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Nuit Rhénane

Publié le 09/02/2013

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Proposition de commentaire de « Nuit Rhénane « d'Apollinaire « Nuit Rhénane «, publié en 1913 dans le recueil Alcools est l'un des poèmes les plus célèbres de Guillaume Apollinaire. Le poème est marqué par la culture d'Apollinaire qui, fasciné par l'Allemagne, a eu l'occasion d'étudier le folklore médiéval de ce pays et ses grands maîtres romantiques. Illustrant à merveille le titre du recueil, « Nuit Rhénane « met en scène la rêverie que le vin inspire au poète le long des bords du Rhin. Comment l'écriture poétique permet-elle de transfigurer l'exprérience intime, jusqu'à la rendre universelle ? Nous verrons d'abord que ce poème relate avec lyrisme une aventure intime du poète. Nous montrerons ensuite qu'Apollinaire convoque ici des mythes et des images fondateurs de la civilisation occidentale. Enfin, nous nous attacherons à la dimension proprement poétique de ce texte, qui en fait un chant universel. Ce poème reflète une expérience intime du poète. Il s'agit en effet d'une rêverie provoquée par l'ivresse. On relève tout au long du poème le champ lexical du vin et de l'alcool : « verre « (2 fois), « vin «, « ivre «, « vignes «, caractérisé par l'allitération en [v]. L'importance de ce thème renvoie au titre du recueil, Alcools. De plus, l'ensemble du poème semble placé sous le signe de cette soirée d'ivresse : le poème s'ouvre sur l'évocation du verre « plein « et s'achève sur celle du verre « brisé «. Il y a ici un effet de clôture particulièrement remarquable. L'isolement du vers final, qui appartient à la dernière strophe, s'explique sans doute par le désir de souligner la clôture. Le registre dominant dans ce poème est le lyrisme : il s'agit bien pour le poète de partager avec son lecteur ses sentiments les plus intimes. On relève les marques de la première personne, pronom personnel sujet « je « (vers 6), pronom tonique « moi « à la fin du premier hémistiche du vers 7, déterminant possessif « mon « aux premier et dernier vers du poème. De plus, les thèmes évoqués sont propres au lyrisme, comme la célébration de la nature allemande, l'importance de la nuit, la mélancolie générale qui se dégage de ces vers. On peut ici penser qu'Apollinaire s'inspire du romantisme, mouvement littéraire de la fin du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle, qui marqua durablement les littératures française et allemande. L'effet propre au registre lyrique est que le lecteur est invité à partager les sentiments du poète. On trouve ainsi, gé...

« de la nature allemande, l'importance de la nuit, la mélancolie générale qui se dégage de ces vers.

On peut ici penser qu'Apollinaire s'inspire du romantisme, mouvement littéraire de la fin du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle, qui marqua durablement les littératures française et allemande.  L'effet propre au registre lyrique est que le lecteur est invité à partager les sentiments du poète.

On trouve ainsi, généralement, dans les poèmes lyriques des marques de la deuxième personne au côté de celles de la première.

Le système énonciatif de ce poème est de ce point de vue tout à fait remarquable.

Les lecteurs sont conviés au vers 2 à « écout[er] », ce qui confirmerait l'hypothèse du lyrisme.

Mais les impératifs de la deuxième strophe sont plus difficiles à interpréter, « debout chantez » et « mettez près de moi ».

Les destinataires du poème sont conviés à participer à son élaboration ; ils passent d'une écoute passive à une intervention active. Le poème devient alors un étrange dialogue, où le poète qui détient la parole appelle à l'aide son lecteur.

Cet appel est, dans le temps de l'écriture, voué à l'échec, comme le montre la disparition des marques personnelles dans la dernière strophe, et l'adverbe « toujours », placé à la fin du premier hémistiche du vers 11.   « Nuit Rhénane » se fait l'écho d'une rêverie intime du poète, provoquée par l'ivresse.

Elle est placée sous le signe du lyrisme.

Néanmoins, le poète adresse plusieurs injonctions à son lecteur, comme s'il désirait en faire un autre poète, capable lui aussi de chanter.

Le poème dépasse en effet le cadre de l'intimité pour devenir une expérience mythique, qui éveille l'écho de récits et épisodes fondateurs de la culture occidentale. Si le registre lyrique est le registre dominant dans ce poème, il n'est pas le seul.

On peut également déceler la présence du fantastique.

En effet, la chanson du batelier nous plonge dans un univers merveilleux, celui des contes et légendes allemandes.

(L'effet produit par le registre merveilleux est l'adhésion du lecteur aux phénomènes surnaturels qui apparaissent dans l'oeuvre.) Mais l'apparition de ce merveilleux dans un cadre réaliste, celui de la soirée au bord du Rhin, fait glisser le poème du côté du fantastique.

(L'effet produit par le fantastique est l'hésitation entre deux interprétations, l'une réaliste et l'autre surnaturelle, sans qu'il soit possible de trancher.) L'introduction du motif des femmes aux cheveux verts est en effet ambigu : le batelier « raconte avoir vu ».

Le verbe « raconte » nous place du côté du récit : il s'agirait de l'évocation de légendes ancestrales.

Mais l'infinitif à valeur d'accompli « avoir vu » invalide cette hypothèse : le batelier fait part d'une. »

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