pensez vous que la littérature soit efficace pour defendre ses idées
Publié le 28/02/2015
Extrait du document
«
tolérance de Voltaire.
Ces genres sont plutôt utilisés dans des époques de raison, et pour un public
sensible au raisonnement, au abstractions.
Alors la littérature peut "expliquer", "raisonner".
Persuader signifie "agir sur la sensibilité du lecteur ou du public".
Pour cela, les apologues sont une
forme privilégiée de l'argumentation.
En divertissant et en séduisant, le conte philosophique aborde
des sujets plus sérieux et plus abstraits que ne laissent attendre sa légèreté et sa fantaisie, comme dans
Candide de Voltaire.
Pour soutenir l'intérêt du lecteur sans l'ennuyer, le récit est fait sur un rythme
allègre et dans des registres variés.
La théatralité des fables au sevice d'intentions didactiques et
satiriques, la Fontaine, qui montre les travers humains: la fable est un instrument de satire sociale et
politique "Les obsèques de la Lionne".
Le théatre est un cadre idéal à l'argumentation avec dialogue
d'idées, vivacité.
Dans des satires du monde politique et social, Marivaux ou Beaumarchais donnent la
parole aux "oppirmés" (femmes, domestiques, esclaves).
Ruy Blas de Hugo (peuple oppirmé); Ubu
Roi d'Alfred Jarry; La guerre de Troie n'aura pas lieu, met en place un dialogue qui développe les
thèses sur la guerre (Andromaque et sa défense de la paix).
C'est par les images et leur lyrisme que la
poésie, "arme chargée du futur", persuade le lecteur.
Le lyrisme dramatique de Chansons des rues et
des Bois de Hugo "Depuis six mille ans la guerre..."; le tableua épique, sonore et coloré de la guerre
dans le Mal Rimbaud.
Les romanciers font réagir par leur peinture concrète du monde, qui a autant
d'impact que de grands discours.
Description de la misère des mineurs par Zola dans Germinal.
Humour, fantaisie de Rabelais pour défendre sa conception de l'éducation.
On constate donc que chaque auteur choisit le genre, le registre, les procédés qu'il pense les plus
propices pour convaincre ou persuader.
Cependant, l'efficacité des textes littéraires ne dépend-elle pas
de certaines conditions ? Limites ? Obstacles à surmonter ?
Autrefois, on appercevait un lectorat cultivé, capable de comprendre et d'apprécier les procédés parfois
complexes mis en oeuvre.
Aujourd'hui, la perte de certaines références culturelles nous ammène à une
compréhension immédiate plus difficile, nécessitant des explications (vocabulaire inconnu, syntaxe
complexe, procédés de style trop sophistiqués...).
La langue des auteurs classiques n'est plus celle du
français moderne.
L'implicite et l'humour sont parfois difficiles à saisir, comme dans les fables où
Rousseau met en garde contre la lecture par les enfants des fables de La Fontaine, où on y retrouve une
morale implicite, souvent mal interprétée par l'enfant qui n'en tire pas la "bonne" leçon.
L'ironie
demande recul et distanciation, comme celle des textes du XVIIIème siècle, "De l'esclavage des
Nègres", dans L' Esprit des Lois, Montesquieu feint d'y prendre le point de vue d'un esclavagiste.
Il est nécessaire d'adapter le genre et le registre visé aux circonstances de réception, c'est - à - dire au
public qui est visé.
Par exemple, Voltaire et son choix des contes philosophiques, mieux adaptés à un
public diversifié.
Une même mise en scène du Mariage de Figaro accueillie et comprise différemment
par un public d'adolescents sans expérience du théâtre, en matinée scolaire, et par un public adulte
d'abonnés aux soirées théâtrales.
La lecture est une activité isolée, vu les difficultés d'appréciation de
l'impact des textes sur les individus.
Les débats d'idées aujourd'hui passent en grande partie par:
_ Des textes non littéraires à grande diffusion: presse.
_ La parole: discours, interviews..., plus directement accessible.
_ Les images: dessins de presse et caricature, où l'équivalent des contes philosophiques de Voltaire
seraient les caricatures de Plantu, documentaires filmés, films, étant plus immédiatement perçus, plus
"internationales", et donc d'accès plus facile.
La littérature n' a pas pour seul but le débat d' idées: l' idée ne doit pas tuer l'art, comme la poésie
engagée qui fait primer la thèse sur la mise en forme.
La littérature connait d'autres "roles" d'évasion,
de loisir, de vision plus globale du monde.
Elle doit se dégager d'une trop grande contingence, car une
littérature trop ancrée dans une époque se périme..
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