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Paul Bénichou écrit, dans Morales du Grand Siècle (Gallimard,1948), que chez Racine « le drame politique, affaibli, (est) devenu un ornement plus ou moins important » de l'action.

Publié le 30/03/2015

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racine

L'effacement progressif de la politique au profit des passions se manifeste par la dégradation du sublime héroïque, tel qu'il apparaît chez les héros cornéliens : Néron est en effet un anti-Auguste, dans la mesure où, contrairement au héros de Cinna, il n'est pas maître de lui et encore moins des autres. Son cheminement est inverse de celui d'Auguste : avant d'être un empereur sublime, Auguste a été sanguinaire, sous le nom d'Octave. Néron, lui, a commencé son règne comme Auguste finit le sien, dans « la vertu « ; il finit comme Auguste a commencé, dans la violence. En inver­sant ainsi la perspective, Racine invente un héroïsme de la chute.

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« sée ouvre une crise de succession.

La fin de !'acte 1 est consacrée à cette question dynastique : Aricie, seule survivante de la famille régnante que Thésée a éliminée, apparaît alors comme une prétendante possible au trône, au même titre qu'Hippo­ lyte ou le fils de Phèdre.

C'est pour régler ce problème que Phèdre va voir Hippo­ lyte (II, 5).

La question politique a donc un rôle dramatique important.

-':'.a spécifi~~ de Racine tient à l'invention d'un nouveau type de conflit Il instaure en effet un conflit entre des intérêts politiques inévitables et des inté­ rêts amoureux insurmontables, qui finissent par être les plus forts.

Dès lors, le drame de tous les personnages vient de ce que la politique réclame exactement le contraire de ce qu'ils veulent: c'est le cas de Titus et Bérénice, dont l'amour est confronté à la loi de Rome, qui fait obligation à l'empereur d'épouser une Romaine.

Bien sou­ vent, les données politiques sont dotées d'un statut particulier: au lieu d'être un fin vers laquelle il faut tendre (au nom du devoir), elles deviennent un moyen de se ven­ ger d'un échec privé : Néron se fait tyran pour punir Junie de son indifférence.

Il -LA POLITIQUE SUBORDONNÉE AUX PASSIONS ~-~~~~l)dation _du s~~lim_t:Èé_r!>I?~~.!~r les passi~-~ Dans Britannicus, la Rome républicaine et ses instances institutionnelles (le Sénat) ne sont que rarement citées et n'ont pas d'importance déterminante dans le déroulement de l'action.

Le drame politique, affaibli, n'est que le cadre d'un conflit passionnel qui oppose Néron à sa mère.

C'est aussi le cas dans Mithridate et dans Andromaque: c'est la volonté d'Hermione de se venger de l'indifférence de Pyrrhus qui précipite la catas­ trophe* finale.

Les conséquences politiques ne sont là que de surcroît.

I?~~-~1'I>!!~l1t~~n~~_!_s!?.~i_11u~~ Racine est en effet fidèle à l'esprit de son temps.

En effet, à la cour de Louis XIV, l'idée de grandeur héroïque avait fait place à celle de majesté: la seule grandeur était celle du roi.

Le temps de la rébellion aristocratique était passé et l'absolutisme triom­ phant rendait impossible l'exaltation du moi héroïque et l'affirmation d'une volonté individuelle.

C'est pourquoi le drame politique tient si peu de place chez Racine.

Ill -LA POLITIQUE : UNE MODALITÉ DU TRAGIQUE RACINIEN l]~~--di!!1_~sion P1!~.!!~Ë!!:~.t:!1~~agi_q_~_!1e ~~~~ditio~ h~'.!Ï!l.! La suprématie des passions sur l'action fait que le personnage racinien ne peut être ni un sage (qui coïncide avec la valeur et l'idéal), ni un héros (qui les conquiert).

Pour lui, l'idéal est inaccessible, mais il ne peut s'en passer.

L'enjeu politique, pré­ sent dans de nombreuses tragédies, n'est alors qu'une modalité parmi d'autres de. »

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