Objet d’étude : La poésie du XIXe au XXIe siècle. Support : Cahier de Douai, Arthur Rimbaud. Cahier de Douai d’Arthur Rimbaud
Publié le 21/02/2024
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Objet d’étude : La poésie du XIXe au XXIe siècle.
Support : Cahier de Douai, Arthur Rimbaud.
Cahier de Douai d’Arthur Rimbaud
– aussi connu sous les titres Cahier de Douai, « Recueil Demeny » ou Recueil
de Douai – 22 poèmes, de « Première soirée » à « Ma Bohème » (Fantaisie) ».
Parcours : « Emancipations créatrices ».
Problématiques liées au parcours associé :
➢ Quelle est la part d’innovation et la part d’héritage dans un recueil
poétique ?
➢ Quel regard un artiste jette-t-il sur sa jeunesse ?
➢ Faut-il se révolter pour devenir un artiste ?
➢ Peut-on réellement s’émanciper de ce que l’on a appris ?
Le terme d’émancipation suppose une libération : l’enfant peut s’émanciper de
la puissance paternelle pour devenir un homme / l’esclave, de l’autorité d’un
maître pour devenir un affranchi.
Il y a donc dans l’émancipation à la fois la
volonté d’être soi-même, de se construire, mais en même temps un lien avec
les autres, avec le passé, avec une histoire et une façon de passer, qu’il est
nécessaire de défaire.
Le terme émancipations est au pluriel.
Il faut donc envisager que l’on puisse se
défaire de plusieurs formes de contraintes pour devenir un artiste, un créateur.
Il peut s’agir de contraintes familiales (opposition de la famille, modèle imposé
par la famille), sociales (valeurs dominantes), littéraires (influence des artistes
antérieurs).
S’émanciper, c’est aussi, au sens figuré, se libérer de la pensée dominante de
la société dans laquelle on vit, de ses préjugés, et de ses injustices.
S’émanciper, c’est se défaire d’une dépendance.
Avant de tourner le dos aux
modèles du passé, le poète commence par rendre hommage à ceux qu’il
admire, à jouer avec leurs codes et leurs valeurs.
La parodie est une
transformation du texte (changement de registres, de formes, de valeurs) à des
fins comiques, satiriques ou encore philosophiques.
L’effet comique vient du
décalage par rapport au modèle.
Le titre Cahiers de Douai a été donné par la critique et les éditeurs, pas par
Rimbaud lui-même.
On parle parfois du « Recueil Demeny ».
1854 : une enfance austère.
- C’est à Charleville, dans les Ardennes, que naît, le 20 octobre 1854, Jean
Nicolas Arthur Rimbaud.
Charleville connaît un important développement
pendant la révolution industrielle avec l’industrie métallurgique.
Le chemin de
fer y parvient en 1858.
- Son père était capitaine ; rapide séparation entre le père et la mère
prénommée Vitalie.
Rigide, pieuse et soucieuse de respectabilité, Vitalie
Rimbaud rend le climat familial étouffant.
1861 : un élève brillant.
- Personne n’ignore le caractère précocement brillant de ce jeune élève de
l’Institut Rossat, excellent établissement où il est placé jusqu’à son entrée en
6e au collège de Charleville.
Ses années d’études sont rythmées par des prix,
nombreux – jusqu’à sa nomination au concours académique en 1869 –, et par
sa virtuosité en langue latine.
Rimbaud écrit des premières pièces, en vers
latins et français.
Il remporte en 1869 le premier prix au concours académique
de vers latins.
Il obtient de nombreux prix là encore, de version, de discours latin, et compose
même une œuvre de quarante-six hexamètres dactyliques.
Intelligence vivace, mais
déjà inquiétante ; un de ses professeurs dit de lui, alors qu’il n’est qu’en 4e : «
Intelligent, tant que vous voudrez, mais il a des yeux et un sourire qui ne me plaisent
pas.
Il finira mal.
En tout cas, rien de banal ne germera dans cette tête : ce sera le
génie du bien ou du mal.
»
Les critiques s’accordent pour désigner Georges Izambard comme le catalyseur de
la vocation poétique du jeune Rimbaud.
Ce professeur de rhétorique arrive de Paris
en 1870 pour remplacer le professeur de rhétorique du collège de Charleville, et une
relation se développe, vive, entre les deux hommes.
Arthur Rimbaud, dont le père est
tellement absent que sa mère se fait appeler « Veuve Rimbaud », voit en Izambard
ce qu’il souhaite ardemment devenir : un poète.
Son professeur possède une
bibliothèque personnelle bien plus fournie que celle du collège, et il lui prête de
nombreux livres que Rimbaud, passionné de lectures, dévore.
Sa mère, stricte au
possible, écrira d’ailleurs à Izambard pour lui demander de surveiller les lectures qu’il
conseille à son fils, qu’elle juge dangereuses.
Et notamment une oeuvre qu’elle
désapprouve, Les Misérables de Victor Hugo.
Le seul véritable danger de ces lectures est de susciter chez le jeune homme un
désir d’écrire plus puissant encore, qui trouve sa première réalisation dans le poème
« Les Étrennes des orphelins », publié le 2 janvier 1870 dans La Revue pour tous,
puis dans trois poèmes envoyés à Théodore de Banville, grand sujet d’admiration de
Rimbaud : « Par les beaux soirs d’été… », qui deviendra « Sensation » ; « Credo in
unam… », version antérieure de « Soleil et chair », et « Ophélie ».
-
Encouragé par son professeur Izambard, Rimbaud publie ses premiers
poèmes en 1870.
En août, première fugue jusqu’à Paris où il est arrêté.
Libéré
en septembre grâce à l’intervention de Izambard, il est hébergé à Douai.
Il en
profite pour recopier ses poèmes dans un cahier et le confie à Demeny, jeune
poète.
- Arthur Rimbaud avait demandé à Paul Demeny de détruire les Cahiers de
Douai.
Dans une lettre, il lui écrivit :
Brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à
Douai.
Demeny ne suivit pas les instructions de Rimbaud et les poèmes furent
retrouvés des années plus tard.
La lettre ci-contre d’Arthur Rimbaud à Théodore de Banville est à lire comme son
autoportrait au moment où il écrit les poèmes qui constitueront
Les Cahiers de Douai.
Charleville (Ardennes), le 24 mai 1870.
« Cher Maître,
Nous sommes aux mois d’amour ; j’ai dix-sept ans.
L’âge des espérances et des
chimères, comme on dit, – et voici que je me suis mis, enfant touché par le doigt de
la Muse, – pardon si c’est banal, – à dire mes bonnes croyances, mes espérances,
mes sensations, toutes ces choses des poètes – moi j’appelle cela du printemps.
Que si je vous envoie quelques-uns de ces vers, – et cela en passant par Alph.
Lemerre, le bon éditeur, – c’est que j’aime tous les poètes, tous les bons
Parnassiens, – puisque le poète est un Parnassien, – épris de la beauté idéale ; c’est
que j’aime en vous, bien naïvement, un descendant de Ronsard, un frère de nos
maîtres de 1830, un vrai romantique, un vrai poète.
Voilà pourquoi.
– c’est bête,
n’est-ce pas, mais enfin ?...
Dans deux ans, dans un an peut-être, n’est-ce pas, je serai à Paris.
»
Lettre de Rimbaud à Théodore de Banville.
-
Rimbaud évoque les poètes romantiques – il a dévoré Victor Hugo – et les
Parnassiens.
On sait que le recueil des Fleurs du mal que Baudelaire
dédicace à Théophile Gautier, le maître du Parnasse, est l’un de ses favoris.
Influence du romantisme : Le début du XIXe siècle se caractérise par le
mouvement romantique.
Celui-ci privilégie l’expression du Moi.
Les poètes expriment
leurs sentiments : l’amour, l’émotion face à la nature.
Ils manifestent aussi leur
engagement face aux réalités sociales et politiques conférant au poète le statut de
mage guidant le peuple.
Ce courant s’impose en France en 1820 avec la publication
des Méditations poétiques de Lamartine, et reste dominant jusque dans les années
1850.
Victor Hugo (1802-1885) est une figure marquante du romantisme pour Arthur
Rimbaud dont on reconnaît l’empathie pour les « misérables » dans le poème « Les
Effarés ».
Victor Hugo, Les Contemplations, 1856, livre 1 = Victor Hugo présente Les
Contemplations comme les « Mémoires d’une âme », sorte d’autobiographie
poétique, dans laquelle le lecteur peut se regarder comme dans un miroir.
Le recueil
se divise en deux parties, « Autrefois » et « Aujourd’hui », séparées par l’évocation
de la mort de sa fille Léopoldine.
Dans le premier livre, il revient sur sa jeunesse,
celle où il découvre son goût pour l’écriture = « Le poète s’en va dans les champs » ;
« Réponse à un acte d’accusation » - mais aussi l’amour.
Il se présente alors avec
une certaine distance moqueuse = « Vieille chanson du jeune temps ».
Citation clé : « Et sur les bataillons d’alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
»
Victor Hugo, Les Contemplations, 1856, « Réponse à un acte d’accusation ».
La révolte poétique : Victor Hugo s’en prend à Napoléon III dans « Chanson », Les
Châtiments, 1853.
Influence du Parnasse : Ce mouvement s’inscrit en réaction contre le romantisme :
il prône comme idéal poétique la recherche du Beau pour le Beau par un poète qui
est orfèvre du texte.
Les poètes parnassiens, qui écrivent dans les années 1860,
revendiquent « l’art pour l’art » : selon eux, la poésie ne doit pas servir d’exutoire à
ses sentiments ni de tribune à ses engagements.
Rimbaud leur emprunte la ferme
conviction....
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