Nouvelle Revue française (la)
Publié le 11/03/2019
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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Nouvelle Revue française, la [N.R.F.] - littérature.
1 PRÉSENTATION
Nouvelle Revue française, la [N.R.F.] , revue française de littérature et de critique littéraire créée en 1908-1909 qui a connu ses heures de gloire dans l’entre-deux-guerres.
Devenue une référence, la revue, qui paraît encore un siècle après sa création,
a été le lieu de rencontre des plus grandes plumes du XXe siècle et un carrefour incontournable des littératures française et étrangère.
2 L’ÈRE D’ANDRÉ GIDE : LE HAUT LIEU DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE
Au début de l’année 1908, un groupe d’écrivains, dont Eugène Montfort (1857-1940), Charles-Louis Philippe (1874-1909), Henri Ghéon (1875-1944), André Ruyters (1876-1950) et Michel Arnauld (pseudonyme de Marcel Drouin, 1870-1943),
envisage la création d’une nouvelle revue littéraire, dont le titre, la Nouvelle Revue française (N.R.F.), est choisi par Eugène Montfort.
Le 15 novembre paraît le premier numéro auquel participent également André Gide, Jacques Copeau et Jean
Schlumberger (1877-1968).
Mais c’est un « faux départ », car le groupe se sépare à cause de dissensions entre André Gide et Eugène Montfort (en réalité la plupart des cofondateurs ne sont pas satisfaits du premier numéro).
La Nouvelle Revue
française (N.R.F.) publie donc son véritable premier numéro, sans Eugène Montfort, en février 1909.
Si les cofondateurs ont tous déjà collaboré à d’autres revues, André Gide est le seul dont l’œuvre et la carrière littéraire font, aux yeux de ses amis
« un directeur de conscience ».
Pour André Gide, il s’agit, avec la N.R.F., de fonder la « revue future » qui cherche non pas à ressusciter le symbolisme ou à former une école littéraire, mais à favoriser l’expression d’un goût et d’une pensée propres.
Les premiers auteurs de la N.R.F.
sont Romain Rolland, André Suarès, Paul Claudel, Léon-Paul Fargue, Valéry Larbaud et Jacques Rivière.
En mai 1911, André Gide et Jean Schlumberger, sous l’impulsion de Paul Claudel, s’associent à Gaston Gallimard afin d’ouvrir un comptoir d’édition (c’est la naissance des Éditions de la Nouvelle Revue, futures Éditions Gallimard).
Après des différends
entre les trois fondateurs, Gaston Gallimard devient officiellement le seul propriétaire de la N.R.F. En 1913, Jacques Copeau, alors directeur de la revue, crée le théâtre du Vieux-Colombier qui partage les mêmes ambitions esthétiques que la revue.
Le
dynamisme que déploient ces grands acteurs de l’édition française du début du siècle (ils publient dans la revue Alain-Fournier, Stéphane Mallarmé, Guillaume Apollinaire, Jean Giraudoux, Marcel Proust, Paul Valéry, Roger Martin du Gard et des
auteurs étrangers tels John Keats, Oscar Miosz, Henrik Ibsen, Miguel de Unamuno ou Rabindranath Tagore) n’apporte cependant qu’un nombre modeste d’abonnés (on en compte 1 400 en 1914).
Pendant la Première Guerre mondiale, les
collaborateurs et les auteurs sont dispersés, la publication s’interrompt donc et ne reprend qu’en 1919.
3 DE JACQUES RIVIÈRE À DRIEU LA ROCHELLE : DU SUCCÈS À LA TUTELLE ALLEMANDE
L’âge d’or de la revue vient avec l’arrivée de Jacques Rivière, nommé directeur en juin 1919, dont l’ambition est de « faire cesser la contrainte que la guerre exerce encore sur les intelligences ».
Malgré les critiques des cofondateurs, Jacques Rivière
réussit à relancer la revue (plus de 2 700 abonnés en 1920) et à attirer toute la génération montante de la littérature, celle issue du symbolisme autant que celle issue du surréalisme et de Dada, qui veut voir son nom sur la célèbre couverture
blanche de la N.R.F.. Henry de Montherlant, Pierre Drieu La Rochelle, Paul Morand, André Breton, Paul Éluard, Louis Aragon, Jules Supervielle, Philippe Soupault, André Malraux, Francis Ponge ou Jean Cocteau collaborent à la revue, devenue un
carrefour incontournable de la littérature françaises.
Alors que la revue se refusait à toute entrée en politique à ses débuts, elle crée à cette époque la rubrique « l’Air du mois », qui commente l’actualité.
La disparition de Jacques Rivière ne freine pas ce développement.
Gaston Gallimard en assure la poursuite, secondé par Jean Paulhan qui, secrétaire de la revue depuis 1920, en devient le rédacteur en chef en 1925, avant d’en être officiellement son
nouveau directeur en 1935.
C’est avec ce dernier, sorte d’« éminence grise » des lettres, que la revue prend son véritable essor et dépasse pour certains numéros les 10 000 exemplaires.
Ses détracteurs, Charles Maurras en tête, ne cessent
cependant de trouver la « chapelle N.R.F. » confuse et ennuyeuse.
En 1939, la France et l’Allemagne entrent en guerre.
La revue s’arrête en juin 1940 pour reprendre sa parution en décembre.
Pierre Drieu La Rochelle, d’une sensibilité proche de celle des collaborateurs, est appelé à diriger la N.R.F., placée alors sous
tutelle allemande.
En janvier 1943, dans un « Bilan », il avoue son désintérêt pour la revue et l’échec de son projet directorial.
Malgré les tentatives faites pour le remplacer par Jacques Lemarchand (1908-1974) ou Ramon Fernandez (1894-1944), la
revue cesse de paraître en juin 1943.
4 DE JEAN PAULHAN À JACQUES RÉDA : NOUVELLES VOIES ET REMISE EN QUESTION
À cause de ses accointances collaborationnistes, la revue est interdite de publication à la Libération.
Cependant, le prestige de la N.R.F., comme la considération que lui accordent ses lecteurs, lui permettent de sortir à nouveau dès novembre 1951
avec des numéros d’« hommage », consacrés notamment à Alain et à André Gide.
Puis, en janvier 1953, sous le nom de Nouvelle N.R.F., dirigée par Jean Paulhan et Marcel Arland, assistés de Dominique Aury, la revue reprend un rythme de parution
mensuel, identique à celui d’antan.
Il lui faut attendre février 1959 pour retrouver son nom originel.
Jean Paulhan, désireux de finir son ouvrage le Don des langues, laisse Marcel Arland, Dominique Aury ainsi que Jean Grosjean composer le sommaire de la revue et accueillir une toute nouvelle et toute jeune génération d’écrivains et de philosophes
(Michel Butor, Roger Nimier, Jacques Réda, Jean-Marie Gustave Le Clézio).
Les années 1970 marquent une époque de remise en question.
Marcel Arland lance des numéros thématiques annuels et Georges Lambrichs, qui lui succède en 1977, organise la fusion de la N.R.F.
avec les Cahiers du chemin qu’il dirige alors.
À l’arrivée de Jacques Réda en 1987, la N.R.F.
n’est plus à son apogée.
Malgré la qualité de son directeur et la parution d’un « Carnet » qui emporte l’adhésion des plus fidèles, les ventes ne cessent de décroître, notamment à cause de l’émergence de
nouvelles revues plus attrayantes pour les nouvelles générations d’auteurs.
Aussi, la continuité de la revue, alors placée sous la direction du romancier et critique Michel Braudeau depuis 1999, apparaît aujourd’hui fragile.
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