Nana, Commentaire du chapitre I, p.35/36 (Folio)
Publié le 01/04/2012
Extrait du document
=> Quel portrait de Nana Zola brosse-t-il dans ce passage ?
Introduction
[1.Contexte et situation de l’auteur] Zola / Le Naturalisme / Le roman dans le cycle des Rougon-Maquart (1880)
[2.Situation de l’extrait] Chapitre 1 : première apparition de Nana dans le roman, après une longue attente qui entretient le suspense.
[3.LECTURE] « Je vais vous lire l’extrait. «
[4.Problématique et annonce du plan] Nous pouvons nous demander quel portrait de Nana est fait par Zola dans ce passage. Pour répondre, nous étudierons d’abord les éléments qui présentent Nana comme une femme de théâtre, avant d’analyser le portrait contrasté qui en est fait par l’auteur.
«
II. Un portrait contrasté : une Nana divine et diabolique
a) Un portrait contrasté, construit selon une suite d’oppositions :
cf.
les connecteurs temporels et logiques qui rythment le texte : « A ce moment » (l.1), « Dès le second
vers » (l.5), « lorsqu’ » (l.10), « cependant » (l.18), « toujours (…) mais à présent » (l.24), « au contraire »
(l.28/29) : construction qui met en valeur l’évolution du regard porté sur Nana.
Regard d’abord charmé,
puis moqueur ; c’est l’intervention du chérubin (« lorsqu’ » l.10) qui marque la tournure nouvelle du
texte.
Intervention qui « désarme » (l.15) le public.
Reprise des mêmes termes en première et deuxième partie de la description de N., mais le
regard porté sur elle change : l’expression « une voix aussi fausse » (l.6) est reprise par « c’était
toujours la même voix vinaigrée » (l.24) / « Elle ne savait même pas se tenir sur scène, elle jetait les
mains en avant, dans un balancement de tout son corps, qu’on trouva peu convenable et disgracieux »
(l.7 à 10), repris l.28/29 « Elle continuait à se balancer, ne sachant faire que ça.
Et on ne trouvait plus ça
vilain du tout, au contraire », et plus loin, l.32 « elle tendait les bras.
Des applaudissement éclatèrent » :
oppositions qui mettent en valeur l’évolution du regard porté sur Nana.
L’attitude et la voix sont les
mêmes, mais le regard d’abord moqueur devient fasciné.
Phénomène de fascination accentué par la fin de phrase « les hommes braquaient leurs jumelles » (l.29)
et par la gradation finale sur les applaudissements : ils « éclatèrent » l.32, puis ils « devinrent furieux »
l.34
Ce qui fait le lien, le fil rouge qui traverse ce portrait, c’est le rire de Nana : elle apparaît « en riant au
public » (l.3), l.18 « elle s’était mise à rire », l.25 « Nana avait gardé son rire » : un rire qui met en valeur
l’aspect innocent de Nana, qui semble inconsciente du pouvoir qu’elle exerce sur le public, même si ce
rire se pare d’un aspect diabolique lorsqu’il se met à « [luire] dans ses grands yeux » (l.26).
b) Un personnage divin et diabolique
Nana est présentée d’abord comme une déesse :
Après l’attente des premières pages, apparition de Nana en déesse , en fin de phrase minimale l.1 :
« Vénus parut », qui met en valeur le sujet « Vénus » pour qualifier Nana (alors que c’est le nom de Nana
qui est répété, murmuré, scandé depuis le début du chapitre) et le verbe « paraître », au passé simple
(action de premier plan) : Nana fait une apparition divine sous les traits de Vénus, la déesse de l’amour.
S’ensuit une description plutôt méliorative de son physique faite par l’intermédiaire d’une longue
phrase (période), dont le sujet est « Nana » : cf.
les adj.
« grande » et « forte » l.1, « longs {cheveux}
blonds {simplement} dénoués » l.2, « {un aplomb} tranquille » l.3 : avant qu’elle ne chante, son physique
est perçu de manière positive par le narrateur et le public.
Puis portrait péjoratif dès le deuxième paragraphe : opposition annoncée par la conjonction de coordination
« et » l.3 : « Et elle entama… ».
D.i.l.
qui pose question rhétorique « Etait-ce une plaisanterie… ? » (l.5) / d.i.l.
mené jusqu’à la ligne 9
« disgracieux » (passage qui inclut la comparaison très négative « elle chantait comme une seringue »
l.7): le public, toujours anonyme, s’accorde à dire qu’elle ne sait pas chanter : déception et incrédulité.
Narrateur va plus loin encore dans l’aspect péjoratif, en développant le champ lexical du feu, des
flammes (l.13 « sa face blonde enflammée par la vue de Nana », l.25 « son rire qui éclairait sa petite
bouche rouge et luisait dans ses grands yeux », l.27 « une flamme passait sur ses joues »), champ lexical
qui évoque à la fois l’aspect passionnel et diabolique de Nana.
Conclusion
[Bilan ] Ainsi, Nana est présentée dès sa première apparition comme une belle jeune femme qui exercera un
pouvoir de fascination sur les hommes de son entourage, qu’ils appartiennent aux hautes (Muffat) ou au plus
basses classes de la société (Fanton).
Critiquée pour sa voix de « seringue », elle est avant tout admirée pour ce
corps qu’elle ne cache presque pas, et qui fera des ravages, et pour cette attitude provocante et rieuse qui lui
permet de charmer tout le public masculin du théâtre des Variétés.
Les principaux thèmes du roman sont ainsi
annoncés dès le premier chapitre.
[Ouverture ] Notons que la dernière comparaison rapproche Nana d’un animal.
Cette image de la femme animale
sera elle aussi reprise tout au long du roman..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Commentaire D'Un Extrait De Zola: Nana / Chapitre 10
- Commentaire composé sur extrait du premier chapitre de Nana de Zola: la première représentation de « La Blonde Vénus »
- Zola, Nana, Chapitre 1 (Commentaire composé)
- « 1984 » de George Orwell (première partie, chapitre 1) - commentaire
- Commentaire de la Cyropédie de Xénophon, chapitre VIII