Plaidoyer en faveur de l’Âne des Animaux malades de la peste (La Fontaine)
Publié le 13/02/2012
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Après la mort de l'Ane, dans les Animaux malades de la peste, l'éléphant prend la défense du baudet et dit leur fait aux meurtriers. La fable des Animaux malades de la peste est un pur chef-d'oeuvre, tout le monde en convient. Pourtant ce pur chef-d'oeuvre n'a-t-il pas un défaut, celui d'être inachevé ? L'histoire se prolonge, en effet, après la mort de l'âne; l'auteur ne le dit pas, mais le fait est certain....
«
puis exécuté sans délai? J'ai beau scruter sa vie, je n'y vois nulle trace de
crimes d'aucune sorte, à moins d'appeler crimes ces fautes légères, -sont-ce
même des fautes? -qui
échappent à la fragilité.
Par contre, mon attention
découvre en cette existence humble mille actions vertueuses et des qualités
modestes
et douces : une sobriété rare, une patience à toute épreuve.
Qu'y
vois-je
encore? Bien des souffrances supportées, l'homme martyrisant de
coups la pauvre bête pour l'obliger à traîner d'énormes fardeaux.
Voilà celui
qu'il a fallu dévouer; voilà le grand coupable dont les péchés, irritant le
Ciel, avaient attiré sur la terre ce mal qui répand la terreur parmi nous.
Mais vous, les vengeurs
de la morale outragée, quels magnifiques exemples
de vertu ne devez-vous pas présenter! Pour l'édification commune, mettons
les au grand jour.
»
Alors ce fut vraiment une exécution capitale, et chacun à son tour y
passa.
Le
superbe massacre! Très calme, le juge arrachait et stigmatisait une
à une toutes les iniquités enfouies, accumulées au fond des consciences téné
breuses, et il les jetait pêle-mêle, impitoyablement et sans hâte, à la face des
bandits.
Qu'êtait-il devenu, l'élégant discours ruminé de longue main, ol't la
morale souriante et à belles manières devait envelopper de timides leçons?
Ecrasés sous le poids de cette parole vengeresse, les auditeurs, stupides,
ne songeaient pas même à se défendre ni à s'excuser; ils baissaient honteu
sement la tête.
Ah! si l'ombre dû baudet s'attarda quelques minutes dans
la chaude buée qui continuait de flotter au-dessris de l'herbe humide de
sang, elle put se croire suffisamment vengée et dut ensuite descendre satis
faite au Tartare.
L'éléphant dit en particulier les fourberies du chat, l'égoïsme glouton
du chien, les brutalités féroces du loup, brigand insigne, égorgeur d'agneaux.
Il dit surtout les perfidies, bassesses et vilenies du renard, incarnation
vivante de la méchanceté en ses formes les plus odieuses.
Bien qu'il usât ici de ménagement, il ne fut pas tendre pour le lion :
« Sire, lui dit-il, j'admirerais votre bonté, votre courage, votre magnanimité,
si de lâches et infâmes courtisans ne les avaient rendus stériles.
Mais où
sont aujourd'hui ces nobles qualités? Vous opprimez tyranniquement les
faibles;
le mal triomphe dans votre royaume, vos sujets s'autorisant de
votre exemple pour le commettre.
Sire, souvenez-vous que le Ciel bien sou
vent punit sur les peuples les iniquités des rois, et que la puissance du crime
est éphémère et fragile.
»
Puis, de nouveau parlant à tous : « Certes, le crime dont je viens d'être le
témoin m'indigne plus que je ne puis le dire, mais il ue m'étonne nulle
ment.
Vous vous êtes mis vingt pour assaillir et déchirer un être sans
défense : je vous savais cruels et lâches.
Vous avez profané ignominieu
sement la justice, en voilant de son nom sacré un acte exécrable : je con
naissais votre hypocrisie.
Ce forfait, vous l'avez perpétré quand vous saviez
les dieux irrités déjà contre vous, que dis-je? au moment même où vous pré
tendiez les fléchir : au fond, que vous importent les dieux? Vous n'avez
jamais été que des impies.
Je n'ignorais pas non plus le glorieux privilège
qu'a la vertu d'importuner le vice, pour qui elle est un reproche et une
con~amnation.
«Et vous espérez encore la fin de nos maux? Illusion d'insensés! Nos.
»
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- Jean de La Fontaine Les animaux malades de la peste Un mal qui répand la terreur, Mal que le ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom), Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre.
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