Paul Verlaine, Après trois ans. Commentaire complet
Publié le 30/08/2014
Extrait du document
«
Chapitre 1 La poésie
elle n'en reste pas moins« folle»; L'eau, pour sa part, est contrainte en un «jet
d'eau», mais produit un« murmure argentin».
C'est donc une nature domesti
quée qui nous est dépeinte.
Les plantes
en viennent même à prendre des allures
très humaines grâce aux
personnifications*: Le nom« plainte» (v.
8] et L'adjectif
«orgueilleux» (v.
1 Dl attribuent des sentiments respectivement au« tremble», et
aux« grands lys»; quant aux roses, elles« palpitent», comme si Leur cœur battait.
Ainsi,
ce« petit jardin» (v.
2] verlainien offre aux regards une nature policée où
nature et artifice se côtoient.
Enfin,
ce décor sensuel se construit comme un tableau en perspective.
La
forme participiale(« Ayant poussé», v.
1].
Laborieuse, qui inaugure Le poème, sou
Ligne Le premier plan sur Lequel Le regard du spectateur est invité à se poser.
Une
fois entré dans
Le tableau, Le regard suit Les Lignes de fuite avec plus de fluidité,
comme L'indiquent
Les enjambements*, du vers 2 sur Le vers 3, du vers 5 sur Le
vers 6, du vers 7 sur Le vers 8.
Enfin, La Velléda (v.
12] constitue Le point de fuite,
«au bout de l'avenue» (v.
13].
Cette organisation en plans successifs ne déborde
pas cependant
Le cadre exigu d'un tableau.
Ainsi, Le champ Lexical de La petite
taille émaille
Le sonnet*(« étroite», v.
1; «petit», v.
2; «humble», v.
5].
La forme
même adoptée par Verlaine signifie La clôture.
Le sonnet* est en effet une forme
régulière et fermée dont
Les quatorze vers de douze syllabes deviennent un cadre,
presque carré.
Le poème s'organise donc comme une œuvre picturale.
Ainsi, c'est un véritable tableau que
Le poète nous donne à voir, grâce à ses
couleurs
en demi-teinte, à ses motifs harmonieux et à sa composition rigoureuse.
Pourtant,
Loin de rester extérieur à cette œuvre, de La décrire en spectateur, Le
poète pénètre dans Le jardin et Le parcourt.
Le tableau devient alors Le théâtre de
ses sentiments.
À un second degré, ce jardin est en effet un paysage état d'âme : tout en Le
décrivant, Le poète nous fait part de ses sentiments.
lévocation veut nous Laisser
entendre que
pour Le «je» poétique, le temps n'existe pas.
En effet, le poème
brouille très vite
Les repères chronologiques du Lecteur.
Le titre annonce deux
strates temporelles, qui devraient correspondre
à deux états du jardin : Le pré
sent, celui
de La redécouverte du jardin, et Le passé, éloigné de trois ans.
Pourtant,
dans
La première strophe, le passé composé («Je me suis promené», v.
2] intro
duit un certain décalage.
Le poète s'exprime après son retour au jardin, alors que
son exploration est accomplie.
Il y aurait donc en réalité trois époques : Le passé,
vieux
de trois ans, le passé immédiat, du retour, Le présent de L'écriture.
Ce bel
ordonnancement
ne résiste pas à L'examen du poème.
D'une part, le poème ne
comporte aucun signe du passé (l'imparfait« éclairait», du vers 3, exprime plutôt
une concordance des temps avec «Je me suis promené», au vers précédent,
qu'un passé révolu].
D'autre part,
de nombreux verbes au présent parsèment le
poème : certains peuvent être
Lus comme des présents de vérité générale («la
porte étroite qui chancelle», v.
1].
mais d'autres doivent être lus comme des pré
sents
d'énonciation(« Les roses comme avant palpitent», v.
9].
Le présent prend
donc la place
du passé composé ou de l'imparfait attendus.
Ce brouillage tem-
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