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PARMENTIER Jean : sa vie et son oeuvre

Publié le 27/11/2018

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PARMENTIER Jean (1494-1530). Né à Dieppe, d’une famille de condition modeste, et n'ayant en conséquence « pas beaucoup hanté les écoles », il acquiert néanmoins assez vite une double compétence de capitaine-cosmographe et de poète. Entré au service du puissant armateur dieppois Jean Ango, il navigue entre 1520 et 1526 sur les côtes du Brésil et de Guinée, à la recherche d’une nouvelle route vers les Indes, et gagne peut-être les Moluques. Il mène cependant, dans les intervalles de ses navigations, une brillante carrière de poète lauréat et se voit régulièrement couronné lors des puys de Dieppe et de Rouen. Il compose à cet effet plusieurs chants royaux, ballades et rondeaux, et son ami Pierre Crignon n'hésite pas à le qualifier de « perle en rhétorique fran-çoise et en bonnes inventions ». En 1527, appelé à participer à la célébration des festivités qui scellent la paix conclue entre François 1er et Henri VIII d'Angleterre, il compose une « momerie » allégorique, qui voit défiler pêle-mêle Samson, Cincinnatus, Aristote, Cicéron, Euclide et Tubal, tous porteurs de devises. La même année, il fait représenter une moralité en l'honneur de « la glorieuse Assumption Nostre Dame ». C'est là, avec la publication de sa traduction de l’Hystoire catilinaire de Salluste en 1528, l’apogée de sa carrière littéraire. Il reprend la mer en 1529 et fait route vers Sumatra

parmentier

« les Moluques.

Il mène cependant, dans les intervalles de ses navigations, une brillante carrière de poète lauréat et se voit régulièrement couronné lors des puys de Dieppe et de Rouen.

Il compose à cet effet plusieurs chants royaux, ballades et rondeaux, et son ami Pierre Crignon n'hésite pas à le qualifier de «perle en rhetorique fran­ çoise et en bonnes inventions ».

En 1527, appelé à parti­ ciper à la célébration des festivités qui scellent la paix conclue entre François 1er et Henri VIII d'Angleterre, il compose une « momerie » allégorique, qui voit défiler pêle-mêle Samson, Cincinnatus, Aristote, Cicéron, Euclide et Tubai, tous porteurs de devises.

La même année.

il fait représenter une moralité en l'honneur de « la glorieuse Assumption Nostre Dame ».

C'est là, avec la publication de sa traduction de l' Hysroire catilinaire de Salluste en 1528, l'apogée de sa carrière littéraire.

Il reprend la mer en 1529 et fait route vers Sumatra à la tête de deux navires, le Sacre et la Pensée.

Son projet était de pousser jusqu'aux ports de la Chine et d'ouvrir pour la France une voie précédemment gardée par les Portugais.

Mais l'équipage est peu à peu décimé par le scorbut, et les survivants menacent de se mutiner.

Pour les ramener à la raison, le capitaine Jean Parmentier compose alors ce qui reste son chef-d'œuvre, le Traicré en forme d'exhortation, contenant les merveilles de Dieu er la dignité de l'homme, ample poème tirant du specta­ cle de l'immensité de la mer et des cieux une leçon d'obéissance z,u Créateur.

Après l'arrivée à Sumatra, les transactions sur les épices se révèlent plus difficiles que prévu, on s'éternise aux escales, et les fièvres emportent bientôt les deux frères Jean et Raoul Parmentier, qui meurent en rade de Ticou au cours du mois de janvier 1530.

Leu r compagnon Pierre Crignon publiera, de retour en Fran .::e, les dernières œuvres poétiques de Jean, après avoir rédigé le journal de cette odyssée.

Jean Par­ mentier laissait en outre une traduction presque achevée du Jugurtha de Salluste, fruit de ses longues veilles à bord.

Dans les pieces à forme fixe composées pour les puys et qui sont, conformément à r usage.

consacrées à la célébration de la Vierge selon une série d'allégorèses réglées, Jean Parmentier apporte aux nombreuses méta­ phores marines la densité réaliste du vécu.

C est ainsi que la mère du Christ est tour à tour identifiée à « La forte nef toutt: pleine de grâce», et à « La terre neufve en tous biens fructueuse ».

Mais, sur cette nef, l'équipage se hèle du be.wpré à la hune, se disposant, voiles car­ guées.

à affronter la tempête; et cette terre nouvelle est pareille à Sumatra, abondante en fruits et en épices.

De plus.

les louanges adressées à la Très-Souveraine pren­ nent place au sein d'une cosmologie indéniablement remaniée et réorientée à la suite des grandes découvertes.

Le Nord- associé à l'usage de la boussole -représente le pôle de l'expérience humaine, mais c'est là un monde connu et décevant, alors que la Croix du Sud, plantée au-dessus du nouvel hémisphère, signale la protection efficace et « supernelle >> promise à l'humanité conqué­ rante par la Vierge de Miséricorde.

Par ces «chants royaux >>, de facture et de forme traditionnelles mais oi:t se coule la thématique inouïe de la découverte de nou­ veaux horizons, Parmentier apporte sur cette mutation de l'imaginaire qui s'opère alors, un témoignage irrem­ plaçable.

Le Traicté en forme d'exhortation, conçu et composé en mer, échappe au cadre étroit des chants royaux comme aux circonstances festives du puy poétique.

Animé d'une ampleur nouvelle, il conjugue à 1 'inspiration chrétienne toujours présente -en l'occurrence.

la célébration de Dieu à travers la diversité de ses créatures -l'influence du néo-platonicien Pic de La Mirandole; dans ces stro­ phes qui chantent la dignité de l'homme au-dessus de tous les autres êtres, on retrouve cene confiance d'un premier humanisme qui n'a pas rompu avec la foi des siècles antérieurs.

Tour à tour, les merveilles de la mer, du ciel, de l'air et de la terre s'offrent à la conquête de l'homme -cet homme que Dieu a établi sur toutes choses « souverain admirai et grand capitaine».

Dès lors, celui-ci doit oublier ses appétits matériels, pour s'élever, comme l'alouette, et chanter la gloire du Très­ Haut, ou bondir, à l'instar de la baleine qui semble voler dans la tempête dont elle se joue.

BIBLIOGRAPHIE Textes.

-Le Discours de la navigation de Jean et Raoul Par­ mentier de Dieppe.

Voyage à Sumatra en 1529.

Description de Sainct-Dominigo, publ ié par Charles Schefer.

Paris, Leroux.

1883, Slatkine Rep rin ts , 1971.

Ce volume contient, outre le récit du voyage à Su m atra et à Saint-Domingue, plusieu rs pièces poé­ tiques de Jean Parmentier, dont le Traicré en forme d'exhortation et la Plainte de Pierre Cri gnon sur le rrespas de deffuncrz Jean er Raoul Parmentier.

Œuvres poétiques, éd.

critique par F.

Ferrand, Genè ve.

Droz, 1971.

Paul Zumthor.

dans son Anthologie des grands rhétoriqueurs, Paris, U.G.E., « 10118 >>, p.

257-269.

a p ublié les Chants-Royaux composés pour les puys de Dieppe et de Rouen entre 1526 et 1529.

A consulter.

-Paul Zumthor, le Masque et la Lumière.

La Poétique des grands rhétoriqueurs, Paris .

Le Seuil.

1978; Robert G ara po n.

«Jean Parmentier, poète de l'immensité>>, Mélanges Jeanne Lads, Paris .

coll.

de l'Ecole norm ale supérieure de jeunes filles.

1978.

Il.

p.

671-678.. »

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