« On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées. » Molière, L'Amour médecin, Avertissement aux lecteurs Que pensez-vous de cette affirmation ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus, les œuvres étudiées en classe, vos lectures personnelles et votre expérience du spectacle.
Publié le 06/01/2013
Extrait du document
sautés ou bien transformés, sinon, il y a même parfois des anachronismes. C’est le cas lorsque
Sganarelle se déguise en médecin et se met à danser. La danse proposée par Daniel Meguish n’a rien du
XVIIème siècle mais a plutôt des points communs au rap du XXème siècle. Par contre, la deuxième mise
en scène, celle de Robert Manuel y est totalement fidèle. Cette multiplicité de mises en scène a conduit
Ionesco à une réflexion sur leur qualité. « Un metteur en scène vaniteux voulant imposer « sa
personnalité « n’a pas la vocation d’un metteur en scène «, a-t-il écrit dans « Sur Les Chaises, lettre au
premier metteur en scène (1951-1952) «. La mise en scène est donc un travail très délicat car il s’agit de
représenter une oeuvre qui n’est pas la sienne. Et l’auteur ne dit pas tout de la manière dont il faut
représenter son oeuvre.
«
C’est au metteur en scène d’interpréter le texte et d’imaginer les moindres gestes qui l’accompagne.
Ce
que nous pourrons appeler les gestes cachés par le texte.
Dans la pièce Le Tartuffe ou l’Imposteur de
Molière, Acte III scène 7, il n’y a aucune didascalie qui guide la réplique suivante de Tartuffe : « Le seul
penser de cette ingratitude / Fait souffrir à mon âme un supplice si rude… / L’horreur que j’en conçois…
J’ai le cœur si serré / Que je ne puis parler, et crois que j’en mourrai.
» Or, dans les indications de mise
en scène de Roger Planchon, nous avons des détails de jeu tels que : « Douloureux.
Il avait une sorte de
hoquètement.
On le sentait sur le point de vomir.
Dans un sanglot Orgon inclinait la tête sur l’épaule de
Tartuffe.
» pour montrer que c’est justement cette hypocrisie de Tartuffe que Molière veut dénoncer.
Nous pouvons donc remarquer que cette façon de mettre en scène en mimant la vie non seulement grâce
aux mots mais aussi aux gestes et aux émotions, constitue un véritable moyen de mimer les défauts des
hommes et d’en rire pour les corriger.
De plus, les émotions, censées être éprouvées par les acteurs, ne sont pas toujours visibles dans les
didascalies.
C’est le metteur en scène qui va les préciser et donner ainsi, d’une
part, au jeu des acteurs une apparence de spontanéité et, d’autre part, aux spectateurs l’illusion du réel.
Dans Dom Juan de Molière, mis en scène par Robert Manuel, nous avons un jeu remarquable du
personnage principal lorsqu’il fait semblant d’être l’homme converti devant son père Dom Luis.
Il est à
genoux devant ce dernier, les cheveux coupés (auparavant, il les avait très longs et frisés), dans un habit
noir imitant presque celui d’un prêtre.
Il parle de son passé avec un air tout repenti, les yeux en larmes.
Et
lorsque son père le quitte, tout soulagé, rassuré, et que, lui, Dom Juan, il éclate de rire pour se moquer
de celui qu’il vient de tromper, le spectateur peut mesurer le pouvoir de son hypocrisie.
D’ailleurs, le
personnage fait tout de suite après l’éloge de cette hypocrisie.
Apparemment, la représentation sur scène
d’une œuvre théâtrale est un moyen efficace pour faire passer le message.
Cependant, le metteur en
scène a d’abord été lecteur avant d’être metteur en scène.
Sa mise en scène provient de sa lecture du
texte et de son interprétation personnelle.
Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait de multiples mises en scène sur une même pièce théâtrale.
La mise
en scène de Dom Juan de Molière par Daniel Meguish est nettement différente de celle de Robert
Manuel.
La première décale fortement du texte : des passages de ce dernier sont carrément
sautés ou bien transformés, sinon, il y a même parfois des anachronismes.
C’est le cas lorsque
Sganarelle se déguise en médecin et se met à danser.
La danse proposée par Daniel Meguish n’a rien du
XVIIème siècle mais a plutôt des points communs au rap du XXème siècle.
Par contre, la deuxième mise
en scène, celle de Robert Manuel y est totalement fidèle.
Cette multiplicité de mises en scène a conduit
Ionesco à une réflexion sur leur qualité.
« Un metteur en scène vaniteux voulant imposer « sa
personnalité » n’a pas la vocation d’un metteur en scène », a-t-il écrit dans « Sur Les Chaises, lettre au
premier metteur en scène (1951-1952) ».
La mise en scène est donc un travail très délicat car il s’agit de
représenter une œuvre qui n’est pas la sienne.
Et l’auteur ne dit pas tout de la manière dont il faut
représenter son œuvre.
Le problème de la mise en scène se pose ainsi sur la représentation des non-dits.
Ionesco va plus loin
dans ses « Notes sur le théâtre » (1953).
Il se demande : « …comment représenter le non-représentable
? Comment figurer le non-figuratif, non figurer le figuratif ? » En effet, ce sont des situations de la vie des
êtres humains qui sont jouées sur scène et nous savons bien que les êtres humains sont très
compliqués.
Un geste, un mot, un déplacement de l’être humain ne peut pas toujours être compris dans
toute sa signification,
pour qu’on le représente avec toutes les explications que cela demande.
C’est pourquoi il n’est pas
toujours évident de trouver le juste milieu qui permette de ne pas s’éloigner de l’objectif de l’auteur.
Par
ailleurs, l’auteur, lui -même, a recomposé les situations de la vie qu’il présente dans son œuvre.
Ce sont
donc des personnages qu’il a fabriqués et un événement qu’il a monté.
Ce décalage avec le réel pose en.
»
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