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Ophélie - Rimbaud Explication linéaire

Publié le 11/11/2024

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« Ophélie-Rimbaud Explication linéaire Ophélie, figure emblématique de la tragédie, trouve ses origines dans la pièce de théâtre Hamlet de William Shakespeare, publiée en 1623.

Son caractère est indissociable de la folie qui l'envahit après avoir assisté au meurtre de son père par son amant.

Sa descente aux enfers la conduit vers une mort énigmatique, oscillant entre accident et suicide.

Cette tragédie shakespearienne a inspiré Rimbaud, qui lui consacre un poème éponyme en alexandrin et rimes croisées.

Ce texte, publié de manière posthume par Paul Demeny dans les Cahiers de Douai en 1891, réinterprète le destin tourmenté de cette figure féminine.

Dans son poème, Rimbaud dépasse la simple réinterprétation d'un personnage littéraire célèbre pour explorer les profondeurs de l'âme humaine.

À travers ses vers, il donne vie à une Ophélie plus complexe et énigmatique, dépeignant son voyage intérieur avec une sensibilité face à la nature. Dans ce poème, Ophélie devient à la fois le symbole de la fragilité humaine et de la beauté transcendante de l'art poétique, faisant écho aux tourments de l'existence.

Cette explication du poème conserve comme plan la découpe du poème faite par l’auteur lui-même.

Dans une première partie du poème (vers 1 à 16), nous assisterons à l'introduction du personnage fantomatique ainsi que de son environnement. Ensuite, de manière plus approfondie, du vers 17 au 32, nous étudierons la description de la tragédie vécue par la jeune femme et son rapport singulier avec la nature, mettant en contraste sa relation avec les hommes.

Enfin, dans la troisième partie (vers 33 à la fin), nous mettrons en lumière l'introduction de la figure du poète, qui confère une dimension mythique au personnage d'Ophélie.

En examinant ces différentes parties du poème, nous pourrons observer comment le poète, tout en exposant les faiblesses et la folie tragique d'Ophélie, utilise diverses stratégies de glorification et de mythification pour magnifier sa figure et lui conférer une grandeur presque divine. Tout d’abord, dès le début du poème, Rimbaud introduit l’environnement d’Ophélie par un complément circonstanciel de lieu, lui accordant ainsi une place dominante.

Au premier vers, l’auteur établit un contraste entre la lumière des étoiles et la pénombre de la rivière mise en valeur par la périphrase ‘l'onde calme et noire’.

Aussi, il met en avant la nature par le biais de la personnification (ici des étoiles qui ‘dorment’) qui fait d’elle un réel personnage de l’histoire.

Ce n’est qu’au vers suivant qu’est introduit le sujet et le titre, tout d’abord nommé Ophélia en hommage à son nom anglais (et originel).

L’association de l’adjectif ‘blanche’ et de la comparaison d’Ophélie à un lys fait tout d’abord du personnage un symbole de beauté, de pureté et d’innocence.

Ensuite, le verbe ‘flotter’ est répété au vers suivant avec une cumulation d’adverbe intensifiant la passivité et la légèreté d’Ophélie.

Aussi, cumulé avec l’adjectif ‘long’ et l'allitération en l, sonorité douce, on remarque que l’auteur insiste sur la tranquillité et la lenteur de l’action ainsi que l'étendue du temps.

Les voiles évoqués peuvent rappeler les linceuls et voiles funéraires, expliquant la passivité de la jeune fille et l’associant à une figure angélique.

Ce vers se termine par une aposiopèse (points de suspension) comme si le poète suggérait une idée qu’il souhaite que le lecteur devine ; la mort peut-être, qui n’est pas annoncée directement mais plutôt avec des images douces.

Puis, se démarquant avec un tiret en début de vers, une rupture est créée à la fin de la strophe avec le bruit des hallalis, un son de chasse.

La douceur et la tranquillité sont interrompus pour laisser place à un symbole pur de violence et de mort.

Il y a également une dualité entre le milieu terrestre introduit par le substantif ‘bois’ qui contraste avec le milieu aquatique et céleste qui était décrit jusque-là.

Un parallèle est donc effectué entre la figure comme parfaite et divine d’Ophélie se mélangeant à la nature et la cruauté humaine qui se répand plus loin.

Par ailleurs, le sujet introduit est ambigüe : nous ne savons pas à qui ou à quoi le ‘on’ peut se référer mais ce pronom impersonnel intègre le lecteur dans le récit.

A la strophe suivante, le poète revient sur la figure tragique d’Ophélie.

Ce vers averbale est introduit par un marqueur temporel ‘voilà plus de mille ans’ répété au vers 7 qui rappelle l’espace-temps dans lequel se passe l’histoire originale : le Moyen-Age.

On comprend alors que la scène que le poète décrit est postérieure à la pièce, et c’est pourtant comme si le temps n’avait pas d’emprise sur elle.

La souffrance d’Ophélie (‘triste’) persiste à travers les âges tout comme sa folie, ce qui renforce l’aspect tragique de son histoire.

Le vers 6 débute par un rejet du verbe ‘passe’ comme pour illustrer poétiquement le cheminement d’Ophélie dans la rivière.

Le caractère spectrale de la jeune femme est alors directement ennoncé soulignant sa position d’âme errante.

Les deux adjectifs ‘blanc’ et ‘noir’ oppose respectivement Ophélie et le fleuve.

Pourtant noyée dans les eaux, elle est tout de même mise en avant de par sa couleur.

Cela renforce à la fois un sentiment de solitude et une transcendance d’Ophélie puisqu’elle ressort sur l’eau comme les étoiles du début du poème.

Ensuite, le substantif ‘folie’ du vers suivant est déposé à la fin, rimant avec le prénom d’Ophélie, associant donc à nouveau ce personnage avec sa folie.

Cette folie est personnifiée comme pour la rendre maîtresse du corps de la jeune femme (enjambement entre les deux derniers vers de la strophe).

La romance qu’elle murmure est un anglicisme renvoyant à l’appellation de la pièce de théâtre de Shakespeare.

Mais aussi, ses murmures renvoient aux chants d’Ophélie présents dans Hamlet dans la scène 5 de l’acte IV et qui sont repris dans la scène 7.

Aussi, l’oxymore ‘sa douce folie’ est intensifié par l’allitération en /s/ qui créé une sonorité fluide et légère renvoyant à la douceur des mots, comme si le travail poétique exerçait un déni de la réalité : la douceur dans la mort tragique ; le déni étant l’une des caractéristiques de la folie d’Ophélie.

Dans la strophe suivante, chaque image poétique s'entrelace pour magnifier la figure tragique d'Ophélie et la présenter dans une aura presque divine.

Le poète commence par personnifier le vent qui "baise ses seins et déploie en corolle" (vers 9), où la caresse tendre et délicate du vent évoque une affection maternelle ou amoureuse, soulignant en même temps la beauté et la féminité d'Ophélie.

Cette image est ensuite renforcée par la comparaison des "grands voiles" (enjambement au vers 10) à des "corolles" (vers 9), évoquant la grâce et l'élégance d'Ophélie dans sa mort, qui est ainsi associée à la splendeur de la nature.

Au vers 11, les saules souvent symbole de tristesse à cause de leur structure tombante, sont ici personnifiés et expriment une réelle peine et compassion face à la tragédie imminente qui entoure Ophélie : ‘frissonnants’ et ‘pleurent’.

Enfin, les roseaux, dans le vers 12, représentent une dernière marque d'hommage à la figure d'Ophélie, soulignant sa douceur et même son imagination (‘grand front rêveur’).

Dans l'ensemble, ces images poétiques contribuent à la glorification d'Ophélie, la présentant comme une figure angélique, aimée et respectée par la nature fantastiquement vivante, qui l’impacte autant qu’elle est impactée.

La nature étant un symbole de pureté et de grandeur pour les poètes, on peut imaginer le personnage d’Ophélie comme étant particulièrement noble et pur pour être digne des émotions de la nature.

A la strophe suivante, le poète poursuit son entreprise de divinisation de la figure d'Ophélie à travers l’image des nénuphars personnifiés, qui expriment une compassion silencieuse envers Ophélie.

Comme pour les saules, ces nénuphars se retrouvent impactés physiquement (‘froissés’) par la mort d’Ophélie ce qui peut rappeler la comparaison de la jeune femme à une fleur ‘flétrie’ dans la pièce de théâtre (scène de la folie). Ensuite, dans le vers 14, Ophélie devient enfin, bien que temporairement, sujet de la phrase, comme si on pouvait retrouver de la volonté dans sa passivité.

Elle a ici un aspect physique sur son environnement (et plus seulement émotionnel) ce qui la sort un peu de cet état fantomatique.

Par la suite, la référence au ‘nid’ dans le vers 15 évoque la naissance et la vie, contrastant avec la mort d'Ophélie qui jusque là dominait toujours le vivant de son environnement car il était lui-même calme, sombre et triste.

Le ‘frisson d’aile’ du même vers contraste aussi avec l’immobilité de la jeune femme ; le poète apporte une note de chaleur au poème.

Enfin, le ‘chant mystérieux’ qui ‘tombe des astres d’or’ (vers 16) enrichit le poème en termes d’atmosphère mystérieuse et fantastique.

A nouveau, le vers est introduit par un tiret, mais le son ici évoqué est celui d’un ‘chant’ contrairement aux hallalis vus précédemment. L’atmosphère conserve alors sa douceur bien qu’il en devienne de plus en plus énigmatique et extraordinaire ; le don de chant est accordé par le poète à la nature.

Aussi la Diérèse insiste sur l’adjectif « Mystérieux ».

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