Parmi les romans du XIXe siècle ou du début du XXe, choisissez-en un où vous essayerez de dégager en même temps que les mérites et les caractéristiques de l'oeuvre les traits essentiels de la personnalité de l'auteur.
Publié le 15/02/2012
Extrait du document
L'été dernier m'a conduit au pays de Colette Baudoche. A mon retour de Metz, l'envie me prit de relire le petit roman de Maurice Barrès. Il est donc encore tout frais dans ma mémoire où les romans tiennent peu de place; et c'est la première raison de mon choix. Il en est une autre, plus sérieuse, déterminante : j'ai acquis la conviction d'avoir relu un pur chef d'oeuvre....
«
La petite Messine, un instant troublee, gagnee par la candeur debonnaire
de son eleve, se sent fiechir.
Mais le bon sens la guide, meme dans les
matieres sentimentales; elle sollicite un temps de reflexion.
Elle se recueille,
elle medite...
elle se ressaisit tandis que le D' Asmus passe ses vacances
Konigsberg.
Cela ne va pas sans combats et sans souffrance.
Car elle aime
celui qu'elle a conscience d'avoir amende.
Le sentiment de l'honneur lui
commande de ne pas se laisser absorber an puissant courant germanique.
Une Lorraine pent-elle epouser un Prussien?...
Elle possede d'ailleurs un
criterium sin du devoir : l'estime des Dames de Metz.
Elle tient a l'estime
de cette petite association, chargee d'entretenir le monument aux morts
tins pendant le siege.
Ces dames sont la conscience de la cite toujours
fidele.
Que penseraient-elles de cc mariage?...
La passion ne l'aveugle point;
elle a repondu a la question.
Toutes, le considereraient comme une trahison.
« Colette se sent le cceur Bros de songer que les Dames de Metz pourraient
ne pas seiner Mme Asians.
e Finalement, c'est le sentiment religieux, avive par une impressionnante
ceremonie, qui la axe dans, sa resolution.
Dans la eathedrale, tout em-
baumee encore du souvenir de l'eveque protestataire, Mgr Dupont des Loges,
elle assiste a in messe annuelle cellar& pour le repos de Fame des soidats
frangais tugs pendant la guerre.
« line religion se recompose dans cette
foule en dettil tine fed municipals et catholique.
Ces Messins croient assister la messe de leur civilisation.
Its ferment une comma:mute bee par ses
souvenirs et par ses plaintes, et chacun d'eux sent qu'il s'augmente de
Fagrandissement de taus.
t An sortir de cette messe, Colette declare a Fre-
deric Asmus, revenu de Porneranie 'qu'elle ne sera jamais sa femme.
Et le
romancier de conclure « Rentre, Colette, avec ta grand-mere, dans votre
appartement du quai de la Moselle.
Inconnue a tour, et pent-etre a toi-meme,
demeure, courageuse et mesuree, bienveillante et moqueuse, avisee, loyale,
toute claire.
Persevere a soigner les tornbes, et garde toujours le pur lan-
gage de ta nation.
Qu'elle continue a s'exhaier de taus tes mouvements, cette
fidelite qui n'est pas un vain mot sur tes levres.
Petite fine de mon pays,
je n'ai meme pas dit que to fusses belle, et pourtant, si j'ai su etre vrai direct, plusieurs t'aimeront, je CPOIS, a 1'401 de celles qu'une aventure
d'amour immortalise...
Semblable I quelque religieuse sacrifice dans un
cloitre, to cries une poesie, toi qui saris proteger ton ame et maintenir ton
reflet sur les chases.
- Nous, cependant, acceptons-nous qu'une vive image
de Metz subisse les constantes atteintes doivent a..
Ia longue l'effacer?
Et suffira-t-il a noire immobile sympatlaie d'admirer de loin un geste qui
nous appelle? e
Ces points d'interrogatiou nous emeuvent profondement, en 1937, apses
Merited vingt ens d'une reunion et d'un retour que nous voudrions pouvoir
esperer definitifs!..
J'ai parte de Racine, en cornmengant, mais je songeais At Corneille.
Barnes
lui-meme dit :
« Colette est une petite Francaise de la lignee comae-
lienne.
> De fait, nous applandissons, en finissant - salon la formule an
« triomphe du devoir sur la passion e.
Mais les personnages ne sont plus
empruntes, comme darts la tragedie, aux spheres superieures our n'evoluent
que les princes et les rois; its sent simples et proches de nous.
Simple est
leur condition, simples sent les evenements de Tear vie; main combien sont riches leurs antes et attachant ce gulls representent! Colette Baudoche et
le Docteur Asmus ne sont point, en effet, des synaboles pars de la kultur
germanique et de In civilisation- francaise.
Its expriment bien ces deux
forces ennemies, mars crime fawn eminemment burnable.
Its s'aiment sin-
cerement, et leur amour, comme dans be theatre cornelien, se fonde sur
tine mutuelle estime.
Asmus, sans doute, est lourd, manque de finesse; ii ne
manque pas cependant de generosite ni de bon sens elementaire, puis- qu'entin it a su discerner la transcendence d'une autre race.
Ce jeune bar-
bare qui, en arrivant a Metz, &tab « chausse de grosses bottes entretenues
avec de la graisse ranee » s'est laisse polir autant que par 1'a- molar, par le
genie francais.
Quant a Colette, dont l'immolation, salon la forte expression
de Barnes, « ajoute au capital cornelien de la France e, elle est simtplement
delicieuse.
Voyez-la, « toute vive et mobile, glisser le- long du quad, jeter un
La petite Messine, un instant troublée, gagnée par la candeur débonnaire de- son élève, se sent fléchir.
Mais le bon sens la guide, même dans les matières sentimentales; elle sollicite un temps de réflexion.
Elle se recueille,
elle médite...
elle se ressaisit tandis que- 1& D• Asmus passe ses vacances à Kônigsberg.
Cela ne va pas sans combats et sans souffrance.
Car elle aime celui qu'elle a conscience d'avoir amendé.
Le sentiment de l'honneur lui commande de.
ne pas se laisser absorber au puissant courant germanique.
Une Lorraine peut-elle épouser un Prussien'! ..• Elle possède d'ailleurs un critérium sûr du devoir : l'estime des Dames de Metz.
Elle tient à l'estime de cette petite association, chargée d'entretenir le monument aux morts tués pendant le siège.
Ges dames sont la conscience de la: cité toujours fidèle.
Que penseraient-elles de ce mariage'? ...
La passion ne l'aveugle point; elle a répondu à la question.
Toutes le considéreraient comme une trahison.
« Colette se sent le cœur gros de songer que les.
Dames de Metz pourraient ne pas saluer Mme As.mus.
~ Finalement, e'estle sentiment !ie1igieux, avivé par 'ltD.e impressionnante cérémonie, qui la ftxe dan& sa résobdioa.
Dans· la cathédL"a.le~ tout em baumée encore du souvenir de l'évêque protestataire, Mgr Duyont des Loge~ elle assiste à la messe annuelle céléblzée pgur le repos de l'ame des soldats français tués pendant la guerre..
« Une religion se recompose dans cette foule en deuil.
une.
foi mtmieipal.e et catholique.
C.es Messins.
croient assister- à la messe de leur eiviJisation.
lls forment une communauté li.ée par ses souvenirs et par ses plaintes, et chacun d'eux sent qu'il s~aagmente de.
l'agrandissement de tol'lS.
» Au.
sortir d.nt, je cvQig,.
à l'ég~M de celles qu'une aventure d'amour immortalise ••.
Se.mh1able à quehple religieuse sacrifiée dans.
un cloître, tu crées Wle poésie, toi ql:lli sais protég~ ton âme et maintenir ton reflet sur les eb.oses •.
- Nous, cep.endaa.t, acceptons-nous qu?une vive image de Metz subisse les.
eon.stantes atteintes qqi doivent à.
la longue ~effaeer?.
Et suffira-t-il à notre· ÏJIUWi)bile.
sympathie d'admirer de loin un geste qui nous appelle·'? ~ €es poiats d'mteuogation nQus.
émeuvent profondément, en 1937, après bientôt vi;ngt aJtS.
d'une· réuruion et d'un retoo.r que nous voudrio.ns pouvoir espé~:el!' définitifs,!._
..
....
J'ai par~ ~· Racine, en.
Cli)mmençl!tnt, mais je saugeais: àt Ce~tne:ill.e.
Barrès, lui-même l?'a dit : « C0mtte est u:n.e petite Française: de l:a lignée· corné lienne.
» De fait, nous applaudissons, en finissant - selon la formule - au: «triomphe d devo.W sur la passion».
Mais les p:ersonnages ne· sont plus.
empruntes, comme dans l'a tragédie, aux s.phères supérieures où n'évoluent
que les princes et les rois; if&; sont simidces et proche& d.e nous.
Simple est leur condition, simples: sent les; événements de leur vie·; mais combien sont riches.
leurs âmes et aiM:a.ehant ce qu'ils représentellit 1 «:olette Baudoche- et le Docteur Asmus ne sont pt>i.Bt, en eftlet, dies· symboles pms de· la ktœltur germanique et de la cti'viUsaiii0B• fra·m~iseo.
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e-:x.pr,i,ment bren ces deux forces ennemies, mais.
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