P. Süskind, Le Parfum : Lecture analytique l’incipit de : ''Au XVIIIème siècle vécut en France'' à ''qui ne fût accompagné de puanteur'' (première partie, chapitre 1, p. 5,6)
Publié le 08/09/2012
Extrait du document
- Au début du 2d §, apparaît à deux reprises le pronom « nous « : « A l’époque dont nous parlons « (14) et « les modernes que nous sommes « (16). Le narrateur ne maintient donc pas la fiction d’une narration contemporaine de son objet. A la fin du texte l’adverbe « encore « (« ne rencontrait encore aucune limite «, 35, 36) implique un progrès réalisé depuis le XVIIIème. L’emploi de l’expression « modernes que nous sommes « suppose une forme de complicité entre le narrateur et le lecteur censé adopter, au moins dans la fiction, le même point de vue sur l’époque. Cette manière de s’adresser au lecteur contemporain réapparaîtra au chapitre 19 : « pour nous aujourd’hui, avec nos connaissances « (p. 114). En créant cette complicité, le narrateur semble vouloir faire réfléchir le lecteur sur ce XVIIIème siècle qu’il présente sous un aspect particulièrement nouveau et provoquant. Car ce regard est critique.
«
des techniques des artisans abonde dans ce sens : les « bains corrosifs » (23) des tanneries renvoient au Paris populaire de l'époque.
Mais la présentation volontairede l'époque sous l'angle de la réalité la plus triviale témoigne d'un souci d'aller contre la présentation habituelle d'un XVIIIème plus intellectuel.
La répétitionobsessionnelle du mot et de ses dérivés « puanteur » met en valeur ce regard critique sur le contexte sociohistorique de l'époque.
Le lecteur découvre donc dans ce début de roman les ambiguïtés d'une voix narrative qui se joue de la réalité historique.
CONCLUSION
Le lecteur est dérouté par cet incipit.
Si le cadre du récit est bien mis en place (lieu, temps, personnage principal), des informations contradictoires se bousculent.Grenouille est un être à la fois génial et maléfique, son nom même est paradoxal.
Il est le roi d'un « royaume évanescent » que contredit la réalité triviale d'un universenvahi par la puanteur.
Ce qui frappe dans ce texte c'est qu'il propose plusieurs pistes de lecture sans qu'aucune aboutisse vraiment : les révolutionnaires sont euxaussi des êtres « malfaisants » mais Grenouille n'est pas un révolutionnaire ; le siècle est pourri parce qu'il est dévoré par les mauvaises odeurs, mais le personnageprincipal va évoluer ds le royaume évanescent des odeurs, ce qui renvoie au titre : le Parfum dont on attend une odeur sophistiquée et agréable.Cet incipit est donc contrasté..
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