Nouveau Roman (histoire de la littérature)
Publié le 11/03/2019
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Nouveau Roman. Comme l'«existentialisme », le « nouveau roman » est tout d'abord l'invention de journalistes et de critiques qui tentèrent, dans les années 50, de regrouper sous une étiquette commode des recherches narratives qui semblaient partager un certain nombre de refus : celui du psychologisme et de l'anthropomorphisme, de l'illusion réaliste, du personnage et du déroulement chronologique — tous ingrédients du roman traditionnel —, mais aussi, en rupture avec l'existentialisme, refus de la littérature engagée au sens sartrien, d'une écriture qui ne tirait plus sa légitimité que du message qu'elle véhiculait.
On a pu dire cependant qu'en un certain sens la Nausée, en dénonçant l'illusion esthétique romanesque, « marquait la fin du roman » (Marcel Raymond), et si Robbe-Grillet a toujours vu dans les Chemins de la liberté une entreprise rétrograde, il considère en revanche le Sartre de la Nausée comme un précurseur. C'est de cet épuisement même de la forme romanesque que, tel le Catoblépas de la Tentation de Saint Antoine, se nourrira le mouvement désormais connu sous le nom de « Nouveau Roman » : prenant acte de la clôture de l'écriture sur elle-même, de son absence définitive de référent, un certain nombre d'écrivains cherchaient à produire un autre type de relation auteur/lecteur qui ne passât pas par la fiction traditionnelle. Il convient en outre de noter que Jérôme Lindon, qui avait repris les Éditions de Minuit, eut le courage de donner leur chance à des manuscrits refusés par d'autres grandes maisons.
Plus globalement, le Nouveau Roman s'inscrit dans un contexte idéologique de prise de distance critique par rapport à la création artistique, ses formes et ses lois : à cet égard, tous les écrivains dont l'œuvre laisse apparaître des préoccupations théoriques, formelles et structurales peuvent en être dits les initiateurs, de Diderot à Joyce en passant par Sterne, Flaubert, Faulkner, Kafka et Proust, sans oublier Nathalie Sarraute (Tropismes, 1939). En introduisant le trouble dans le tacite contrat de confiance qui lie auteur et lecteur, ils avaient préparé « l'ère du soupçon » (selon le titre d'un essai de N. Sarrauie, en 1950) qui allait voir éclore le Nouveau Roman.
Dès 1954-55, Roland Barthes parlait dans ses articles de « littérature objec-tale ou littérature littérale » à propos d'Alain Robbe-Grillet, dont on devait faire bientôt le représentant le plus marquant des recherches nouvelles. Tout en tirant dans des essais (Une voie pour le roman futur, 1956 ; Nature, humanisme, tragédie, 1958) les conséquences de la mort du roman, celui-ci prônait et mettait en œuvre une littérature « optique » (les Gommes, 1953 ; le Voyeur, 1955 ; la Jalousie, 1957), développant tous les mécanismes de « contre-illusion » susceptibles de briser l'illusion romanesque — de la précision d'entomologiste dans la description des objets à la confusion savamment orchestrée des différents niveaux de la fiction (Dans le labyrinthe, 1959). Fortement influencée par la technique cinématographique, son écriture tentait d'obliger le lecteur à une « vision réfléchie », distanciée par rapport au texte et à l'histoire.
De façon parallèle, Michel Butor, dans ses premières œuvres, explorait diverses techniques propres à déconstruire le récit traditionnel : le simultanéisme (Passage de Milan, 1954), la saisie des échos infinis éveillés dans la mémoire par l'écriture même (l'Emploi du temps,
1956) , le travail sur le temps intérieur et la formule narrative (la Modification,
1957) , l'impossible exhaustivité du dire (Degrés, 1960). Accompagnant sa création, les Répertoires (1960-1982) constituent un journal de ses inlassables interrogations techniques sur les formes de la littérature : le romancier y est présenté comme celui qui « mène le murmure des choses jusqu'à la parole », donnant cohérence à tous ces éléments qui, hors de la structure qu'ils engendrent eux-mêmes, resteraient arbitraires et « in-signifiants ».
Nouveau Roman
«
l'illusion
réaliste, du pers onnag e et du
déroulement chronologique -tous in
gré dients du roman traditionnel -, mais
aussi, en rupture avec l'e xi ste ntialisme ,
refus de la littérature engagée au sens
sartrien, d'une écriture qui ne tirait plus
sa légitimité que du message qu'eUe
v é hi c ul ait .
On a pu dire cepe nd an t qu 'e n un
certa in sens la Nausée, en dénonçant
l ' il lu sio n e sth étiq ue ro man esqu e, > à prop os
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bie n tO t le repré sentan t le plus
marquant des recherches nouvell e s.
Tout en tirant dans des ess ais (Une voie
pour le roman futur, 1956 ; Nature,
humanisme, tragédie.
1958) les consé
quences de la mort du roman, celui-ci
prOnait et mettait en œuvre une litté ra
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Voyeur, 1955; la Jalousie, 1957), déve
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l u sio n romanesque -de la précision
d'entomologiste dans la des cription des
o bj ets à la confusion savamment orches
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(Dans le labyrinthe, 1959).
Fortement
influencée par la techniqu e ci néma togra
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que , son écriture tentait d'obliger le
lecteur à une « vision réfléchie >>.
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De façon parallèle, Michel Butor, dans
ses premières œuvres.
ex p lorai t diverses
techni
ques propres à déconstruire le
réc it traditionnel : le simul tanéism e
(Passage de Milan, 1954), la saisie des
é ch os infinis éveillés dans la mémoire
par l'écriture même I['Emploi du temps.
1956).
le travail sur le temps intérieur
et la formule narrative Ua Modification,
1957).
l'im po ssib le exhaustivité du dire
(Degrés.
1960).
Acco mpagn ant sa créa
tion, le s Répertoires ( 1960-1982) consti
tuent un journal de ses i
nla ssab le s
interrogations techn i
ques sur les formes
de la littérature : le romancier y est
présenté comme celui qui « mène le
murmure des choses jusqu'à la par ole ».
donnant cohérence à tous ces éléments
qui.
hors de la structure qu'ils engen
drent eux-mêmes, resteraient arbitrai
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L'im porta nce accordée au temps et à
la durée intérieure est sans doute com
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et la Route des Flandres ( 1960).
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