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Obsession de la mort et précarité de l'homme

Publié le 27/03/2015

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Que ce soient la jungle répugnante et dévoratrice de La Voie royale, les pesan­teurs millénaires qui écrasent le peuple chinois, l'exploitation des ouvriers espa­gnols ou des coolies chinois, il existe des puissances redoutables autour de l'homme qui rendent à chaque instant son anéantissement probable et plus encore mettent en danger l'affirmation de son humanité. Peut-on résister à la maladie, à la vieillesse mais aussi à la torture, à l'esclavage, au viol ? Ces questions reviennent de façon obsessionnelle dans les romans. C'est que Malraux n'est pas assuré de la

« E X P 0 S É S F C H E S réponse.

Dans La Condition humaine, Konig a« pleuré comme un veau» quand on lui a enfoncé des clous dans les épaules, Garine garde en lui comme une blessure inguérissable ce viol qu'il raconte à la fin des Conquérants, dont il a été le specta­ teur, et peut-être la victime ...

L'humiliation, thème que Malraux reprend à Dos­ toïevski, est l'expression de ce doute fondamental sur la capacité de l'homme à s'affirmer contre les puissances d'écrasement.

L'homme lui-même est «précaire », comme le dit le titre de son ultime écrit : L'Homme précaire et la littérature .

....

Il -L'EXPÉRIENCE DE LA PRÉCARITÉ HUMAINE L'homme incertain «Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature? Un néant à l'égard de l'in­ fini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout.

..

»(Pensée 72).

Cette phrase de Pascal pourrait servir d'introduction à l'œuvre de Malraux, qui lui fait écho dans ce dialogue des Noyers de l 'Altenburg : « -On peut concevoir une permanence de l'homme mais c'est une permanence dans le néant.

-Ou dans le fondamental ? » Ces deux citations expriment tout d'abord l'idée que l'individu est une énigme pour lui-même, mais aussi qu'il est un « intervalle », une réalité qui ne peut être définie autrement que par comparaison avec des absolus auxquels il n'a pas accès.

Enfin elles indiquent à quel point l'homme est« précaire», puisqu'il ne peut accé­ der à aucune certitude.

Aussi ne peut-il affirmer et s'affirmer lui-même.

Plus qu'absurde, la condition humaine revêt le caractère de l'incertitude.

L'indépassable condition tragique Pascal se détache de cette situation par la découverte de Dieu.

Son interrogation est d'autant plus pressante et angoissante qu'il offre la possibilité à l'homme d'y échapper.

Malraux ne dépasse jamais cet état initial.

Chez lui, l'interrogation ne peut recevoir aucune réponse, au contraire !'existence humaine est la reformulation à l'infini de cette « mise en question du monde ».

En ce sens, on peut parler de condition tragique.

Les personnages de Malraux sont pour une part d'eux-mêmes des possibilités explorées à partir de cette incertitude originelle.

Ils vivent chacun à leur manière cette interrogation, ils ont en commun, pour les principaux, de ne jamais y renon­ cer.

Mais ils se différencient par la lucidité dont ils font preuve à l'égard de cette interrogation.

L'affirmation de la vie L'homme, « ce milieu entre rien et tout », échappe à la définition.

Pourtant, il existe, il est vivant.

Lorsque Kyo s'interroge sur lui-même, il se ressent comme une intensité, c'est-à-dire une énergie, une puissance.

Admirateur de Nietzsche, Malraux retrouve les mêmes intuitions : l'existence est expression vitale, énergie, qui s'exerce en dépit de tout.

C'est pourquoi Perken, dans un geste dément, s'avance vers les Moï* dans une ultime volonté de vivre, lui qui affirmait: «Ce n'est pas pour mourir que je pense à ma mort, c'est pour vivre» -de même que Garine peut dire qu' «une vie ne vaut rien, mais que rien ne vaut la vie».

Comme pour Nietzsche, ce qui subsiste et résiste à !'absurde, c'est la vie.

La question est alors de savoir ce que l'on peut en faire.

LES ROMANS DE MALRAUX =:Ifil]. »

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