Philosopher c'est secouer le joug de l'autorité ?
Publié le 18/09/2005
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La philosophie est depuis 2500 ans un immense débat qui anime la pensée occidentale. Chacun de ses représentants n’a de cesse, par delà les siècles, de préciser, de critiquer, de combattre l’ordre établi. La philosophie est polymorphe, il est délicat d’en donner une définition fixe, elle n’a pas de canal privilégié d’expression, mais elle a besoin d’un objet extérieur pour exister ce qui tend à faire d’elle une discipline parasite qui se nourrit de l’analyse et de la critique de savoirs, de comportements et de réalités qui ne sont jamais en premier lieu philosophique.
Selon la formule de Mme du Deffant « philosopher, c’est secouer le joug de l’autorité «, aussi convient-il de supposer qu’agir en philosophe c’est tout d’abord s’élever contre le pouvoir en place pour émettre des objections et illuminer les esprits. Dans ces conditions il est intéressant d’entrevoir la manière dont les hommes de lettres ont procédé pour allumer les lueurs de la raison là où elles ne brillaient pas encore. En quoi la philosophie des Lumières a-t-elle bouleversée les mentalités jusqu’à conduire à la révolution française ? Comment a-t-elle libéré les esprits en secouant le joug de l'autorité politique ?
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Spinoza
A moins que nous ne voulions nous comporter en ennemis de l'Etat et aller contre la raison qui nous conseille demaintenir cet Etat de toutes nos forces, nous sommes dans l'obligation d'exécuter rigoureusement tous les ordres dela Souveraine Puissance, fussent-ils d'une extrême absurdité.
La raison, en effet, nous ordonne d'obéir, même en cecas, parce qu'entre deux maux il faut choisir le moindre.
Ajoutons que l'individu s'est exposé sans trop de risque audanger que représente cette soumission au pouvoir et au vouloir d'un autre.
Car, nous l'avons vu, le droit dont ellesjouissent de commander tout ce qu'elles veulent n'appartient aux souveraines Autorités que si elles détiennent bieneffectivement la souveraine puissance ; l'ont-elles perdue le droit de tout commander leur échappe du même coup,pour venir échoir l'homme ou au groupe qui aura acquis cette puissance et sera capable de la conserver.
Pour ce motif il est extrêmement rare que les Souveraines Puissances donnent des ordres d'une extrême absurdité,car, dans leur propre intérêt et afin de conserver leur pouvoir, il leur importe avant tout de veiller au bien général etde fonder leur gouvernement sur les critères raisonnables.
La philosophie est depuis 2500 ans un immense débat qui anime la pensée occidentale.
Chacun de ses représentantsn'a de cesse, par delà les siècles, de préciser, de critiquer, de combattre l'ordre établi.
La philosophie estpolymorphe, il est délicat d'en donner une définition fixe, elle n'a pas de canal privilégié d'expression, mais elle abesoin d'un objet extérieur pour exister ce qui tend à faire d'elle une discipline parasite qui se nourrit de l'analyse etde la critique de savoirs, de comportements et de réalités qui ne sont jamais en premier lieu philosophique.
Selon la formule de Mme du Deffant « philosopher, c'est secouer le joug de l'autorité », aussi convient-il desupposer qu'agir en philosophe c'est tout d'abord s'élever contre le pouvoir en place pour émettre des objections etilluminer les esprits.
Dans ces conditions il est intéressant d'entrevoir la manière dont les hommes de lettres ontprocédé pour allumer les lueurs de la raison là où elles ne brillaient pas encore.
En quoi la philosophie des Lumièresa-t-elle bouleversée les mentalités jusqu'à conduire à la révolution française ? Comment a-t-elle libéré les esprits ?
I/ La philosophie des Lumières : identité scientifique et culturelle du XVIII e siècle français
La lumière est une métaphore intrinsèquement liée au XVIII e siècle français, car toute la dimension culturelle et scientifique de cette période s'exprime à travers elle.
La philosophie des lumières se présente comme unmouvement pacifiste, un mouvement des idées qui tend à faire se révéler les esprits d'un peuple français encoresous le joug de l'Ancien Régime, à conseiller des monarques désireux de devenir « éclairés », à combattrel'obscurantisme, en ouvrant sur les ténèbres les fenêtres innombrables de la connaissance.
Depuis le XVI e siècle l'image du monde a changé (Copernic, Galilée, Kepler).
Les transformations bouleversent les sociétés d'Europe occidentale.
En réaction contre les inégalités de l'Ancien Régime, les philosophes des Lumièresaffirment donc l'égalité des hommes ce qui implique une nouvelle conception de la souveraineté.
En effet de ceprincipe découle la conception d'une souveraineté qui ne serait plus exercée par un seul homme, fût-ce au nom deDieu (monarchie de droit divin) mais par tous les hommes grâce à un contrat.
Les philosophes vont s'attacher à penser la question de la souveraineté et de l'organisation du pouvoir dans un contexte d'effervescence intellectuelle dont témoigne l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert qui souhaite éclairer les esprits à la recherche d'un nouvel équilibre social et politique.
Les philosophes des Lumières vont ainsis'efforcer de penser et de concevoir des moyens afin de limiter et de contrer les excès du pouvoir
II/ Philosopher : une lutte pour l'égalité et la fraternité
En nourrissant les Lumières, les philosophes alimentent le foyer de l'égalité et de la fraternité, valeurs que l'Ancien Régime n'avait cessé d'étouffer pour survivre.
Ils vont majoritairement s'opposer au pouvoir autocratique dela monarchie absolue et développer des thèses aux prémices communes pour parvenir à des conclusions différentes.
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