PASQUIER (Étienne)

PASQUIER (Étienne), magistrat, poète et historien français (Paris 1529-id. 1615). Après des études de droit poursuivies en France sous la direction d'Hot-man, de Baudoin et de Cujas, puis en Italie sous celle d'Alciat, il devint avocat (1549) à Paris. Catholique, il se rangea, durant les troubles des guerres de Religion, au parti des « politiques », hostiles à la guerre civile et défenseurs de l'autorité royale. Nommé commissaire aux Grands Jours de Poitiers en 1579,

 

puis à ceux de Troyes en 1583 pour y réprimer les désordres civils, il fait preuve de qualités qui lui valurent la charge d'avocat général (1585) à la Chambre des comptes. Pasquier a laissé une œuvre abondante et variée : un dialogue sur l'amour, le Monophile, publié en 1554; plusieurs recueils de poésie française et, surtout, néolatine : différents Tombeaux, un recueil &Epi-grammata (1582) et de Poemata (1585) ; des Lettres (5 éditions de 1586 à 1607) traitant de questions et d'événements tant politiques que littéraires. Son maître ouvrage, les Recherches de la France, comprend 10 livres publiés successivement (et constamment augmentés) de 1560 à 1621. « Défense et illustration

 

de la patrie française », selon l'expression de P. Bouteiller, les Recherches participent, aux côtés des ouvrages de Du Haillan et de Fauchet, au grand renouveau de l'historiographie nationale qui a marqué la seconde moitié du xvie s. L'originalité et l'intérêt des Recherches résident dans trois principaux éléments : dans la conception, tout d'abord, que leur auteur se fait de l'histoire de la

 

nation (à ses yeux, les événements politiques et militaires comptent moins que les institutions et l'organisation générale du pays) ; ensuite, dans la spécificité de leur propos, d'ordre essentiellement génétique (ce sont les origines et l'évolution des institutions que Pasquier s'attache avant tout à décrire) ; dans leur méthodologie, enfin : même s'il s'est fréquemment servi des travaux de ses devanciers, Pasquier est l'un des premiers historiens français à avoir utilisé des documents d'archives tels que les registres du Parlement ou les mémoriaux de la Chambre des comptes. Au surplus, grâce au charme de son style, Pasquier a su rendre attrayants les fruits de son austère travail. Les chapitres VII et VIII des Recherches — le premier consacré à l'histoire de la poésie française , le second aux origines de la langue française — intéressent plus particulièrement l'histoire de la littérature et

 

celle de la linguistioue.