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ORAL FRANCAIS: Lecture linéaire 2 – « Articles 2 à 7 ».

Publié le 28/02/2025

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« Lecture linéaire 2 – « Articles 2 à 7 ». Article 2.

Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la Femme et de l'Homme.

Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l'oppression. Article 3.

Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est que la réunion de la Femme et de l'Homme : nul corps, nul individu, ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. Article 4.

La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l'exercice des droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison. Article 5.

Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société ; tout ce qui n'est pas défendu pas ces lois, sages et divines, ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elles n'ordonnent pas. Article 6.

La loi doit être l'expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents. Article 7.

Nulle femme n’est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la loi : les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse. Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne , Olympe de Gouges, 1791. Lecture linéaire 2 – « Articles 2 à 7 ». Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne , Olympe de Gouges, 1791. Introduction : Olympe de Gouges publie la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791, soit deux ans après La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qu’elle pastiche en partie pour réparer l’oubli des droits des femmes.

Elle prend ainsi la plume pour mener un combat en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes, pour élargir et appliquer les revendications des hommes à toutes les femmes : l’autrice veut intégrer les femmes dans l’universel réclamé par la Déclaration de 1789 en montrant que les deux sexes doivent prétendre de manière égale aux droits revendiqués. Ce texte inclassable mêle style juridique, écriture pamphlétaire et l’énergie d’un plaidoyer.

La déclaration de Gouges complète et/ou s’oppose à celle de 1789 : c’est en effet, un texte qui réclame, qui se place dans une logique de résistance, de révolte alors que la DDHC est un texte fondateur. Le passage étudié se situe après le Préambule et l’Article un.

Il regroupe six articles - de deux à sept - qui évoquent les principes, les lois d’une nouvelle société, en expliquent aussi la visée, les limites, les conditions de leur formation ainsi que leur application. Problématique : en quoi ce pastiche de la DDHC réécrit par Olympe de Gouges manifeste-il son féminisme en mettant en valeur l’égalité entre l’homme et la femme ? Mouvements du passage : I/ EVOCATION DES PRINCIPES FONDAMENTAUX D’UNE NOUVELLE ORGANISATION SOCIALE (ARTICLES DEUX ET TROIS) II/ VISEE, LIMITES ET CONDITIONS DE FORMATION DES LOIS (ARTICLES QUATRE ET CINQ) III/ APPLICATION DES LOIS (ARTICLES 6 ET 7) I/ EVOCATION DES PRINCIPES FONDAMENTAUX D’UNE NOUVELLE ORGANISATION SOCIALE (ARTICLES DEUX ET TROIS) Ces premiers articles posent les grands principes de la nouvelle organisation sociale proposée.

Certains comprennent des ajouts par rapport à la DDHC et d’autres sont réécrits afin de défendre l’idée que les femmes doivent jouir des mêmes droits que les hommes sans aucune réserve.

A ce titre, O de G propose un plaidoyer en faveur de l’égalité. Rmq préliminaire Article un : l’autrice y rappelle le principe d’égalité donc l’abolition de l’inégalité entre les sexes. Article deux :  Il s’agit ici de la proclamation des « droits naturels » qui sont énumérés : « la liberté, la propriété, la sûreté » et « la résistance à l’oppression » (= légitimation du soulèvement contre la monarchie) afin de bien affirmer la nécessité de respecter ces principes.  Olympe de Gouges a repris précisément le même article de la DDHC mais l’autrice y a ajouté le nom « femme » avant celui « de l’homme ».  Mentionner ainsi « la femme », c’est donc affirmer qu’elle dispose de droits « naturels et imprescriptibles » - adjectifs qui insistent sur le caractère naturel de ces droits - comme l’homme, et exiger que la société garantisse ces droits, au lieu de les entraver + témoigner du combat des femmes pour être reconnues  Un simple ajout impose ainsi une redéfinition révolutionnaire de la société et de la femme mais la constitution ne fait que mettre par écrit des principes de la nature  La présence du terme « femme » modifie la portée de l’expression « résistance à l’oppression » en incluant au nombre des oppresseurs à combattre celle exercée par les hommes sur les femmes.  L’adverbe « surtout » appuie l’argumentation avec une certaine insolence.

Il souligne élégamment que le combat contre l’oppression n’est pas un idéal propre à l’autrice, mais une ambition prétendument commune, revendiquée par l’Assemblée elle-même.

(Ce « surtout » peut se gloser par « c’est vous-mêmes qui le dites ! »)  Le texte accule alors ses adversaires : ils seront égalitaires ou hypocrites ! Article trois :  O de G évoque dans cet article la souveraineté de la Nation – reprise littérale de l’Article 3 de la DDHC => le pouvoir n’appartient plus à un souverain mais à l’ensemble des individus, des citoyens considérés comme une Nation => donc une communauté entière, et non plus par des groupes « nul corps » ou des personnes « nul individu » (répétition du déterminant indéfini « nul » = insistance => argumentation appuyée + adverbe « essentiellement » // sens « par essence »).  Or, cet article est prolongé par une proposition subordonnée relative « qui n'est que la réunion de la Femme et de l'Homme » dans laquelle elle ajoute à nouveau (= réécriture texte initial de la DDHC) le terme de « Femme » à celui de « l’Homme » => rendre visible les femmes + la conjonction de coordination « et » supprime toute hiérarchisation et exprime cette égalité entre les sexes.  Une variation du texte initiale comprise aussi dans une négation restrictive – construite avec les adverbes de négation « ne… que » qui affirme fortement l’union des deux dans la constitution de la Nation => pas de définition d’une nouvelle société qui n’inclurait pas les femmes !  Cet ajout change complètement le sens de l’article pensé par les rédacteurs de la Déclaration de 1789 => la militante rappelle ainsi que les femmes ne doivent pas être écartées de la nation. Avec ces deux articles (+ Article un), l’égalité devient, par conséquent, l’égalité entre l’homme et la femme, la nation est alors la réunion des deux sexes, et la liberté est inséparable de la justice => voici les principes fondamentaux d’une nouvelle organisation sociale - des lois - dont il faut aborder à présent la visée générale, les limites ainsi que les conditions de formation. II/ VISEE, LIMITES ET CONDITIONS DE FORMATION DES LOIS (ARTICLES QUATRE ET CINQ) Dans cette nouvelle société, les principes doivent prendre la forme de lois. Sont alors précisés dans les deux articles suivants la visée et les limites générales des lois (Article quatre), puis les conditions de leur formation (Article cinq).

Ainsi, à mesure que les articles s’enchaînent, le tableau de la société idéale d’Olympe de Gouges se précise. Article quatre :  O de G réécrit ici totalement l’article par rapport à l’hypotexte (texte initial) de la DDHC pour mettre en relief dans cet hypertexte (=réécriture) « l'exercice des droits naturels de la femme » (vs de « chaque homme ») => réécriture ironique puisqu’elle énonce que la liberté de la femme est bornée par la tyrannie des hommes = inégalité de fait qui contraste avec le principe de réciprocité de la DDHC qui énonce que chaque Homme jouit d’une liberté qui ne nuit pas à autrui.  Ainsi, cet Article est fondé sur l’utilisation d’un couple d’antonymes « justice » et « tyrannie » afin de revendiquer le principe de justice qui rend possible l’exercice égalitaire  Article contestataire, pamphlétaire, qui souligne que la tyrannie n’est pas représentée par un régime politique – une monarchie absolue – mais par un genre : celui des hommes, qui opprime les femmes.  « Tyrannie perpétuelle » : hyperbole qui assimile même cette oppression à un règne.... »

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