Pascal a beaucoup utilisé les Essais de Montaigne, qui, cependant, lui était antipathique par certains côtés. Vous comparerez les deux écrivains et vous direz ce qui plaisait à l’auteur des Pensées et ce qui le choquait dans l’ouvrage de Montaigne.
Publié le 07/02/2016
Extrait du document
Pascal avait beaucoup fréquenté Montaigne : on retrouve des réminiscences et des citations des Essais à chaque page des Pensées. Et cependant il était agacé par sa manie de toujours parler de lui : Le sot projet qu’il a eu de se peindre. Mais il voyait avec joie dans cet auteur la raison si invinciblement froissée par ses propres armes et il n’était pas loin d’aimer le ministre d’une si'grande vengeance. Il nous a dit, d’ailleurs, ce qu'il pensait de Montaigne, dans l’entretien avec M. de Saci.
«
XVII
0
SIÈCLE
de tradition et de paix sociale; il la pratique, mais avec tiédeur
et ne s'en inspire guère dans sa conduite morale et dans ses
jugements; il lit plus Sénèque et Amyot que l'Evangile.
Pascal
est un ascète, il pratique un christianisme austère et héroïque....
Montaigne se repose dans le scepticisme comme sur
un mol
oreiller.
Pascal ne comprend pas qu'on puisse rester dans le
doute et s'il aime à humilier la raison, c'est pour nous jeter
plus sûrement dans les bras de l'Eglise, il a soif de vérité et de
certitude.
II.
On voit ce qui lui plaisait et ce qui le choquait dans
les
«
Essais.
,,
1.
Ce qui lui plaisait, c'était le tableau qu'il y trouvait des
misères et de l'impuissance de l'homme sans la grâce.
Il leur
emprunte à peu près tout ce qu'il dit de toutes les causes qui
nous condamnent à l'erreur l'imagination, les passions, les
maladies, l'intérêt, notre propre coeur et la raison elle-même
ployable en tout sens.
Il
aime voir si vivement et si finement
représentées les faiblesses humaines, dont il souffre lui-même.
u Ce n'est pas dans Montaigne, c'est dans moi que je trouve tout
ce que
j'y
cois.
2.
Ce qui
le choquait,
c'était le ton même qu'affectait Mon-
taigne qui voit dans nos misères un sujet de divertissement
et s'y complaît.
Les mêmes constatations prennent chez lui
un accent tout différent, et tragique...
C'est que Montaigne
n'a voulu voir qu'un côté des choses et qu'il se refuse à connaître
ce qui fait la grandeur de l'homme, qu'avait si bien comprise
Épictète....
C'est la conclusion lâche et paresseuse qu'il tire,
que nous ne devons pas nous tourmenter pour ce qui nous
dépasse et ne pas chercher une vérité qui nous échappe....
Enfin
c'est sa molle complaisance pour les vices des hommes qu'il
semble encourager et qui le rend extrêmement dangereux pour
ceux qui ont quelque pente à l'impiété et aux vices.
Montaigne a pu être considéré comme
le bréviaire des liber-
tins...
Pascal, au contraire, nous conduit à Dieu...
Mais l'un
et l'autre intéressent tous les hommes, sans distinction d'opi-
nion, parce qu'ils sont humains et vrais.
Dans les
Essais
comme
dans les
Pensées,
on sent l'homme, et non lauteur.
Ouest
étonné
et ravi.
Mais Pascal nous élève vers les sommets, il est sublime.
Avec Montaigne, nous restons sur terre..
»
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