PHEDRE DE RACINE - ACTE II SCÈNE 5, vers 671 à 711 - COMMENTAIRE
Publié le 22/04/2014
Extrait du document
«
Ce passage de l'aveu de Phèdre condense quantité d'émotions : elle y exprime une passion dévorante, et qui
sera, on le sait bien, dévastatrice.
On verra alors combien le couple dolor/furor règne en maître absolu dans les
pièces raciniennes, surtout dans Phèdre, où il s'accompagne d'une douloureuse prise de conscience : la jeune
femme sent combien son amour est criminel et elle a honte de sa faute.
L'influence janséniste est ici
incontestable.
1er mouvement : un amour fatal (vers 671 à 683)
L'ouverture de ce mouvement a une tonalité douloureuse suggérée par l'injonctif « ah », la ponctuation est
émotive comme l'illustre les exclamations ainsi que le vocabulaire à modalisation emphatique : « cruel », « trop
entendue »,...
Dès les premiers vers, on ressent son insistance qui fait échos à la tirade précédente où clamait son amour
pour Thésée : « oui, prince, je languis, je brûle pour Thésée/ Je l'aime, non point tel que l'on vu les Enfers /
volage adorateur de mille objets divers ».
Mais à la fin, aveu à peine voilé de l'amour qu'elle porte à son
beau-fils.
Aimerait être une Ariane pour lui, guide, amante fidèle.
Le fils de Thésée, après avoir éprouvé de la
colère pour ses propos, s'excuse d'avoir osé avoir eu de telles pensées, infamantes envers Phèdre.
Cette honte
qu'il éprouve, loin de profiter à l'honneur de la jeune femme en la disculpant la plonge au contraire dans le
désarroi : elle soupçonne combien H a su lire en elle en dépit de ses protestations ce qui excite ses sentiments
Cf vocabulaire : « cruel »,...
Phèdre tient un discours lucide : elle sait combien son amour est coupable, mais elle l'assume, tient même à
l'expliciter : « je t'en ai assez dit pour te tirer d'erreur / Hé bien ! connais donc Phèdre et sa fureur » : le rythme
est bref, rapide, le ton incisif, accentué par la ponctuation expressive : « ! ».
On relève la présence du
tutoiement mais il est loin d'être complice, il reflète plutôt une sorte de dédain.
Après de tels propos, on attend une chute terrible, un effet de suspens pour lecteur/spectateur.
Mais la chute
est plutôt inattendue surtout qu'elle est en position de rejet : « j'aime » : la séquence est courte, brève et son
impact est d'autant plus grand surtout qu'est associé au terme de « fureur ».
On ....
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