« Nous mentons tous plus ou moins » écrit EMILE ZOLA dans une lettre à HENRY Céard en 1885. selon vous, le roman montre-t-nécessairement un mensonge ?
Publié le 06/10/2018
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l'auteur. En effet, même lorsqu'il veut en toute bonne foi montrer la réalité, il lui est impossible d'écrire une œuvre totalement objective en raison de sa critique et de son point de vue. Ces éléments son plus ou moins influencés par le milieu, l'éducation, la vie personnelle de l'écrivain. Ainsi, c'est sa propre vision du monde qu'il nous donne et qui est inévitablement subjective malgré son désir plus ou moins fort (en fonction du courant auquel il appartient)) de réalisme. L'auteur ne décrit pas des faits, des lieux, des personnes seulement dans le but d'informer le lecteur de réalités (qui sont déjà altérées), ce qui serait le travail d'un journaliste, mais ajoute son style. Il a, le plus
souvent, une visée symbolique et ses écrits ne sont pas
innocents ni dénués de tout message.
Ainsi, un romancier, même lorsqu'il souhaite montrer la vérité, ne peut y parvenir totalement et est donc obligé de mentir sur certains aspects.
Un roman se voulant réaliste montre donc globalement le réel avec vérité de par son cadre spatio-temporel et les thèmes qu'il aborde. Cependant, dans le détail, il s'avère que
l'auteur est d'une part obligé, dans les règles que son art
exige, d'imaginer certains éléments et donc de mentir plus ou
moins en fonction de son désir de réalisme, et d'autre part il
exerce inconsciemment une influence sur son œuvre qui inévitablement la rend subjective et donc déforme la réalité. Nécessairement, un roman contient une petite part de mensonge qui n'est pas intentionnelle.
On peut ainsi observer que vouloir ancrer son œuvre dans le
réel sans trop le déformer limite la création chez le romancier. Or, aujourd'hui, de nombreux auteurs préfèrent justement développer leur imagination, prendre du plaisir à créer des mondes imaginaires ou des intrigues avec de nombreux rebondissements plus inattendus les uns que les autres, notamment dans la science-fiction.
«
Mousquetaires d’Alexandre Dumas).
Ainsi, Emma dans Madame
Bovary de Gustave Flaubert et Jeanne dans Une Vie de
Maupassant reflètent chacune un type de femme du XIXème
siècle.
Par ailleurs, les naturalistes au XIXème siècle vont
jusqu’à faire une étude scientifique de l’être humain, de son
hérédité et de l’influence
qu’ont sur lui les milieux économique et social.
Ainsi, une
telle volonté de vérité et d’objectivité entraîne à n’omettre
aucun détail, même le plus laid.
Gustave Flaubert, par
exemple, n’hésite donc pas à décrire de manière péjorative une
simple fermière dans Madame Bovary pour montrer un certain
contraste avec la bourgeoisie.
De plus, une intrigue est généralement plausible, suit une
logique ou simplement le cours d’une vie avec ses
rebondissements possibles en fonction de l’époque comme dans
Une Vie de Maupassant.
Elle peut également être basée sur un
fait divers, ce qui accentue son réalisme, comme l’affaire
Berthet pour Le Rouge et le Noir de Stendhal.
En effet, en
1827, un fils d’artisan, Antoine Berthet, jeune séminariste, a
été condamné à mort pour avoir assassiné en pleine messe son
ancienne maîtresse, l’épouse d’un notable qui l’avait engagé
pour être le précepteur de ses enfants.
Les similitudes entre
ce fait divers et le récit de Stendhal sont facilement
reconnaissables.
Le fond de toile même d’un roman peut donc ne
pas venir de l’imagination de l’auteur.
Le romancier, principalement réaliste, s’appuie donc sur des
éléments réels ou en tout cas assez inspirés de la réalité
pour retranscrire la vérité d’une époque, d’un phénomène ou
d’un milieu.
Cependant, si tous ces éléments sont vraisemblables et
reflètent la réalité, le roman est par définition un récit de
fiction et l’ensemble ne peut donc être une parfaite
retranscription de la vérité.
Ainsi, il est impossible à l’auteur de raconter tout ce que
font les
personnages, tous les événements ni de les mettre au même
niveau.
Il se voit donc obligé de trier les informations, de
ne garder que ce qu’il juge intéressant (utilisation des
ellipses), de hiérarchiser et d’organiser le tout.
Il peut
même ne pas suivre la chronologie avec des analepses et des
prolepses, or toutes ces manipulations sont impossibles dans
la vraie vie.
Ainsi, dans l’extrait de Madame Bovary, alors
que la fermière est dépeinte et semble être le centre de
l’attention, le public bourgeois reste très vaguement décrit
et au second plan.
De plus, si un roman peut se baser sur des
références historiques, des personnes connues, des
caractéristiques d’un groupe social, il est nécessaire
d’utiliser son imagination, et donc de mentir en quelque
sorte, afin de donner des détails, de développer son intrigue
et ses personnages et ainsi leur donner du relief.
En effet,
un personnage de roman, même s’il est typique d’une classe
sociale été d’une époque, ne doit pas être ennuyant tout comme
Georges Duroy qui se démarque par son ambition démesurée dans
Bel-Ami de Maupassant.
Outre une déformation inévitable afin de respecter les règles
de la littérature, s’ajoute celle générée inconsciemment par
2.
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