« Nommer un objet c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du texte qui est faite de deviner peu à peu. Le suggérer voilà le rêve. »
Publié le 04/11/2020
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« Nommer un objet c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du texte qui est faite de deviner peu à peu. Le suggérer voilà le rêve. » Nommer un objet, au sens large du terme, c’est le désigner, le nommer, démontrer sa fonction, son emplacement, ou encore son origine. Ceci en ne laissant aucun hasard, aucun mystère pour le lecteur qui se retrouve face à des choses qu’il connaît et qu’il peut donc appréhender à sa façon. Bien souvent, cette transparence totale envers le lecteur se retrouve dans de nombreux genres littéraires dont notamment le genre narratif. Ces genres littéraires, qui sont généralement constitués de romans ou de récits ont pour objectif de raconter une histoire réelle ou imaginée par l’intermédiaire d’un narrateur. Ils établissent tous un schéma narratif bien précis dans lequel ils implantent personnages, actions et péripéties. Ce type narratif, expose une objectivité totale en énonçant les faits qui serviront d’outils au lecteur afin de mieux comprendre les enjeux de l’histoire. Souvent représentés dans le courant réaliste, il s’agit bien souvent de textes qui ne sont qu’une retranscription transcendante de la réalité, ne laissant ainsi place à aucune forme de subjectivité ou de mystère pour le lecteur. Le lecteur peut penser que c’est la meilleure façon de procéder. En effet, se retrouvant face à une histoire qu’il peut décrypter et comprendre, cela ne lui impose aucune activité de réflexion. Mais ne rend-t-il pas le texte ennuyeux, n’est-il pas plus intéressant pour le lecteur de ne pas tout savoir ? Par exemple, à l’inverse , le genre poétique, lui, se veut se dégager de cette description scrupuleuse du réel. En effet, la poésie se doit de s’écarter des descriptions abondantes de cette réalité pour permettre au lecteur d’examiner les objets audelà de leur utilité sociale. Elle n’expose pas ses faits ou ses sentiments, elle les suggère à travers son propre langage, devenant ainsi matière à réflexion pour l’esprit. Le lecteur ne connaît pas tout, n’a pas de manuel pour comprendre, il doit petit à petit tenter de percer le message à travers ce langage.
«
de trois étapes.
Les études des mœurs, philosophiques et enfin analytique lui ont permis
d’arriver à une reproduction complètement transparente de son milieu.
Mais pour réussir à
faire la démonstration de tout ce système, il était inévitable pour Honoré de Balzac d’utiliser
un courant résultant principalement du genre narratif ; le réalisme.
En effet, si le but de
Balzac était que ce roman permette au lecteur de comprendre la société, de pouvoir la juger
et de suivre ses histoires, il est cohérent que pour ce faire Balzac ait utiliser le réalisme à
travers ses innombrables descriptions détaillées.
Par exemple, dès les premières pages, la
description de la pension Vauquer se fait sur trois pages et avec pas moins de soixante
adjectifs.
Il nomme les objets, les lieux, le nom des personnages, leurs fonctions ainsi que
leur passé.
Rien n’est laissé au hasard.
Par ces descriptions le lecteur n’a aucun moyen de
s’écarter du chemin donné car tout est figé et incontestabl.
Le roman prend une valeur
documentaire et pédagogique qui a pour volonté d’apprendre quelque chose aux lecteurs.
Le
but est de convertir une réalité objective du monde extérieur en un texte.
Tout a été calculé
et donné afin que le lecteur n’aille plus qu’à lire et suivre l’histoire.
Cela ne lui laisse pas de
temps d’imaginer étant donné que tout présuppose à quelque chose.
Le roman n’est pas là
pour lui servir d’outils de réflexion mais il est là pour offrir au lecteur une marche à suivre lui
permettant de pénétrer dans l’histoire plus facilement.
A la différence du genre narratif, le genre poétique lui se présente comme le mode
d’expression qui convient le mieux à la connaissance des choses telles que l’amour, la joie ou
encore la mort.
A travers ses poèmes, le poète se donne le pouvoir d’invention, de création
verbale en exploitant les ressources de langues.
Il invente un nouveau langage dans lequel
les mots ont davantage de sens et de densité l’éloignant du langage commun de la
description d’une réalité.
La poésie accorde une si grande place au langage qu’elle peut se
passer de narration.
Le pouvoir de suggestion des mots est fondamental.
Ce pouvoir de suggestion se cache à travers les mots et leurs symboles.
Charles Baudelaire
couvre le symbolisme dans « Les fleurs du mal ».
Il exprime et voit les choses à travers des
symboles.
En effet, au lieu de dire que la personne est belle ou que l’objet est beau
simplement en décrivant ses caractéristiques, le poète préfère suggérer le fait que la
personne est belle ou que l’objet est beau.
La poésie dit des choses en se donnant la
prétention de ne pas l’avoir dit.
Le symbolisme offre des moyens d’expressions autres que la
simple représentation réaliste.
L’exemple de « Albatros » de Baudelaire peut servir
d’exemple.
Dans ce poème, l’image suggestive de l’Albatros capturé, est utilisé pour
dépeindre sa propre condition dans une société qui l’ignore.
Pour faire passer ses émotions
et ses sentiments au lecteur, le poète s’est permis de jouer sur les antithèses sur les sonorités
ou encore sur le mouvement des phrases.
A cela s’ajoutent différents procédés stylistiques
comme les métaphores ou les périphrases qui favorisent la création d’image.
L’espoir du
poète n’est pas explicitement dit par exemple, mais il se retrouve à travers ses
enjambements qui lui permettent de transcender la réalité et de montrer qu’il y a l’espoir de
dépasser le formel.
Cette nouvelle langue, qui est celle du symbole qui se manifeste sous
différents aspects, pousse le lecteur à se faire guider par ses sentiments et ses impressions,.
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- « Nommer un objet, prétend Stéphane Mallarmé, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve... Il doit y avoir toujours énigme en poésie, et c'est le but de la littérature, — il n'y en a pas d'autres — d'évoquer les objets. » (Sur l'Évolution littéraire : réponse à l'enquête de Jules Huret, 1981.) En vous fondant sur des exemples précis, vous essaierez de commenter cette conception de la poésie chez Mallarmé.
- Nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve. Stéphane Mallarmé.
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