles Gloriosus, le Paenulus, le Stichus; de Philémon, il tira la Mostellaria,le Mercator, leTrinummus; à Diphile il prit la Casina.La scène se passe toujours, au moins en apparence, dans une ville grecque; les personnages portent des noms grecs : Amphitryon, Euclion, Philocrates, Aristophontes,Menaechmus Sosiclès, Pleusidippus, Antiphon, Philumena, Pamphila, Megaronides, Calliclès, Pyrgopolinice, etc.
Les caractères eux-mêmes, dans leurs traitsprincipaux, sont simplement transposés de la Comédie nouvelle: chez Plaute comme chez Ménandre et Philémon, abondent les esclaves fripons et rusés, lesmarchands perfides et voleurs, les procureuses sans vergogne ni scrupules, les vieillards imbéciles ou débauchés, les fils irrespectueux, les cuisiniers escrocs, lesentremetteurs impudiques, les parasites toujours affamés, les soldats toujours fanfarons.
Ce serait pourtant une erreur et une injustice de croire que Plaute a étéseulement un traducteur, ou qu'il s'est contenté d'adapter au goût des spectateurs romains les œuvres des poètes grecs.D'abord Plaute a observé par lui-même et il connaît, par sa propre expérience, tous ces types de la Comédie nouvelle; il les a vus soit dans les ports de la Grèce et del'Orient, qu'il visita au moment où il se livra à ces spéculations financières et commerciales qui engloutirent son pécule; soit à Rome, où il fréquentait de préférenceles petites gens, et où les esclaves grecs affluèrent dès la fin du IIIe siècle et le début du IIe av.
J.
C.
Et d'autre part, il a introduit dans ses pièces une foule de traits demœurs, d'incidents et de mots qui sont exclusivement romains.
Le poète s'adressait à un public peu lettré, qui ne connaissait pas ou qui connaissait mal la Grèce; ilutilisait les pièces grecques à la façon romaine.
Plaute dépouilla ses modèles de la finesse attique et du charme délicat qui caractérisent la Comédie nouvelle; sonéloquence souvent grossière, toujours vive, ses mots crus, ses calembours (jeux de mots) pittoresques, rappelleraient plutôt Aristophane, si les uns et les autresn'avaient une saveur vraiment originale et toute romaine.Ce n'est pourtant pas dans cette modification de la matière comique, qui lui était fournie par la Grèce, que réside essentiellement le génie de Plaute.
Plaute « possède deux dons innés, celui de la scène et celui du style.
C'est un inventeur inépuisable, un dénicheur de situations et d'expressions.
Il lui manque lascience des préparations, des transitions, des développements logiques; mais il possède l'art de camper ses personnages en face l'un de l'autre dans des situationsimprévues.
Au plus bas degré, ce sont les trucs du vaudeville.
Un peu plus haut, ce sont les artifices de la comédie d'intrigues.
Plus haut encore, ce sont des traits decaractère frappants.
Plaute sait également tirer parti des contrastes » (René Pichon, Histoire de la littérature latine; Paris, 1897).Les pièces de Plaute sont emportées par un mouvement rapide; jamais l'action ne languit; les péripéties se succèdent, les coups de théâtre éclatent; la vie bouillonne etdéborde de toutes parts.Le style répond à l'action.
Gracieux, tendre, presque idyllique dans les scènes d'amour, il devient d'une violence truculente (cocasse) quand deux personnages sedisputent ou s'injurient.La langue de Plaute est d'une richesse admirable : les expressions pittoresques, les images originales, les épithètes frappantes, de nombreuses métaphores y abondent.Plaute n'est pas moins original par le rythme de ses vers.
La métrique (étude de la versification) et /ou la prosodie (ensemble des règles concernant l'étude del'intensité et la durée des sons) de Plaute a été longuement étudiée pendant le XIXe siècle.
Plaute aurait employé des mètres nombreux et variés, et il aurait prisd'assez grandes libertés soit avec la quantité des syllabes, soit avec le rythme des mètres.
Cette variété, cette richesse, cette liberté même donnent à sa versification uncaractère très particulier.Les comédies de Plaute jouirent à Rome d'une grande popularité, non seulement pendant la vie du poète, mais même longtemps après sa mort.
La plupart desprologues, dont elles sont précédées dans les manuscrits, datent du Ier siècle av.
J.-C.; ils furent composés pour des reprises, qui eurent lieu à cette époque.
Arnobe(en latin Arnobius ; dit l'Ancien est un écrivain berbère de langue latine) raconte que l'on jouait encore l'Amphitryon sous le règne de Dioclétien.
Plaute fut aussi trèslu par les grands esprits de Rome et Cicéron l'admirait.
Horace, lui, se montra moins enthousiaste; il n'appréciait qu'à demi la verve bouffonne de Plaute.
Parmi lesmodernes, Plaute a été imité par les plus grands auteurs dramatiques Shakespeare lui a emprunte le sujet de sa Comédie des erreurs, qui rapelleles Ménechmes; Molière l'a imité dans l'Amphitryon et dans l'Avare (l'Aulularia)…2.
Biographie de TérenceDe son nom latin Publius Terentius Afer (v.191 av.
J.-C.
- 159 av.
J.-C.), Térence est un poète comique latin, né à Carthage.
Ses comédies font s'affronter despersonnages décrits avec une grande finesse psychologique et animés de bons sentiments : L'Andrienne, L'homme qui se punit lui-même, L'Hécyre, L'Eunuque, LesAdelphes, Phormion (dont s'inspira Molière dans Les Fourberies de Scapin).Térence est réduit en esclavage alors qu'il est encore enfant.
Aussi son surnom d'Afer était-il celui qu'on donnait aux Africains.
Il est ensuite vendu — ou donné — ausénateur romain Terentius Lucanus.
Grâce à son talent et à sa beauté, qui impressionnent fortement son maître, il reçoit une éducation d'homme libre et estrapidement affranchi.
Il fréquente dès lors la haute société et, pour les cercles érudits, écrit des comédies.
Enfin, au cours de sa vie, il aura une fille qui épousera unchevalier romain.Accueilli dans la haute société aristocratique, Térence est protégé par les Scipions, dont le cercle comprenait Scipion Émilien, C.
Laelius,L.
Furius Philus...
Dèsl'origine, des ragots contradictoires courent sur l'identité du véritable auteur des comédies de Térence.
Pour ces cercles érudits et friands d'hellénisme, il écrit despièces plus littéraires et moins axées sur la représentation, ce qui permet à certaines comédies d'êtres jouées plusieurs fois, contre les habitudes du théâtre romain.Cela lui vaut toutefois des difficultés, non seulement avec le public, lors des représentations, mais aussi avec la critique officielle et, en particulier, avec Luscius deLanuvium, président du collegium poetarum, qui accablera Térence de ses récriminations.Sa carrière est très brève.
Après avoir présenté six comédies à Rome, il partit, en -160, chercher en Grèce des sujets de pièces inédites : il traduisit là, semble-t-il, 108comédies de Ménandre.
Mais à partir de l'année -159, quand il décida de rentrer de Grèce, nous ne savons plus rien de Térence.
Sa vie semble s'interrompre à cemoment-là.
Deux thèses ont été avancées :Térence aurait fait naufrage en mer, dans la baie de Leucate ;Térence, désespéré par la disparition de ses manuscrits, serait mort d'affliction, à Stymphale, en Arcadie.
Térence a composé six pièces, toutes connues.
Il a considérablement fait évoluer la comédie latine : il incarne la génération influencée par l'hellénisme — César lesurnomme le « demi-Ménandre » —, d'autant plus qu'il a évolué dans le fameux cercle des Scipions, qui a acclimaté le goût grec à Rome.
Térence écritessentiellement pour un public de lettrés, comme le montrent ses prologues et les titres grecs de ses pièces.Voici les principales caractéristiques de ses pièces :Il réduit la place des parties chantées.Là où Plaute choisit les pièces grecques les plus dynamiques et mouvementées en grossissant contrastes et traits comiques pour provoquer un rire franc, Térence, lui,va dans le sens de l'adoucissement de la verve comique et de la caricature en cherchant plutôt à faire sourire.
Sa force comique (vis comica) est nettement moindre.Ses comédies sont plus sentimentales, qui reposent surtout sur un comique de caractère.Sa psychologie est plus approfondie, plus nuancée, parfois un peu mièvre.
Il n'est pas rare de voir de la tendresse pour ou chez une courtisane.Son théâtre est soucieux de réflexion philosophique et morale : le thème de l'éducation, par exemple, y est omniprésent..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le théâtre antique romain
- Romain Rolland et le théâtre
- Le Théâtre Classique et la règle de trois unités.
- Les racines du Ciel de Romain Gary analyse écocritique
- Critique d'Artemisia Gentileschi Théâtre