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OEdipe et son complexe, l'interprétation psychanalytique d'OEdipe roi

Publié le 30/07/2014

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oedipe
De même que le mythe s'est confondu avec sa version théâtrale, de même
cette dernière s'est confondue avec le« complexe« dont elle serait l'illustration.
Qu'en est-il exactement ? Dans quelle mesure le regard de Freud
a-t-il permis de mieux comprendre la pièce ? Quelles sont les limites d'une
telle interprétation ?

oedipe

« E X P 0 S É S F C H E S face de ce désir se dresse le père, objet du désir de la mère.

Père ambivalent, à la fois aimé, admiré car désiré par la mère mais, pour cette même raison, simultané­ ment jalousé, car se posant en rival.

Un double mouvement contradictoire anime donc l'enfant à l'égard de son père.

Mouvement d'identification qui le pousse à vouloir prendre la place du père auprès de sa mère.

Ce processus qui façonne dura­ blement la personnalité de lenfant et se déroule entre trois et cinq ans, pendant la «phase phallique» qui désigne chez Freud la dernière étape de l'évolution de la vie psychique, on le retrouve chez Sophocle : « Le roi Œdipe, tuant son père Laïos et épousant sa mère Jocaste, ne fit rien d'autre que satisfaire un désir - le désir de notre enfance», écrit Freud dans L'interprétation des rêves.

Plaisir et culpabilité Œdipe est donc un double du spectateur, frère qui franchirait l'interdit et pos­ séderait la mère.

Plaisir.

Mais en même temps, le châtiment d'Œdipe, sa mutilation et son exil, apparaissent comme la punition d'une faute, ici un désir qui doit être refoulé.

La pièce donne donc à voir un désir interdit et son châtiment, suscitant chez le spectateur le sentiment de culpabilité qui l'a accompagné durant toute la phase œdipienne de son enfance:« ce roi, en qui les désirs primitifs de l'enfance ont trouvé leur pleine satisfaction, nous fait horreur» (L'interprétation des rêves).

Ce châtiment, il est clair pour !'analyste, c'est la castration, hantise de l'enfant et dont la cécité n'est qu'une modalité substitutive .

....

Ill -LIMITES D'UNE TELLE INTERPRÉTATION Limites historiques Freud, selon J.-P.

Vernant dans son article « Œdipe sans complexe» (in Mythe et tragédie), commettrait deux erreurs : d'une part, il confond le mythe et la tragé­ die, négligeant le premier et les rapports entre la pièce et la légende.

Ces rapports ne sauraient être occultés par qui prétend interpréter le drame.

D'autre part, il ne tient pas compte de la distance qui nous sépare du ye siècle.

Plaquant sur la situa­ tion dramatique une psychologie qui ne prend en compte ni la langue, ni le contexte historique, ni les mentalités qui éclairent le personnage.

Limites anthropologiques Elle souligne l'ethnocentrisme de l'explication psychanalytique.

Oubliant que le « complexe d'Œdipe » ne vaut - si toutefois il vaut quelque chose -que dans une société de type occidental, reposant sur le modèle familial que celle-ci a développé.

Limites littéraires La dernière objection tient à la pièce elle-même.

À aucun moment celle-ci ne mentionne les sentiments d'Œdipe envers ses parents ni d'ailleurs ceux de Jocaste.

En outre, Œdipe tue son père et épouse sa mère en toute méconnaissance de cause.

Enfin, jusqu'à l'arrivée du messager, Œdipe croit que Polybe et Mérope sont ses parents et refuse pour cela de retourner à Corinthe.

Conclusion: Malgré les réserves qu'elle suscite, l'interprétation freudienne a un double mérite : elle enrichit notre lecture, éclaire certains épisodes du drame et surtout, par l'abondante bibliographie qu'elle a suscitée, elle est devenue à son tour un mythe.

Mythe scientifique et mythe intérieur.

22 Lidi&i. »

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