Olivier MERLIN: Sylvain Saudan dans l'Himalaya Le « Skieur de l'Impossible »
Publié le 25/02/2011
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Le «skieur de l'impossible«, Sylvain Saudan, va s'attaquer, en novembre prochain, à un «7000 « de la chaîne himalayenne du Cachemire : Le Nun Kun. Il ne le gravira pas en alpiniste avec un échelon lourd d'une centaine de sherpas, mais avec un commando ultraléger de cinq compagnons, car la seule performance qui l'intéresse est de descendre du sommet à skis. Spécialiste des descentes à tombeau ouvert sur des pentes de neige inclinées à 45° et même 50°, vainqueur du couloir Marinelli au mont Rose, du couloir Gervasutti au mont Blanc du Tacul, du couloir Whymper à l'Aiguille Verte, de la face nord-ouest de l'Eiger et aussi du mont Mac-Kinley en Alaska, Sylvain Saudan est venu présenter, dans une salle de projection de l'avenue Hoche, le film de son dernier exploit dans le massif du Mont-Blanc : la descente de la face sud — versant italien — des Grandes Jorasses. Ce film hallucinant de quarante minutes, tourné le plus souvent d'un hélicoptère en vol stationnaire, vous met en permanence la poire d'angoisse dans la gorge. L'impression qui domine sur la fin, quand Saudan atteint les toits de Courmayeur, après avoir dévalé pendant huit heures parmi les crevasses et les plaques de glace, est la stupeur — plus encore que l'admiration. Car la lumière revenue, le petit homme aux jarrets de chamois est là, en chair et en os, devant l'écran de projection, et le voir répondre tout tranquillement aux questions de ceux qui lui demandent s'il a peur « en haut « est une autre curiosité. « Je n'ai pas peur exactement, dit-il de sa voix douce. Mais je sais bien que le premier virage est le plus dur moralement. Après, c'est le point de non-retour et je suis parfaitement conscient que la pente est phénoménale...« Le «skieur de l'impossible«, basé aujourd'hui à Chamonix, va avoir quarante ans. Son mobile essentiel — il l'avait confié lors de sa performance à l'Eiger, en mars 1970 — est le « besoin de se mesurer «. Il possède aussi sur le plan sportif la certitude de n'être nullement un «cascadeur«, comme on le lui a reproché, mais le meilleur improvisateur « tous terrains « sur les pentes les plus exposées, fortifié par une absence totale de vertige. Où s'arrêtera Sylvain Saudan? « Si je réussis au Nun-Kun, avoue-t-il, j'essaierai un 8000...« Olivier MERLIN, Le Monde du 11-9-1976. sujets au choix 1) Vous êtes reporter, vous posez des questions à Sylvain Saudan qui vous répond. Imaginez. 2) On parle de «Skieur de l'impossible«, un alpiniste parlait de «conquérant de l'inutile «. Qu'est-ce qui pousse d'après vous les hommes à se mesurer ainsi à la nature? 3) Ordonnez les impressions que ce texte vous inspire.

«
— En novembre, ce sera l'Himalaya et un 7000 mètres!
— Oui l'Himalaya, encore un symbole!
— Vous allez les chercher bien haut!
— En cherchant encore je dois pouvoir trouver mieux! Cela dit, et pour être sérieux, je pense réaliser là un record devitesse.
La pente est de 50°, de meilleure qualité, je pourrai tout concentrer sur la vitesse.
— N'est-ce pas chaque fois votre souci principal?
— Non, je ne pense pas.
Ce qui me passionne c'est l'équilibre (sans jeu de mots!) de tous ces éléments, vitesse,pente, accidents du relief, un ensemble de risques, de dangers à braver, de difficultés à vaincre, une par une outoutes à la fois, souvent à un rythme imprévisible et chaque fois exaltant.
— Vous aimez multiplier les risques...
— J'aime le RISQUE.
»
Sujet 2
Si l'on s'en tient strictement aux termes du sujet il n'est question ici que des sportifs qui se mesurent à lamontagne.
Il est permis d'élargir la réflexion à d'autres formes de sports et même de considérer que très souvent leshommes se mesurent moins à la nature qu'à eux-mêmes, dans le souci de se dépasser.
Voici quelques éléments deréflexion autour de ces trois points : 1) L'HOMME et la montagne : — Les grands sommets sont naturellement et symboliquement les manifestations visibles les plus hardies de lanature : ils défient les hommes par leur beauté orgueilleuse et inaccessible. — Réclamant de ses conquérants une farouche énergie vitale, la montagne sait aussi donner la mort : l'arrogancedes hommes est à la fois excitée et punie par elle. — Aucun sport ne mêle à ce point le sens de la BEAUTÉ et celui du RISQUE. — Une et variée à l'infini, la montagne permet d'aller toujours plus loin dans l'audace et l'effort (voir le texteproposé). 2) L'HOMME et l'exploit : — Tout sport de compétition implique la lutte de l'homme contre les limitations qu'impose la nature : pesanteur,résistance de l'air, de l'eau. — Dans sa conception la plus haute, le sport est le domaine de l'inutile, il est désintéressé (sur ce plan, hélas! leschoses ont beaucoup évolué!)3) L'HOMME et le dépassement de soi. — L'idéal sportif est inséparable de l'idée de dépassement de soi, c'est-à-dire de la volonté d'affirmer les possibilitéshumaines poussés jusqu'à leurs plus extrêmes limites. Sujet 3 • Les impressions que ce texte peut faire naître en vous ne sont sans doute pas étrangères aux idées évoquées àpropos du sujet n° 2. • Vous pouvez les assortir de réactions plus personnelles, évoquer votre expérience personnelle, vécue ou livresque. • Toutes les associations d'idées sont permises : avec d'autres formes d'exploits dangereux, automobiles outauromachiques par exemple. • Tous les jugements sont légitimes : on peut admirer Sylvain Saudan ou le trouver d'une inconscience frisant lafolie suicidaire!. »
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