ORIGINALITÉ D'« ANDROMAQUE » DE RACINE
Publié le 12/04/2011
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A travers Virgile nous est apparu Euripide. Qu'est l' Andromaque d'Euripide ? Une des moins bonnes pièces du Tragique. Pyrrhus est absent de Phtie, la capitale de ses Etats. Sa femme, Hermione, soutenue par son père, Ménélas, a profité de cette absence pour condamner à mort Andromaque, sa rivale, et le jeune Molossus, que cette captive troyenne a eu de Pyrrhus. La mère et le fils se sont réfugiés aux autels de Thétis la nymphe, mère d'Achille. Hermione, qui n'a pas d'enfant de Pyrrhus, ne peut souffrir qu'une étrangère, captive, lui dispute, lui enlève même le cœur de son époux, et que Molossus soit un jour appelé à régner ; d'où longue querelle entre elle et Andromaque. Querelle qui est reprise, avec insultes et provocations mutuelles, entre le vieux Pelée qui défend sa petite-fille et Ménélas. Ainsi, pendant trois actes, on est occupé du péril d'Andromaque.

«
l'Homme, l'Homme éternel, hors du temps précis et de l'espace délimité, L'HOMME EN PROIE A SES PASSIONS.
Il est difficile de peser avec exactitude ce que Racine doit à ses contemporains et à ses prédécesseurs immédiatsdans l'élaboration de sa troisième œuvre.
Nombre des pièces jouées à l'époque ont disparu.
Celles qui demeurent ne sont pas toujours datées de façonprécise, et à deux ou trois ans près, elles peuvent se trouver dans une situation toute différente : avoir inspiré ouavoir été inspirées.
UN DÉBUTANT, MÊME DOUÉ D'UNE FORTE PERSONNALITÉ, NE PEUT PAS NE PAS SE CONFORMER AUX HABITUDESADMISES.
Les dramaturges à succès contribuent à la formation de son esprit.
Ils créent des modes auxquelles il estobligé d'obéir en partie, ne fût-ce que pour ne pas choquer directement le spectateur dont e goût est fixé.
Le plaisir de l'érudition ne doit point nous faire oublier qu'A SON APPARITION « ANDROMAQUE » A ÉTÉ SALUÉECOMME UNE NOUVEAUTÉ BOULEVERSANTE, par ceux-là qui justement étaient les mieux placés pour juger de sonoriginalité.
Corneille, Corneille avait été le modèle que Racine, à ses débuts, avait désiré égaler.
Au premier acte d'Andromaque, la discussion politique, entre un monarque et un ambassadeur, où l'intérêt de l'Etat se mêle à ceux desindividus, l'agencement soigneux et étudié des discours reste encore dans la manière de Corneille.
La successionbrutale et rapide des décisions du quatrième acte se retrouve dans « Attila ».
Le cri d'Oreste :
« Grâce aux Dieux ! mon malheur passe mon espérance »
(v.
1613),
est, M.
Mornet l'a fort bien jugé, un propos cornélien.
Mais il faut noter aussi que l'influence s'affaiblit au fur et à mesure que va la pièce.
LA LIBÉRATION, L'INDÉPENDANCEDE RACINE S'ACCENTUENT DE SCÈNE EN SCÈNE, et parallèlement le nombre des traits originaux va croissant.
Si l'on désire pousser plus loin la recherche des influences, il apparaît que Racine connaissait l'« Hercule mourant »de Rotrou (1639), et le « Pertharite » de Corneille (1652), mais les analogies qu'on peut déceler, comme toujours, nesont ni étroites, ni précises.
Plus troublant est le rapprochement avec « la Diane » de Montemayor (1520-1561), dont une traduction était parueau début du XVIIe siècle.
On trouve là l'enchaînement des sentiments et ce décalage des amours qui constituent lemécanisme d' Andromaque.
Mais alors qu'avec Racine le décalage est latéral, dans Montemayor il est circulaire,c'est-à-dire qu'Oreste serait aimé d'Andromaque.
Ainsi, les bergers de ce roman champêtre, Alanio, Montan et leurs pastourelles, Selvagie, Ismère, tout en paissantleurs brebis, poussent des soupirs, qui sont indifférents à celles ou à ceux qui les doivent entendre, tandis qu'ilssont insensibles à ceux qui les devraient toucher.
Que cette intrigue ait donné à Racine l'idée du complexepassionné d'« Andromaque », ce n'est pas impossible.
Au moins faut-il remarquer que, d'une part, en ajoutantl'amitié de Pylade qui rompt la monotonie des « Hélas ! » amoureux, de l'autre, en « ouvrant le cercle », il DONNE ALA SITUATION UN ASPECT DE VÉRITÉ QUE N'AVAIT PAS L'ARTIFICE OUTRÉ DU POÈTE ESPAGNOL.
L'influence de la vie quotidienne du XVIIe siècle sur Andromaque est plus marquée que celle de la littératurecontemporaine.
Elle baigne l'œuvre par une sorte de nécessité biologique.
Les penseurs les plus originaux, un Descartes, un Pascaleux-mêmes subissent ceux qu'ils coudoient.
Taine, champion de cette théorie qu'une œuvre s'explique par le milieusocial où elle a vu le jour, n'a pas craint d'affirmer que le théâtre de Racine n'était que l'expression des mœursmondaines du temps.
Dans Andromaque l'ordre établi, la hiérarchie sociale, trouvent leur expression dans l'attitude respectueuse des «confidents » et dans le silence qu'ils observent pendant les dialogues des hauts personnages.
Racine respecte labienséance polie, aussi bien dans les situations, que dans les sentiments et leur exposition.
Andromaque, captive,est honorée, elle a droit à une suivante, elle est reine à la cour de Pyrrhus, comme Jacques II était roi à.
Saint-Germain, parce que le XVIIe siècle pense que les rois détrônés gardent leur rang.
Oreste, pressenti par Hermione, ahorreur moins de commettre un crime qu'un régicide :
« Souvenez-vous qu'il règne, et qu'un front couronné...
»
(v.
1187)..
»
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