Parade - Rimbaud
Publié le 28/01/2014
Extrait du document


«
N'ayant aucune espèce de réflexion puisqu'ils n'ont volé aux mauvais sangs que les apparences, ils sont
présentés logiquement par leur image : des yeux « hébétés », grimés de trois couleurs : rouge, noir et acier.
Le
recours aux adjectifs « rouges » et « noirs » confirme l'opinion négative de l'auteur.
Le rouge et le noir sont les
couleurs de la « boue » au sens métaphorique, selon Rimbaud, couleur de la société, polluée par ses
conventions et fortement rejetée.
Ce sont les hommes du monde qui se présentent dans cette parade, une
parade où ils figurent tous, les laids (faciès déformés), les gros (plombés), les pâlots (blémis), les rougeôts
(incendiés).
Tous ceux qui condensent l'inquiétude rimbaldienne depuis les Assis. Quant à leur voix, ce ne sont
que des « enrouements folâtres », un filet de voix inefficace, qui porte, au mieux, à rire.
Après tout cela, l'ironie
reprend force sous la plume de Rimbaud.
Ces drôles paradent.
Mais ils ne font peur à personne.
Ils portent des
oripeaux, ils brillent d'un éclat factice tandis que les autres drôles marcheraient quant à eux avec la « mince
lame de cuivre, polie et brillante, qui a l'éclat de l'or » (Dictionnaire de l'Académie).
Même les jeunes, ceux qui
pourraient changer la vie, qui, eux, ont des « voix effrayantes » et de réelles capacités à dépasser les
conventions (« ressources dangereuses » à la manière de l'Epoux Infernal), ceux-là sont « envoyés » -
l'expression rimbaldienne étant plus crue...
- en ville et pourris par le luxe.
Ils regarderaient Chérubin sans
gêne.
Le portrait du drôle-comique, dressé au premier paragraphe, vient compléter a contrario la définition véritable
du drôle en tant que personne dans la marge, bagnard, voyou, damné ou mauvais sang.
A l'apparence s'ajoute
donc le fond, celui de l'acte cruel du Prince ou de l'Epoux Infernal et l'auteur ne ménage pas son exclamatif
pour nous signaler le changement de ton qui s'opère : « Paradis de la grimace enragée ! ».
En quelques mots,
les apparences prennent vie et se chargent d'inverser le sens du mot Paradis.
Ici, il n'y a plus de
« bouffonneries scéniques », il y a la vie réelle, entière, dure, « rugueuse » dirait-il dans l'Adieu.
La réalité
nécessite d'être un monstre pour l'affronter, de jouer avec elle pour la maîtriser, la transformer et sans doute la
révéler.
Ces drôles là ne sont pas grimés, ils sont vêtus de cauchemars (« mauvais rêves ») : ce sont des
malandrins bien plus influents que ceux qui ont marqué l'histoire et la religion.
On retrouve là deux thèmes très
fort, la filiation et la croyance, violemment rejetés par Rimbaud, d'une manière continue dans son entreprise.
»
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