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PILHES René Victor

Publié le 28/11/2018

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PILHES René Victor (né en 1934). Né à Paris, René Victor Pilhes a d’abord mené une carrière brillante de cadre commercial : rédacteur publicitaire à Air France (1960), il est devenu ensuite directeur de la création, puis membre du conseil du directoire chez Publicis-Conseil (1972). L’existence de cet homme marié, père de trois enfants, pourrait être bien conventionnelle si la littérature n'y faisait son apparition en 1965 avec la publication de la Rhubarbe (prix Médicis 1965). La carrière littéraire de Pilhes se poursuit avec le Loum (1969) et surtout avec l'imprécateur, qui obtient en 1974 le prix Femina et fait accéder l’écrivain à la célébrité. A partir de cette date, Pilhes se consacre à la littérature. Depuis, il a fait paraître plusieurs romans (la Bête, 1976; la Pompei, 1985; les Démons de la cour de Rohan, 1987; la Médiatrice, 1989), et un recueil d’entretiens (les Plaies et les Bosses, 1981) qui contient des souvenirs personnels et des remarques sur la littérature.

 

Ce qui semble dominer, chez Pilhes, c’est la volonté de déconcerter le lecteur, de le contraindre à réagir en lui imposant des récits aux sujets étranges, voire monstrueux : le Loum narre l’histoire d’un homme aux prises avec une mère possessive et qui finit par monter une machination afin de la tuer.

« Démons de la cour de Rohan, 1987; la Médiatrice, 19 89), et un recueil d'entretiens (les Plaies et les Bosses, 19 81) qui contient des souvenirs personnels et des remar­ ques sur la littérature.

Ce qui semble donliner, chez Pilhes, c'est la volonté de déconcerter le lecteur, de le contraindre à réagir en lui imposant des récits aux sujets étranges, voire mons­ trueux : le Loum narre l'histoire d'un homme aux prises avec une mère possessive et qui finit par monter une machination afin de la tuer.

Ce livre est un jeu avec le lecteur; on retrouve cet aspect ludique dans la structure de la narration : Pilhesjoue souvent le double rôle d'écri­ vain et de personnage dans ses propres romans.

Dans les ultimes pages de l'lmprécateur, on découvre qu'en fait l'histoire n'est qu'un rêve, prétendument fait par l'écri­ vain lui-même au cours d'un imaginaire coma.

Le réel interfère avec l'imaginaire, puisque le rêve vécu par le narrateur au cours du roman commence à se réaliser à la fin du récit, quand le héros est victime d'un accident de voiture sur l'autoroute -événement par lequel débute précisément le roman.

Il arrive donc fréquemment que le lecteur soit préci­ pité sans transition dans les fantasmes du narrateur.

Avec la Rhubarbe et le Loum, cette tendance est d'autant plus accusée que les sujets abordent des problèmes sexuels familiers à la psychanalyse: la recherche du Père pour le premier, le meurtre de la Mère envahissante pour le second.

Déconcertants aussi les jeux de langage, les leitmotive inattendus, baroques parfois, qui marquent les romans de Pilhes : l'« immeuble de verre et d'acier» de 1'/mpréca­ teur, ou le « nez bourbon » et les cheveux « aile de cor­ beau » ou « la petite grand-mère enterrée en haut à gau­ che du cimetière » qui reviennent dans la bouche du héros de la Rhubarbe; ces expressions, on les voit réap­ paraître sous la plume de Pilhes comme les produits d'un automatisme comique.

Le même goût pour le grotesque inspire la présentation caricaturale des personnages : les cadres justiciers de l' lrnprécateur n'hésitent pas à s' affu­ bler d'un costume de carnaval.

La « queste » à laquelle se livrent les personnages a souvent une dimension paro­ dique; les noms des lieux et les déplacements des person­ nages dans son univers romanesque en témoignent : le héros de la Rhubarbe voyage sans cesse entre Torlu, le village imaginaire de son enfance, symbole du monde maternel, et Paris, lieu bien réel, symbole du monde paternel.

Dans l'lmprécateur, l'action prend la forme d'une «descente aux enfers» dans les profondeurs du sous-sol de l'entreprise et offre des réminiscences de roman fantastique.

Cette dérision des éléments tradition­ nels du roman (narration, personnages, genres, rôle de l'écrivain par rapport à son œuvre) rappelle quelquefois l'univers de Gunther Grass, l'auteur du Tambour (double registre de l'épopée et de la parodie).

Le récit de Pilhes apparaît comme un pamphlet contre la société contemporaine, aspect qui s'affirme davantage dans la Bête.

Dans l' lmprécateur, l'auteur dénonce Je rôle des sociétés multinationales et montre leur fragilité puisqu'il suffit d'un homme déternliné et intelligent pour les abattre.

Les effets nocifs de l'idéologie capitaliste sur le comportement des individus sont aussi soulignés - parfois sans souci de nuances : les personnages de l'lm­ précateur en arrivent, par goût de l'argent et désir de promotion sociale, à commettre des actes monstrueux, à oublier toute valeur humaine; ils deviennent les bêtes qu'évoque le langage à la mode (les «jeunes loups » ), bêtes chez qui se réveille l'agressivité la plus primaire.

L'lmprécateur est, en fait, un livre parabole : il annonce que la société industrielle sera inéluctablement détruite si elle continue à oublier que sa finalité véritable est Je bonheur de l'homme.. »

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