Phèdre de Racine - Acte IV Scène 5 - Commentaire Composé
Publié le 20/02/2012
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COMMENTAIRE COMPOSE - PHEDRE de Racine - Acte IV Scène 5 - Note obtenue : 18/20
Phèdre est l’une des tragédies majeures écrites en 1677, par Jean Racine (dramaturge né en 1639 et mort en 1699), et c’est sans doute la plus connue. Elle constitue également la dernière pièce profane de cet auteur, qui se consacrera par la suite à des sujets bibliques. Presque toutes ses pièces sont des classiques qui connurent un succès majeur (comme par exemple Andromaque en 1667, Bérénice en 1670).
La tragédie de Jean racine appartient au mouvement littéraire du classicisme où une affirmation d’une identité culturelle nationale s’affirme sous Louis XIV. En effet, l’école du bon goût et du naturel est opposé aux excès du Baroque (Corneille). Ainsi, la tragédie fleurit au 17e siècle, et s’inspire des modèles antiques tels que Sophocle ou Euripide. La tragédie classique est un genre fortement codifié : une pièce de théâtre en cinq actes et en vers ; des alexandrins à rimes plates.
«
feu, développée dans plusieurs vers, qui exprime une idée de destruction (« feu mal étouffé », « coup de foudre »).
Opposition entre les premiers vers et le dernier vers (« Et je me chargerais du soin de le défendre ! ») : tout aveude la vérité est maintenant impossible, Phèdre s’y refuse absolument ; l’occasion est passée (valeur de la répétitionde l’adverbe « Peut-être » au début des vers 1200-1201 et l’emploi du futur antérieur « me sauraitéchappée » souligne que l’occasion ne peut plus se représenter à nouveau).
On voit donc bien ici que le monologue de Phèdre permet de resserrer le nœud dramatique tout en l’orientant versun dénouement qui semble fatalement tragique.
Phèdre apparaît dans toute l’étendue de sa passion, et de saviolence, quittant progressivement les traits de la femme coupable d’aimer, pour ceux de la femme coupable de nepas sauver celui qu’elle aime, par jalousie.
II/ Le monologue révèle le caractère ambivalent du personnage de Phèdre :
A - Phèdre apparaît dans le monologue emportée par sa passion amoureuse et ses sentiments .
Sa passion l’emporte.
Il s’agit d’une passion amoureuse, qui la porte à vouloir sauver celui qu’elle aime (vers.1196 etvers 1198 « au remords dont j’étais tourmentée » évoque un sentiment de faute).
Le vers 1205 « à mes vœux » rappelle son amour pour Hippolyte.
Hippolyte est vu de manière positive « si fier », « si redoutable » (répétitions de « si » qui montrent les qualités du héros guerrier antique).
L’emploi de la ponctuation avec des points d’exclamation (vers 1195, 1203, 1204, 1205, 1213) et des pointsd’interrogation (vers 1193, 1194, 1199) accentue l’expression du sentiment.
B – L’amour d’Hippolyte pour Aricie lui apparaît comme une trahison, et change son regard sur celui qu’elle aime.
Le vers 1203 est le plus important du monologue.
Phèdre passe de la femme amoureuse à la femme blessée, trahie.Le point d’exclamation souligne la douleur, de même que le mot sensible et le verbe sentir (« Hippolyte est sensible , et ne sent rien pour moi »).
Le vers suivant souligne également la douleur car le prénom de sa rivale « Aricie » est repris deux fois, ainsi que le verbe « avoir » (« Aricie a son cœur ! Aricie a sa foi ! ») et cela est souligné par la double exclamation.
Hippolyte est nommé seulement dans l’exclamation du vers 1203.
En effet au vers 1196, il est désigné comme le« fils » de Thésée.
Il devient ensuite un « ingrat inexorable » vers 1205, aux « yeux cruels » vers 1210.
Il sembleêtre devenu un ennemi inflexible.
C - Phèdre se révèle alors emportée par une jalousie meurtrière.
Face à révélation, elle réagit en femme jalouse.
Les vers 1209-1210 souligne cette jalousie par la répétition de ladésignation « une autre », cela marque une violence .
Sa décision est dictée par la jalousie : elle ne veut pas défendre Hippolyte parce qu’il lui a préféré Aricie (« je suis leseul objet qu’il ne saurait souffrir » vers 1212) .
Elle devient alors coupable de la mort d’Hippolyte, car en taisant«L’affreuse vérité » (vers 1202), elle refuse de le sauver : c’est sa fierté blessée qui prend alors le dessus sur saraison.
L’ambivalence du personnage, tel que la décrit Racine dans la préface (« ni tout à fait coupable, ni tout àfait innocente » ligne 13-14) apparaît alors à son apogée, et tend à dessiner l’identité d’une femme plus coupablequ’innocente.
Phèdre passe de la femme mourante d’amour à la femme ivre de douleur.
Dans la violence de sa passion pointe ledésir de vengeance, qui oriente plus fortement l’intrigue vers un dénouement fatal pour tous.
III – La passion tragique de ce monologue :
A - La passion de Phèdre est irraisonnée et violente, et conduit à un désir de vengeance.
Face à l’amour d’Hippolyte pour Aricie, Phèdre réagit de manière démesurée : l’expression de sa passion amoureuseest presque un délire et sa réaction est tout aussi délirante : face à cette « autre », elle se désigne comme« seul objet qu’il ne saurait souffrir ».
Sa décision de ne pas parler apparaît alors motivée par ce délire, par la violence d’une passion qui devientmeurtrière, comme le montre le « Et » du vers1213, qui indique une conséquence.
B - L’expression de la passion de Phèdre fait écho à la malédiction de Thésée, et redouble la fatalité qui pèse surHippolyte.
Le silence de Phèdre est alors bien la conséquence de sa jalousie, qui condamne définitivement Hippolyte.
Sonsilence fait dès lors écho à la malédiction lancée par Thésée sur son fils (Acte IV, scène 2) .
Pour les deuxpersonnages, il s’agit de punir celui qui a trahi la confiance et l’amour.
Le monologue de Phèdre exprime lamalédiction d’Hippolyte..
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