«Nous naissions au coeur de l'histoire»

« LES ROMANS DE MALRAUX juillet 1936, trois jours après le début du putsch des généraux espagnols, Malraux part pour l'Espagne en guerre, où il crée et dirige l'escadrille Espaiia pour soutenir la cause républicaine.

Un compagnon de route.

Au cours des années vingt et trente, Malraux rend hommage dans ses romans à l'action révolutionnaire menée sous l'égide ou avec l'aide de l'Internationale communiste (en Chine dans Les Conquérants et La Condition humaine, en Espagne dans L'Espoir).

Cette adhésion n'est pas sans nuances: Malraux a mis très souvent en scène des personnages communistes (Le Temps du mépris lui vaut, à ce titre, un cha­ leureux hommage d'Aragon) mais il n'a jamais été membre du parti.

Le communisme lui apparaît surtout comme l'instrument le plus efficace du développement du mouvement révolutionnaire mondial et de la résis­ tance contre le nazisme.

C'est aux côtés, non des communistes, mais des combattants proches du général de Gaulle qu'il s'engage dans la Résistance en 1944, sous le nom de «colonel Berger».

Au lendemain de la Grande Guerre, l'Europe n'est plus, comme l'écrit Malraux dans son essai La Tentation de ['Occident ( 1926), qu' "un grand cime­ tière où dorment des conquérants morts'» alors que l'Orient fait son entrée dans l'histoire, suscitant fascination et rejets.

Le débat Orient-Occident.

Alors que les partisans d'une droite conser­ vatrice et nationaliste considèrent l'Orient comme une menace pour l'ordre européen, l'extrême-gauche et les communistes y voient le lieu où la doctrine révolutionnaire pourra enfin passer dans les faits.

La consoli­ dation du régime communiste après la mort de Lénine, le culte de l'URSS chez un grand nombre d'intellectuels français, l'espoir, entretenu par l'Internationale, d'une extension mondiale de la révolution, expliquent la fascination qu'exerce l'Orient sur Malraux: j'ai été attiré par l'Asie, entre autres parce que l'histoire était en train de s'y faire.

L' «aventure asiatique» de Malraux.

Cet intérêt de Malraux pour l'Orient, un Orient qui inclut !'Extrême-Orient, a également des fonde­ ments biographiques: en 1923, Malraux fait une expédition au Cambodge à la recherche de vestiges khmers qu'il espère vendre, épisode qui sera transposé dans La Voie royale.

Condamné à trois ans de prison pour avoir prélevé des statues du temple khmer de Banteai-Srey, il demande la révi­ sion de son procès.

Dans l'attente d'un nouveau jugement, il prend conscience de la réalité de l'oppression coloniale française.

Après un bref 201. »