Devoir de Philosophie

Paul Valéry et la crise du sujet

Publié le 07/04/2012

Extrait du document

C'est que Teste connaît comme un vécu fondamental cette «.différence«, cette distance que l'Introduction suggérait à peine ; il sait que la méthode qui appliquerait ia cohérence totale aboutirait à son inutilité, à sa propre mort : Valéry le démontre quelques mois plus tard dans La Conquête allemande, où est analysée avec une extraordinaire perspicacité l'organisation d'une société économiquement fondée sur le rapport de profit entre production et consommation. La cohérence d'une méthode de construction ne peut être totalisante sans faire périr la différence : celle-ci ne lui échappe que par l'insertion du discontinu dans le continu, par le non dit, la question indicible du «détail secret du vivant«....

« UN MONDE OU L'ON S'ENNUIE 421 musique, à la peinture, c'est l'acte même de la production qu'il voudrait définir et maîtriser: formuler une théorie des théories.

Longtemps l'orientation de sa recherche lui demeure inconnue, mais «il est impossible qu'on ne sente pas que je repose sur quelque chose d'important, sur une boussole inconnue - et d'ailleurs mystérieuse aussi pour moi-même».

Ce texte indéchiffrable, il tente de lui donner forme à l'occasion d'expériences et de découvertes.

Les mystiques d'abord, et particulièrement Ruysbroek l'Admirable, parce qu'ils so·nt parvenus au seuil d'une conscience pure; qui ne se disait pas quelque peu mystique, à l'époque des vingt.ans de Valéry ? Mais lui essayait d'atteindre l'état, disons absolu, d'un mystique sans Dieu, en conservant à cette pointe extrême la lucidité de l'analyse.

Les mathématiques, auxquelles très vite il s'initie, surtout les méthodes ensemblistes alors presque neuves, et qui lui fournissent à la fois un langage de symboles purs, et le système d'un fonctionnement structurel.

Et puis la découverte d'Edgar Poe, jamais renié ensuite : une théorie, fécon.de en métamorphoses, de l'écriture comme calcul de pouvoir et d'effets, et, avec Euréka, une théorie plus vaste et englobante de l'identité de structure entre le psychique et le physique ; c'est déjà pour Valéry situer la poésie au lieu d'où le langage passe à travers le corps pour prendre sens : diagramme complexe qui fournira, cinquante années plus tard, matière aux cours de Poétique, et dont on peut déchiffrer les effets dans La Jeune Parque, ou les Dialogues, ou plusieurs poèmes de Charmes.

Mais pendant cette période haletante et brève, deux découvertes provoquent un choc décisif: la lecture de Mallarmé, la lecture de Rimbaud.

En quête du langage le plus de·nse, de la pensée la plus totale, Valéry aperçoit vite, dans l'Après-midi d'un faune ou Hérodiade, une perfection insurpassable, et dans les Illuminations l'« incohérence harmonique» la plus méthodique.

Sa propre production poétique, déjà minée par la comparaison avec les démarches sûres de l'algèbre ou de l'analyse, ou par les tensions extrêmes atteintes auprès des mystiques, bientôt lui apparaît vaine et sans force : Mallarmé et Rimbaud sont parvenus aux limites, il faut changer de chemin, se transformer ou périr.

Une banale anecdote affective, qui le laisse un moment sans forces, orès du délire, lui toujours tendu vers la seule. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles