Nicolas BOILEAU, Epîtres - Rien n'est beau que le vrai... Commentaire composé
Publié le 11/01/2020
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Nicolas BOILEAU, Epîtres - Rien n'est beau que le vrai...
1. ... Rien n'est beau que le vrai : le vrai seul est aimable ;
2. Il doit régner partout, et même dans la fable :
3. De toute fiction l'adroite fausseté
4. Ne tend qu'à faire aux yeux briller la vérité.
5. Sais-tu pourquoi mes vers sont lus dans les provinces,
6. Sont recherchés du peuple, et reçus chez les princes ?
7. Ce n'est pas que leurs sons, agréables, nombreux,
8. Soient toujours à l'oreille également heureux ;
9. Qu'en plus d'un lieu le sens n'y gêne la mesure,
10. Et qu'un mot quelquefois n'y brave la césure :
11. Mais c'est qu'en eux le vrai, du mensonge vainqueur,
12. Partout se montre aux yeux et va saisir le coeur ;
13. Que le bien et le mal y sont prisés au juste ;
14. Que jamais un faquin n'y tint un rang auguste ;
15. Et que mon coeur, toujours conduisant mon esprit,
16. Ne dit rien aux lecteurs qu'à soi-même il n'ait dit.
17. Ma pensée au grand jour partout s'offre et s'expose,
18. Et mon vers, bien ou mal, dit toujours quelque chose...
Non, ne demandons pas à cet acrobate, à cet « impressionniste » ondoyant et divers une doctrine cohérente et ferme; il serait incapable de nous la donner. Musset ne sera jamais que Fantasia. Chez lui les mots se dérobent à la définition. Qu’entend-il exactement par Beauté, par Vérité? Nul, pas même lui, ne saurait le dire. Aujourd’hui il nous apparaît comme un romantique échevelé ; demain ce sera un converti, tout nourri de la « moelle classique», une sorte de Boileau moderne, seulement plus libéral. Un peu plus tard, «assis sur son tambour crevé», il fera la grimace aux romantiques et aux classiques, feignant de les vouloir réconcilier. Le voici en extase devant Molière, à la « gaieté si triste et si profonde », devant La Fontaine, «fleur de sagesse et de gaieté»; l’instant d’après, il retourne à la poésie personnelle la plus débridée, se moquant des « rêveurs à nacelles » et des amateurs de «couleur locale». Tenter de rattacher son « esthétique » à celle de Boileau, c’est parler pour ne rien dire, étant donné l’inconsistance de ses doctrines, on pourrait même dire l’absence de toute théorie. Néanmoins, reconnaissons que, pratiquement, cet individualiste, cet indépendant a plus de bon sens qu’il n’en paraît avoir et, par là, se rapproche beaucoup plus de Boileau que les autres romantiques.

«
B- Un texte prescriptif
• Boileau ne fait pas que chanter la beauté du texte : demande au poète de rendre son texte beau.
=> texte prescriptif.
Cf.
« Il doit régner ».
Impose une règle.
• « Sais-tu » : au poète ? au futur écrivain
=> Boileau énonce une règle.
II- Une leçon d’écriture
A- Boileau, un mentor
• Présence du poète dans le texte, parle en son nom : « mes vers ; mon vers ; Ma pensée ; mon c œur »
• Tutoie son élève : « sais-tu ».
• Renommée et reconnaissance de son travail de poète : « mes vers sont lus dans les provinces ;
recherchés du peuple ; reçus chez les princes » => gradation.
Aimé et estimé de tous
=> Son talent et son « prestige » lui confèrent l’autorité pour parler (et être écouté).
B- Des arguments exposés clairement
• Cf.
le découpage du texte : 1 estrophe > chante le beau ; 2 estrophe > développe son exemple.
=> Cf.
les nombreux connecteurs logiques : « Ce n'est pas que ; Qu' ; Et qu' / Mais c'est qu' ; Que ;
Que ; Et que ».
+ présents.
=> En s’appuyant sur son propre exemple, ses propres vers, démontre l’intérêt du beau énoncé dans la
1estrophe.
III- Une démonstration poétique
A- Un texte sur la poésie
• Cf.
tout le champ lexical qui relève du travail du poète : « vers ; leurs sons ; la mesure ; la césure »
(les deux derniers sont à la rime => importance).
• Cf.
l’attention du poète à la forme de son texte :
- Cf.
l’attention portée aux sons : « leurs sons, agréables, nombreux » (NB : pas de lien coordinatif
« et »)) ; « à l'oreille » ; « heureux » => travail de la mélodie, de la sonorité du poème.
- Cf.
l’attention portée au sens et à l’agencement des mots dans le vers.
Ex : « n'y gêne la mesure » / «
n'y brave la césure » => parallélisme, souligne le travail du poète, l’attention qu’il doit porter à tout.
=> Boileau rappelle le travail formel du poète qui doit faire attention à tout rendre harmonieux.
B- La beauté morale
• On retrouve les champs lexicaux de la vérité et du mensonge de la 1 estrophe.
• Yeux / c œur..
»
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