« On voit clairement approcher le moment où l'homme de la rue aura son mot à dire touchant les grands problèmes sociaux, nationaux, internationaux, moraux, que soulèvent, depuis peu, certaines des applications de la science. »
Publié le 26/02/2011
Extrait du document
• La science, ses progrès, ses applications et leurs conséquences = problème perpétuellement soulevé en cette fin de XXe siècle.
• C'est qu'il y a implications en de multiples domaines qui n'avaient pas d'abord été soupçonnées : sociaux —« nationaux, internationaux. • ... Et tous avec une portée morale parfois inattendue et plus ou moins inquiétante. • Aussi l'homme de la rue, véritable cobaye inconscient, involontaire, des expériences scientifiques en prend-il peu à peu conscience. • —> Se sentant de plus en plus impliqué...
«
• Cette situation aggrave les défauts, fortifie les qualités, mais, dans tous les cas, elle précise les caractères.
• Autre exemple : la nouvelle organisation et conception du travail, laissant de plus en plus de temps libre aprovoqué une société de loisirs.
Avec les technologies de pointe, elle ne peut que croître.
Mais entraînée dans lecircuit de la commercialisation (on vend des vacances, des circuits touristiques...) et de la publicité, cette sociétéblesse l'âme de ses participants: égoïsme, paresse, stress (surtout en revenant de vacances..., crise «du lundi»après le week-end!).
• Quant aux problèmes internationaux, ils se déchaînent...
— certains très encourageants: fusée Ariane...; contrat de dépollution du Gange ; ou ce remarquable résultat duLuxembourg dans sa reconversion de la sidérurgie —» excellentes incidences morales, parfois nationales ;
— la plupart sont malheureusement tout autres: c'est essentiellement l'application des remarquables découvertesscientifiques à la guerre (exemple: bombe atomique), à la destruction lente de la nature (retombées chimiques surles arbres...) ;
— certains peuples s'insurgent contre la société industrielle et capitaliste, résultat des avances de la science;utilisant les fanatismes, ils veulent rejeter cette société de consommation (Iran) ;
— enfin, certains progrès médicaux ont des retombées morales au niveau mondial: contraception, bébés-éprouvettes, mères porteuses...
• L'homme se trouve donc inclus dans un système où il lui est impossible de revenir en arrière, et où il se trouveimplicitement responsable.
D'où :
II - L'homme de la rue n'a-t-il pas son mot à dire ?
• Il a son mot à dire sur ce qui le touche directement dans son être (médecine...), son environnement (pollution...),sa liberté (aliénation...), sa pensée (conditionnement...), sa vie (fûts de Sévéso,...
guerre, bien sûr...).
• ...
sur ce qui le gêne (vie courante.
Exemple: «bouchons»...), l'effraie (exemple: nucléaire...), l'intéresse ou qu'ildésire (robotique, informatique, plantes, animaux...).
• Mais est-il compétent pour le dire ?
• Certes, de plus en plus, le savoir se répand auprès de tous dans le monde occidental par l'instruction obligatoire,les livres et journaux, les radios, T.V....
• Or, quelle est la qualité de ce savoir? Est-il approfondi?
• Trop souvent il est parcellaire (exemple : la revue Lire qui pourtant se pique d'intellectualisme et qui est unensemble de morceaux choisis des nouvelles parutions).
• Les connaissances sont vulgarisées dans le mauvais sens du terme, c'est-à-dire non pas répandues auprès du plusgrand nombre (ce qui est bien), mais comme vendues en petits comprimés (on en fait même la réclame).
• —» Elles répandent des idées toutes faites.
Or il n'est rien de plus dangereux.
(Voir Bayle: Pensées sur la Comète,1682.)
• On part de gloses sur le fait et non du fait proprement dit, ce que Fontenelle déjà attaquait comme erreur depensée, au XVIIIe siècle dans l'Histoire des Oracles et en particulier dans le célèbre épisode sur « la dent d'or » :
« Assurons-nous bien du fait avant que de nous inquiéter de la cause ; [...] nous éviterons le ridicule d'avoir trouvéla cause de ce qui n'est point.
»
• Les programmes scolaires qui touchent à presque toutes les connaissances nous apportent un petit savoir detout, plus ou moins assimilé.
Mais rien n'est véritablement vu en profondeur.
Ne serait-ce pas un peu comme l'«honnête homme» du XVIIe siècle ou plutôt comme ce que réclame Clitandre dansLes Femmes savantes (Molière) pour l'éducation des femmes : « une teinture de tout » ?
• Peut-on, dans ces conditions, juger convenablement certains apports scientifiques ou techniques ?
• Or, si on ajoute à ce demi-savoir, l'illusion d'être au courant, d'être bien informé et que l'on s'accroche avecvéhémence et vanité à ces prétendues connaissances, on ressemble aux philosophes (!) de Molière ou au vieuxguerrier de Montesquieu (Lettres persanes) prétendant donner ses solutions de tout..
»
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