« on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? […] Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous » Kafka
Publié le 13/08/2012
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- La Mort est mon métier, Robert Merle, 1952 : La mort est mon métier est une biographie romancée de Rudolf Höß le commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale Le paradoxe réside dans le coté "captivant" du livre qui se dévore littéralement alors qu'il raconte des choses inimaginables, inconcevables Le parcours de l'homme est entièrement décrit, depuis son enfance. On voit progressivement le personnage glisser dans l'horreur. Ce livre nous fait réfléchir sur un homme, banal, presque médiocre, en un mot : ordinaire, placé dans une situation elle extraordinaire. Petit à petit, on voit comment la monstruosité est terriblement humaine. Comment l'horreur, le pire est parfois dans les hommes. Le fait que ce récit soit raconté à la première personne met le lecteur dans une situation délicate : comment comprendre et écouter cet homme ?
«
- Je suis noir et je n'aime pas le manioc, Gaston Kelman, 2005 : Gaston Kelman a ici rédigé un témoignage sur la condition d'être noir dans la société française.
Ilnous livre sa propre perception des Français d'origine africaine ou Africains de culture française, regrettant parfois d'être lui-même incompris par les autres noirs.Pour lui, un noir est un blanc à la peau foncée.
Avec des formules piquantes, Gaston Kelman pointe les a priori que partagent les blancs comme les noirs.- La poésie de la négritude : La négritude est un courant littéraire et politique, créé après la seconde Guerre mondiale, rassemblant des écrivains noirs francophones,dont Aimé Césaire (Cahier d'un retour au pays natal) et Léopold Sédar Senghor (Éthiopiques)pour les plus connus.
D'après Senghor, la négritude est « l'ensemble desvaleurs culturelles de l'Afrique noire ».
Selon Senghor: « La négritude est un fait, une culture.
C'est l'ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles,morales, artistiques et sociales des peuples d'Afrique et des minorités noires d'Amérique, d'Asie et d'Océanie.
» Pour Césaire, « ce mot désigne en premier lieu le rejet.Le rejet de l'assimilation culturelle ; le rejet d'une certaine image du Noir paisible, incapable de construire une civilisation.
Le culturel prime sur le politique.
».
Cemouvement littéraire a choisi de lutter contre les préjugés et de monter au monde la richesse culturelle du peuple africain.
3°) Un livre doit choquer son lecteur en le déstabilisant afin qu'il réfléchisse par lui-mêmeEx : - Une Saison de machettes, Jean Hatzfeld, 2003 : L'auteur y rapporte des témoignages de tueurs du génocide rwandais condamnés pour leurs actes.
Hatzfeld s'esttout d'abord entretenu avec des rescapés, dont il rapporte les propos dans Le nu de la vie, puis s'est intéressé à la manière dont les tueurs ont vécu le même événement,en partie suite à des questions de lecteurs.
Un ami et interprète rwandais lui a donné l'idée de rencontrer des prisonniers condamnés à de longues peines, quiparleraient plus volontiers que des personnes en liberté et l'a mis en contact avec un groupe d'hommes qu'il connaissait avant le génocide.
Hatzfeld les a rencontrés enprison en 2001 et 2002.
Ce livre est déstabilisant dans la mesure où il est difficile d'écouter la voix du bourreau.
Néanmoins, il permet au lecteur de se forger sapropre opinion en écoutant les deux partis.
- La Mort est mon métier, Robert Merle, 1952 : La mort est mon métier est une biographie romancée de Rudolf Höß le commandant du camp de concentration etd'extermination d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale Le paradoxe réside dans le coté "captivant" du livre qui se dévore littéralement alors qu'il racontedes choses inimaginables, inconcevables Le parcours de l'homme est entièrement décrit, depuis son enfance.
On voit progressivement le personnage glisser dansl'horreur.
Ce livre nous fait réfléchir sur un homme, banal, presque médiocre, en un mot : ordinaire, placé dans une situation elle extraordinaire.
Petit à petit, on voitcomment la monstruosité est terriblement humaine.
Comment l'horreur, le pire est parfois dans les hommes.
Le fait que ce récit soit raconté à la première personnemet le lecteur dans une situation délicate : comment comprendre et écouter cet homme ?
[6]Ainsi, une œuvre littéraire, ainsi que l'affirmait Kafka, va à l'encontre de toute résignation par rapport aux différentes injustices et atrocités que l'on peut voir depar le monde.
Le livre met certes le lecteur au courant mais surtout l'encourage à agir, et ce quel que soit le sujet[7].
Mais ce point de vue peut être discutable dans lamesure où ce qui semble le plus souvent guider le lecteur dans ses choix littéraires, c'est le plaisir.
Le lecteur cherche à se divertir, que ce soit en recherchant desémotions fortes ou en rêvant à un monde bien différent de celui dans lequel il vit.
[8]
II – Les autres fonctions de la littérature : le divertissement
A – Le rôle d'un livre est avant tout de divertir le lecteur en suscitant des émotions fortes chez lui
1°) Une œuvre littéraire peut chercher à faire rire son lectoratEx : Jeeves, P.J.
Woodhouse : Jeeves, Dans une Angleterre éternelle peuplée de jeunes filles énergiques et épuisantes, de tantes redoutables, d'oncles débonnaires etpassifs, de toute une galerie de personnages excentriques, domine la figure de Jeeves, le génial et flegmatique majordome du narrateur Bertie Wooster, jeunecélibataire oisif et écervelé qui a l'art de se fourrer dans des situations inextricables.
Ce sommet de l'humour anglais a enthousiasmé des générations de lecteurs, et ainspiré à un critique ce commentaire définitif : " Il n'y a que deux sortes de lecteurs de Wodehouse, ceux qui l'adorent et ceux qui ne l'ont pas lu.
" Le plaisir dulecteur ne réside ici que dans l'histoire drôlatique du fameux héros de Woodhouse
- Zazie dans le métro, Queneau, 1959 : Zazie vient rendre visite à son oncle à Paris.
Le métro parisien est malheureusement en grève, ce qui force l'oncle Gabriel etsa nièce à se déplacer à pied.
Et c'est grâce à cette promenade improvisée que nos deux héros vont rencontrer des personnages insolites, à travers lesquels on découvreune Zazie débrouillarde et extravertie qui n'a pas la langue dans sa poche...
L'humour qui ressort autant de l'histoire que du langage employé (le fameux «- Alors ?Pourquoi tu veux l'être, institutrice ? - Pour faire chier les mômes.») permettent au lecteur de s'amuser à la lecture de ce roman.
2°) Une œuvre littéraire peut chercher à susciter la peur, l'angoisse chez son lecteurEx : - Dragon rouge, Thomas Harris, 1992 : À un mois d'intervalle, deux familles entières sont massacrées à leur domicile, l'une à Birmingham, l'autre à Atlanta.Jack Crawford, chef du département des Sciences du comportement du FBI, charge Will Graham de trouver celui que la presse a baptisé "le Dragon rouge".
Par lepassé, Graham a montré une aptitude incroyable à se mettre dans la peau d'un psychopathe en arrêtant le Dr.
Hannibal Lecter, un assassin bestial.
Il consulte doncLecter, désormais emprisonné à vie, pour comprendre et analyser les comportements du tueur.
Il constate qu'il a sévi la première fois un soir de pleine lune, et laseconde un jour avant la fin du mois lunaire.
Le FBI a donc un peu plus de trois semaines pour mettre fin à ce carnage.
Dans ce premier roman, Harris met en placeles protagonistes que l'on retrouve dans Le Silence des agneaux, puis dans Hannibal.
Cette histoire très "gore" présente des déviances psychologiques telles que lelecteur en sort irrémédiablement bouleversé.
- L'Aliéniste, Caleb Carr, 1996 : 1896, New York.
Le meurtre abominable d'un jeune garçon de 14 ans, travesti et prostitué, vient d'avoir lieu.
John Moore,journaliste, retrouve son ami Théodore Roosevelt, préfet de la ville, et le docteur Laszlo Kreisler, sur les lieux du crime.
Au delà de l'horreur, ce dernier vient grossirune longue série de meurtres très semblables...
Ce roman, particulièrement cru dans ses descriptions, tient le lecteur en haleine.
L'angoisse suscitée est ainsi levéritable moteur de l'intrigue.
B – Le rôle d'un livre est également de divertir le lecteur en le sortant de son quotidien1°) Une œuvre littéraire vise à nous faire voyagerEx : Le Tour du monde en 80 jours, Jules Verne, 1872 : Le roman raconte la course autour du monde d'un gentleman anglais, Phileas Fogg, qui a fait le pari d'yparvenir en 80 jours.
Il est accompagné par Jean Passepartout, son serviteur français.
L'ensemble du roman est un habile mélange entre récit de voyage (traditionnelpour Jules Verne) et données scientifiques comme celle utilisée pour le rebondissement de la chute du roman.
Ce voyage extraordinaire est rendu possible grâce à larévolution des transports qui marque le XIXe siècle et les débuts de la révolution industrielle.
L'apparition de nouveaux modes de transport (chemin de fer, marine àvapeur) et l'ouverture du canal de Suez en 1869 raccourcissent les distances, ou du moins le temps nécessaire pour les parcourir.
Il permet surtout au lecteur del'époque de découvrir de nouveaux mondes, de voyager dans son salon !2°) Une œuvre littéraire permet de nous évader en nous confrontant à des personnages hors du commun, différents de nousEx : - L'Énéide, Virgile,- L'Odyssée, Homère,Ces fameuses épopées de l'Antiquité mettent à l'épreuve ces deux héros du communs, Ulysse et Énée, qui se battent contre Gorgones, Harpies, Furies et tempêtes afind'accompli leur destin.
Ces héros hors normes transcendent la vision de l'homme qui peut, d'une certaine façon, devenir l'équivalent des dieux..
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