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Or le théâtre, s’il n’est pas à la fois populaire et pathétique, n’est rien. Jean Vilar

Publié le 19/03/2020

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« Peu importe que la comédie ou le drame, fidèle miroir de nos difficultés de 1960 ou 1961, soit une œuvre vieille de vingt siècles. Le problème de Cuba est traité dans le Nicomède de Corneille. Le problème du droit des gens devant la loi est traité dans Antigone de Sophocle. Le problème du général de Gaulle à l’égard des généraux rebelles est traité peut-être dans le Cinna de Corneille et dans l’Alcade de Zalamea. »

(Lettre aux associations pour la saison 1961-1962)

«Le T.N.P. est donc, au premier chef, un service public, tout comme le gaz, l’eau, l’électricité. Autre chose: privez le public — ce public que l’on nomme ‘grand’ parce qu’il est le seul qui compte — de Molière, de Corneille, de Shakespeare: à n’en pas douter, une certaine qualité d’âme en lui s’atténuera. Or le théâtre, s’il n’est pas à la fois populaire et pathétique, n’est rien. Notre ambition est donc évidente: faire partager au plus grand nombre ce que l’on a cru devoir réserver jusqu’ici à une élite. Enfin la cérémonie dramatique tire aussi son efficacité du nombre de ses participants. » (Paris-Théâtre, avril 1954)

« 334 / THÉÂTRE POPULAIRE• 44 ces au T.N.P.

étant inférieur à celui que pratique une exploitation commerciale normale.

Certes, Vilar ne saurait exclure l'élite; sa mission est tou­ tefois de rallier au théâtre un nouveau public qui, d'ordi­ naire, n'y vient pas.

Les grands classiques cités par Vilar témoignent de la volonté de remplir une mission éducative car c'est en ouvrant au peuple l'accès à la culture la plus haute (Molière, Corneille, Shakespeare) que le théâtre préserve « une certaine qualité d'âme».

Le plus grand nombre est ainsi mis de plain-pied, et de plein droit, au même rang que l'élite, il a droit égalitaire­ ment à la même qualité du service rendu.

► L'expérience du théâtre populaire commence en 1947, en Avignon et se poursuivra jusqu'à la mort de Vilar, en 1971.

Parallèlement à cette entreprise, dès 1951, Vilar, nommé par l'Etat à la tête du T.N.P., approfondira la même politique éducative.

Elève de Charles Dullin, Vilar est d'abord comédien, dans l'équipe de la Roulotte (1941), puis, avec des moyens réduits, il monte un théâtre d'avant-garde dans de petites salles parisiennes (Strindberg, en 1942); il fonde sa propre compagnie, La Compagnie des sept (1943).

Après avoir joué Dom Juan, de Molière, en 1944, il obtient un très vif succès avec Meurtre dans la cathédrale, de T.S.Eliot (1945).

Cependant, il souhaite alors «faire respirer un art qui s'étiole dans des antichambres, dans des caves, dans des salons; réconcilier enfin Architecture et Poésie dramatique.

» Invité par les organisateurs d'une Semaine d'art en Avignon, Vilar accepte la proposition de Zervos et René Char.

Au fil des ans, ces rencontres en plein air en Avignon, au Palais des Papes, se transforme­ ront vite en un prestigieux Festival de la jeunesse.

Le 20 août 1951, Vilar signe avec l'Etat le contrat qui lui confie la direction du T.N.P.

à Paris.

Fait notable: il tient à restituer à ce qui n'était que le Théâtre national le nom que lui avait attribué Firmin Gémier, son prédécesseur qui, à sa mort, en 1933, avait dû renoncer à sa succession,. »

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