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Ondine - Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit.

Publié le 22/02/2012

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I. « Ecoute ! Ecoute î C'est moi, c'est Ondine qui frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.  II. « Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l'air.  III. « Ecoute ! Ecoute ! Mon père bat l'eau coassante d'une branche d'aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne ! «  IV. Sa chanson murmurée, elle me supplie de recevoir son anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs. V. Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.  Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit.  
SUJET  Vous ferez de ce texte une explication sous forme de commentaire composé. Vous pourrez vous attacher à montrer l'originalité d'Aloysius Bertrand, en étudiant le personnage d'Ondine, le thème de Veau, les différentes

« Cette giboulée (puisqu'il y a « lune » et « belle nuit », c'est seulement un nuage qui crève) est immédiatementprésentée comme une fée. Registre fantastique. Atmosphère magique, païenne. Intervention permanente de surnaturel. Influence des contes et de l'« esprit » germaniques (même époque que Mme de Staël, Nerval.

Cf.

Filles du Feu deNerval). Cf.

La Lorelei de Heine ; au 20e s., les « nixes aux cheveux verts » d'Apollinaire (Nuit Rhénane dans Alcools). Rappel certain d'un conte de La Motte-Fouqué : Ondine dont se servira Giraudoux dans sa pièce de théâtre :Ondine. Marque évidente d'un goût pour l'occultisme, très à la mode alors (cf.

Nerval, Balzac, Hugo...). Le merveilleux transporte le lecteur dans un Moyen Age assez conventionnel (cf.

Lancelot du Lac et la féeViviane), d'où « robe de moire », « dame châtelaine », « à son balcon » ; (cf.

Nerval : Fantaisie). Les visions se succèdent : — la dame, — le lac, — les ondins, — le palais au fond du lac (définition en termes d'alchimie ; allusion aux 4 éléments), — l'enchanteur (« mon père bat »), — les fées-sœurs, aux « bras d'écume ». Sans compter la vision réelle : « l'aulne », « l'écume », « le saule » qui encadrent le lac. Le maléfice se précise : offre de mariage avec l'Ondine, proposition de « visiter son palais », de devenir « le roi deslacs » (habituelles tentations de tous les contes de fées du Moyen Age : cf.

la cruelle et perfide fée Morgane, le Valsans Retour et la Forêt de Brocéliande des Romans de la Table Ronde, 13e siècle, et des Romans Courtois, cf.

le liedde Schubert : le Roi des Aulnes. Dernière manifestation magique : le départ de la fée qui « s'évanouit en giboulées » comme d'un coup de baguette.Le sort qu'elle risquait de jeter a été conjuré par la fidélité du poète à son amour : « j'aimais une mortelle ».

Mêmethème de la fidélité que dans le Val sans Retour (13e s.). L'écriture audacieuse (ex.

: « losanges sonores », « giboulées qui ruisselèrent blanches ») ou caricaturale (« lesaule caduc et barbu qui pêche à la ligne ») ; le rythme musical, le choix des sonorités, la souplesse de la phrase etdu verset (ou strophe) contribuent à créer l'atmosphère envoûtante et le climat poétique. Conclusion L'eau et sa douceur musicale, alanguissante, perfide. Climat féérique. Prose « dévêtue » à l'origine de celle de Baudelaire dans les Petits Poèmes en Prose. Merveilleux lyrique rarement atteint dans la poésie française : personnification mythique ; projection dans un passéde rêve ; images hallucinatoires ; mais au départ un phénomène réel. Une telle prose est aussi poétique que le plus beau vers. Véritable « alchimie du vers » (Rimbaud). A.

Bertrand : fondateur du poème en prose, avant d'avoir une lignée de successeurs.

Ex.

: Francis Ponge : Pluiedans Le Parti-Pris des Choses (Gallimard).. »

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