NOCTURNE D'AMÉRIQUE : UNE ILE PRÈS DU COURS DE L'OHIO de Chateaubriand (commentaire)
Publié le 10/11/2016
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NOCTURNE D'AMÉRIQUE :
UNE ILE PRÈS DU COURS DE L'OHIO
Chateaubriand explore les bords de l'Ohio, affluent du Mississippi. « L'Ohio grossi de cent rivières, tantôt allait se perdre dans les lacs qui s’ouvraient devant nous, tantôt dans les bois. Des iles s'élevaient au milieu des lacs. Nous fîmes voile vers une des plus grandes : nous l'abordâmes à huit heures du matin. » Chateaubriand va passer la nuit dans cette île et décrit le paysage nocturne dans le texte qui suit.
« A notre droite étaient des ruines appartenant aux grandes fortifications trouvées sur l'Ohio. à notre gauche un ancien camp de
sauvages; l'île où nous étions, arrêtée dans l'onde et reproduite par un mirage, balançait devant nous sa double perspective. A l'orient, ia lune reposait sur des collines lointaines; à l'occident, la voûte du ciel était fondue en une mer de diamants et de saphirs, dans laquelle le soleil, à demi plongé, paraissait se dissoudre. Les animaux de la création veillaient; la terre, en adoration, semblait encenser le ciel, et l'ambre exhalé de son sein retombait sur elle en rosée, comme la prière redescend sur celui qui prie.
... Je me reposai au bord d'un massif d’arbres : son obscurité, glacée de lumière, formait la pénombre où j'étais assis. Des mouches luisantes brillaient parmi les arbrisseaux encrêpés, et s'éclipsaient lorsqu'elles passaient dans les irradiations de la lune. On entendait le bruit du flux et reflux du lac, les sauts du poisson d'or, et le cri rare de la cane plongeuse. Mes yeux étaient fixés sur les eaux; je déclinais peu à peu vers cette somnolence connue des hommes qui courent les chemins du monde : nul souvenir distinct ne me restait; je me sentais vivre et végéter avec la nature dans une espèce de panthéisme. Je m'adossai contre le tronc d'un magnolia et je m'endormis; mon repos flottait sur un fond vague d'espérance. »
CHATEAUBRIAND, Mémoiresd‘Outre-Tombe Livre VIII, Chapitre 4.
Sous la forme d'un devoir composé, vous commenterez ce texte où Chateaubriand peint l'un des paysages vus par lui lors de son voyage en Amérique (1791); en particulier vous étudierez la sûreté avec laquelle l'auteur met en place un tableau nocturne donnant l'impression du réel, les procédés par lesquels, à partir de ces données, l'écrivain fait de sa peinture un rêve d'art, enfin la communion affective et spirituelle qui s'établit entre la Nature et l'homme.
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