Pierre Loti (1850-1923): un exotisme décadent

« l'homme de lettres de son temps.

Né à Rochefort, dans une famille de petite bourgeoisie, il embarque en qualité d'aspirant de marine sur le Jean-Bart à l'âge de dix-neuf ans.

Lorsqu'en 1910 il sera admis à la retraite, sa vie n'aura été qu'une succession de voyages et de lointains séjours.

Mais, dès la trentaine, il s'est fait connaître d'un large public par ses livres.

Aziyadé ( 1879).

Le Mariage de Loti ( 1880) ont immédiatement connu le succès à Paris.

Lors de ses séjours, il fréquente Daudet, Coppée et quelques autres, il est reçu et fêté dans des cercles mondains.

Ses relations parisiennes lui vaudront d'être élu à l'Académie en 1891 contre Zola.

En fait, opposé au naturalisme, Loti fut proche du groupe du roman psychologique ; cependant en raison du médiocre capital socio-culturel qui était le sien, il se trouva toujours en situation infériorisée, par rapport à l'école de Bourget et de Barrès.

Comme l'a indiqué Rémy Ponton : «Son absence de familiarité avec les idées générales ne l'autorisant pas à pratiquer l'analyse de« cas» présumés complexes telle qu'on la trouve chez Bourget par exemple, Loti pense pallier ce qui lui apparaît comme une insuffisance en multipliant dans ses ouvrages les confessions autobiographiques.

On peut penser que sa «sincérité» comme celle de son contemporain, Alphonse Daudet.

est à la fois la marque de sa docilité sociale et l'expression de sa position dominée dans le champ littéraire» (Actes de la recherche en sciences sociales, 4, 1975, p.

79).

Habitué très tôt à tenir un journal intime, Julien Viaud est devenu Pierre Loti en exploitant systématiquement ses expériences personnelle~ à des fins romanesques.

La transposition la plus faible conduit aux récits de voyage et aux recueils de souvenirs et d'impressions, parmi lesquels on citera Propos d'exil (1887).

Japoneries d'automne (1889) ou Au Maroc ( 1890).

Puis viennent, déguisant à peine le souvenir, les romans à la première personne, qui sont les plus nombreux, du Mariage de Loti à Mon frère Yves (1883).

Enfin, quelques compositions où l'écrivain imagine et met en scène Un héros plus ou moins extérieur à lui : Roman d'un spahi ( 1881).

Les Désenchantées ( 1906).

En fait, aucune séparation nette entre les trois groupes, car la même tonalité, la même imprégnation intime domine l'ensemble et Les Désenchantées, qui clôturent la grande époque lotienne, ferment aussi une boucle en ramenant l'œuvre à son point de. »