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Plaidoirie de l'avocat de Meursault

Publié le 08/05/2015

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Français, Séquence I : L'homme face au sentiment de l'absurdité Compléments sur L'Etranger La plaidoirie de l'avocat : exemple de préparation d'oral Texte étudié II, chap. 4. De « L'après-midi, les grands ventilateurs... » à « parce que j'étais trop fatigué ». Questions possibles à l'oral o Comment s'exprime ici la satire de la justice ? Cette question pose problème. En effet, dire qu'il y a satire, c'est dire que le texte constitue une critique de la justice, appuyée sur l'ironie. Ironie, oui, mais critique de la justice, probablement pas. En fait, ce n'est pas tant la justice elle-même qui est visée et critiquée, que ce qu'elle représente : c'est en effet une institution emblématique de la société humaine, qui cherche un sens à l'existence, alors qu'il n'y en a pas pour Meursault. Dans votre conclusion, sans remettre en cause la pertinence de la question posée par l'examinateur, vous gagnerez à souligner cela : la justice, et plus précisément la plaidoirie de l'avocat, paraît ici tournée en dérision par le récit de Meursault, mais la cible véritable, c'est la société des hommes, en ce qu'elle nie l'absurde, et en ce qu'elle rejette ceux qui refusent les conventions sociales. Proposition de plan : 1. Une justice tournée en dérision (cf. I, ci-dessous) 2. Un personnage étranger à son propre procès (cf. II) o Comment se manifeste ici l'étrangeté de Meursault ? Proposition de plan : 1. Un personnage étranger à son propre procès (cf. I, 3 et II) 2. Un personnage aux prises avec ses sensations (cf. III) o En quoi Meursault apparaît-il ici comme étranger à son propre procès ? Cette question, trop vaste pour l'oral de mon point de vue (mais déjà tombée néanmoins), permet une approche assez exhaustive du texte. C'est celle qui fait l'objet d'une réponse organisée suivant le plan détaillé dans les pages suivantes. Proposition de plan 1 1. L'accusé livre un récit qui tourne la plaidoirie de son avocat et son procès en dérision. 2. Il semble étranger à son procès... 3. ... parce qu'il est aux prises avec ses sensations. L'avantage de ce premier plan est qu'il permet de traiter, dans la dernière partie, l'ensemble des sensations éprouvées par Meursault (les sensations négatives, les sensations de bien-être). Proposition de plan 2, plus simple 1. L'accusé livre un récit qui tourne en la plaidoirie de son avocat et son procès en dérision. 2. Assiégé par ses sensations et par des souvenirs heureux, il s'éloigne de la salle d'audience. L'avantage de ce second plan est qu'il suit les mouvements du texte (on en distingue nettement deux : vous avez le droit de suivre le texte dans l'ordre, c'est même parfois recommandé). M. Danset, Les Francs-Bourgeois 1/5 Français, Séquence I : L'homme face au sentiment de l'absurdité Introduction Repérez bien les différentes étapes de l'intro. à l'oral. Présentation de l'auteur... de son oeuvre du roman de l'extrait LECTURE Rappel de la question Annonce du plan Né en 1913 en Algérie, et mort en 1960 en France, Albert Camus est un écrivain majeur du XXe siècle. Il compose dans les années 40 ce qu'il nommera le « cycle de l'absurde », avant de se consacrer aux thèmes de la révolte puis de l'amour. Il travaille la question du « divorce entre l'homme et son décor » à travers trois genres différents : l'essai avec Le mythe de Sisyphe ; le théâtre avec Caligula e t Le malentendu ; le roman avec L'Étranger, publié en 1942. Meursault, personnage principal et narrateur, incarne l'homme face au sentiment de l'absurdité. Apparemment indifférent à la mort de sa mère, à l'amour de Marie Cardona, à sa carrière, il mène et raconte une existence banale jusqu'au jour où il tue un Arabe, sur une plage, « à cause du soleil » et au terme d'un concours de circonstances qui donne une forme nouvelle au tragique. Après le meurtre, la seconde partie du roman se déroule en prison et au tribunal. Au chapitre 4, l'avocat de

« Français, Séquence I : L'homme face au sentiment de l’absurdité Introduction Repérez bien les différentes étapes de l’intro.

à l’oral. Présentation de l’auteur... de son œuvre du roman de l’extrait LECTURE Rappel de la question Annonce du plan Né en 1913 en Algérie, et mort en 1960 en France, Albert Camus est un écrivain majeur du XXe siècle.

Il compose dans les années 40 ce qu’il nommera le « cycle de l’absurde », avant de se consacrer aux thèmes de la révolte puis de l’amour.

Il travaille la question du « divorce entre l’homme et son décor » à travers trois genres différents : l’essai avec Le mythe de Sisyphe ; le théâtre avec Caligula e t Le malentendu ; le roman avec L’Étranger , publié en 1942.

Meursault, personnage principal et narrateur, incarne l’homme face au sentiment de l’absurdité.

Apparemment indifférent à la mort de sa mère, à l’amour de Marie Cardona, à sa carrière, il mène et raconte une existence banale jusqu’au jour où il tue un Arabe, sur une plage, « à cause du soleil » et au terme d’un concours de circonstances qui donne une forme nouvelle au tragique.

Après le meurtre, la seconde partie du roman se déroule en prison et au tribunal.

Au chapitre 4, l’avocat de Meursault plaide et tente de le sauver de la peine capitale réclamée contre lui.

(LECTURE DU TEXTE) En quoi Meursault apparaît-il ici comme étranger à son propre procès ? Je répondrai à cette question en trois temps. D'une part, il livre un récit étrange, qui offre de son procès et de la plaidoirie de son avocat une image caricaturale.

D'autre part, il semble progressivement prendre ses distances avec la salle d'audience.

Enfin, ses sensations et ses souvenirs accentuent cet éloignement. Conclusion Bilan Ouverture (elle évoque ici, d’abord en filigrane, puis plus clairement, la fin du roman.) En conclusion, si Meursault apparaît ici comme étranger à son propre procès, c'est d'abord parce que la comédie humaine prend le relais de la tragédie absurde.

On sait qu'il est jugé non pour son crime, mais pour les coups de feu supplémentaires et inutiles qu’il a tirés sur l’Arabe, ainsi que pour son refus des conventions sociales.

Son silence étrange et subversif 1 demeure apparemment indéfendable, et se trouve visiblement mal défendu – du moins si l’on adopte son point de vue.

La distance ironique entre l’accusé et son procès trahit le ridicule des gesticulations rhétoriques de son avocat, en quête, comme les autres personnages présents au tribunal, d’un sens introuvable.

« Déjà très loin de cette salle d’audience », le narrateur, à rebours de la première partie du roman, est à la fois submergé par les vestiges des souvenirs heureux et par le vertige d’un présent étouffant.

Mais en définitive, il n’est pas le seul à paraître « étranger » ici : prisonniers de leur propre jeu, l’avocat et les membres de l’assistance semblent eux aussi très éloignés de ce qui fait le sel de l’existence.

La plaidoirie censée sauver Meursault commence à sceller la rupture entre lui et le monde des hommes, ces « lecteurs d’âmes » qui s’échinent à nier l’absurde, d'une part, et l'irréductible l'étrangeté de tout homme, d'autre part.

Dès lors, seule compte, pour le héros, une réconciliation avec la « tendre indifférence du monde », dont les souvenirs heureux, puis l’appel du sommeil constituent le prélude.

Le futur condamné à mort se rapproche du consentement ultime, celui d’un « Sisyphe heureux » qui, ayant accepté l’absurdité de l’existence, pourra goûter à nouveau, même à la veille de mourir, aux joies « pauvres et tenaces » de la vie. 1 Subversif : qui dérange, qui est propre à renverser l’ordre et/ou les valeurs établi(es). M.

Danset, Les Francs-Bourgeois 2 / 5. »

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