Ondine - Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
Cette giboulée (puisqu'il y a « lune » et « belle nuit », c'est seulement un nuage qui crève) est immédiatementprésentée comme une fée.
Registre fantastique.
Atmosphère magique, païenne.
Intervention permanente de surnaturel.
Influence des contes et de l'« esprit » germaniques (même époque que Mme de Staël, Nerval.
Cf.
Filles du Feu deNerval).
Cf.
La Lorelei de Heine ; au 20e s., les « nixes aux cheveux verts » d'Apollinaire (Nuit Rhénane dans Alcools).
Rappel certain d'un conte de La Motte-Fouqué : Ondine dont se servira Giraudoux dans sa pièce de théâtre :Ondine.
Marque évidente d'un goût pour l'occultisme, très à la mode alors (cf.
Nerval, Balzac, Hugo...).
Le merveilleux transporte le lecteur dans un Moyen Age assez conventionnel (cf.
Lancelot du Lac et la féeViviane), d'où « robe de moire », « dame châtelaine », « à son balcon » ; (cf.
Nerval : Fantaisie).
Les visions se succèdent :
— la dame,
— le lac,
— les ondins,
— le palais au fond du lac (définition en termes d'alchimie ; allusion aux 4 éléments),
— l'enchanteur (« mon père bat »),
— les fées-sœurs, aux « bras d'écume ».
Sans compter la vision réelle : « l'aulne », « l'écume », « le saule » qui encadrent le lac.
Le maléfice se précise : offre de mariage avec l'Ondine, proposition de « visiter son palais », de devenir « le roi deslacs » (habituelles tentations de tous les contes de fées du Moyen Age : cf.
la cruelle et perfide fée Morgane, le Valsans Retour et la Forêt de Brocéliande des Romans de la Table Ronde, 13e siècle, et des Romans Courtois, cf.
le liedde Schubert : le Roi des Aulnes.
Dernière manifestation magique : le départ de la fée qui « s'évanouit en giboulées » comme d'un coup de baguette.Le sort qu'elle risquait de jeter a été conjuré par la fidélité du poète à son amour : « j'aimais une mortelle ».
Mêmethème de la fidélité que dans le Val sans Retour (13e s.).
L'écriture audacieuse (ex.
: « losanges sonores », « giboulées qui ruisselèrent blanches ») ou caricaturale (« lesaule caduc et barbu qui pêche à la ligne ») ; le rythme musical, le choix des sonorités, la souplesse de la phrase etdu verset (ou strophe) contribuent à créer l'atmosphère envoûtante et le climat poétique.
Conclusion
L'eau et sa douceur musicale, alanguissante, perfide.
Climat féérique.
Prose « dévêtue » à l'origine de celle de Baudelaire dans les Petits Poèmes en Prose.
Merveilleux lyrique rarement atteint dans la poésie française : personnification mythique ; projection dans un passéde rêve ; images hallucinatoires ; mais au départ un phénomène réel.
Une telle prose est aussi poétique que le plus beau vers.
Véritable « alchimie du vers » (Rimbaud).
A.
Bertrand : fondateur du poème en prose, avant d'avoir une lignée de successeurs.
Ex.
: Francis Ponge : Pluiedans Le Parti-Pris des Choses (Gallimard)..
»
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