Nul de ceux qui ont lu Les Rêveries de Rousseau ou les Méditations de Lamartine ne peut oublier le lac de Bienne ou celui du Bourget. Le pouvoir de l'écriture donne même parfois existence à des lieux qui n 'existent que dans et par les livres. A partir d'exemples de votre choix, vous montrerez quels rôles un lieu imaginaire ou réel (paysage, édifice, monument, décor urbain, etc.) peut jouer dans les œuvres littéraires.
Publié le 29/03/2011
Extrait du document
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Ce n'est pas l'un des moindres paradoxes de la littérature que d'être capable de faire d'un lieu vrai un lieu imaginaireet d'un lieu imaginaire un lieu plus vrai que le réel.
III.
Il est des lieux qui, au-delà de leur fonction réaliste, au-delà de leur fonction symbolique, portent en eux despossibilités « fictionnelles » : tous les récits policiers le savent (rues désertes, pavés mouillés, bars, néons, parkings,etc.
sont particulièrement propices à l'éclosion d'une « action »), de même bien sûr que les récits d'épouvante.
Partis du « vrai » (les Carpathes pour Dracula de Bram Stoker, New York pour Projet pour une révolution à New Yorkd'Alain Robbe-Grillet, Paris pour Zazie dans le Métro de Raymond Queneau), certains écrivains parviendront à rendreces lieux fictifs (sans que cela ait rien de péjoratif), en jouant sur l'inconscient collectif ou sur nos « mythologies » :ces « espaces » ne seraient que la transcription de nos peurs ou de nos fantasmes.
C'est ainsi que J.
Joyce fait deDublin en 1906 l'équivalent du monde grec tout entier dans Ulysse.
On peut donc être sûr que la stylisation et larecherche esthétique l'emportent alors sur le réalisme plat — le paradoxe résidant dans le fait que cet imaginaire estplus « vrai » que la « réalité » : cas étrange (du moins en apparence) du bourg imaginé par Proust (Combray) qui severra plus tard accolé au nom qui a servi de modèle : Illiers.
IV.
Le XXe siècle verra naître une série curieuse de lieux, dans la mesure où ils échapperont à la fois au réalisme, ausymbolisme, au vrai ou au faux, et où ils ne seront signe que de...
rien.
Déjà Alfred Jarry dans une conférence surUbu Roi disait : « Quant à l'action, qui va commencer, elle se passe en Pologne, c'est-à-dire Nulle Part.
»
Pensons aussi aux lieux de Beckett, ces « no man's lands » qui ne représentent peut-être en fait que la scène duthéâtre, qui elle-même ne représentait (mais est-ce possible?) que le vide — et songeons qu'une pièce de HaroldPinter s'intitule précisément No Man's Land...
CONCLUSION
Même s'ils nous poursuivent, même si leur souvenir nous hantent, les lieux de la littérature ne sont que ce qu'ils sont: des mots, rien que des mots — et le pouvoir de l'écrivain réside justement dans ce miracle de nous faire croire enl'incroyable dans tous les domaines..
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