Musset (1810-1857), Lorenzaccio, Acte I, scène 4. Commentaire composé
Publié le 11/01/2020
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Musset (1810-1857), Lorenzaccio, Acte I, scène 4.
Valori. Devant le duc, l'épée nue !
Le Duc, riant. Laissez faire, laissez faire. Allons, Renzo, je veux te servir de témoin ; qu'on lui donne une épée !
Lorenzo. Monseigneur, que dites-vous là ?
Le Duc. Eh bien ! ta gaieté s'évanouit si vite ? Tu trembles, cousin ? Fi donc ! tu fais honte au nom des Médicis. Je ne suis qu'un bâtard, et je le porterais mieux que toi, qui es légitime ? Une épée, une épée ! un Médicis ne se laisse point provoquer ainsi. Pages, montez ici ; toute la cour le verra, et je voudrais que Florence entière y fût.
Lorenzo. Son Altesse se rit de moi.
Le Duc. J'ai ri tout à l'heure, mais maintenant je rougis de honte. Une épée ! (Il prend l'épée d'un page et la présente à Lorenzo.)
Valori. Monseigneur, c'est pousser trop loin les choses. Une épée tirée en présence de Votre Altesse est un crime punissable dans l'intérieur du palais.
Le Duc. Qui parle ici, quand je parle ?
Valori. Votre Altesse ne peut avoir eu autre dessein que celui de s'égayer un instant, et sire Maurice lui-même n'a point agi dans une autre pensée.
Le Duc. Et vous ne voyez pas que je plaisante encore ? Qui diable pense ici à une affaire sérieuse ? Regardez Renzo, je vous en prie ; ses genoux tremblent, il serait devenu pâle, s'il pouvait le devenir. Quelle contenance, juste Dieu ! je crois qu'il va tomber. (Lorenzo chancelle ; il s'appuie sur la balustrade et glisse à terre tout d'un coup.)
Le Duc, riant aux éclats. Quand je vous le disais ! personne ne le sait mieux que moi ; la seule vue d'une épée le fait trouver mal. Allons, chère Lorenzetta, fais-toi emporter chez ta mère. (Les pages relèvent Lorenzo.)
Sire Maurice. Double poltron ! fils de catin !
Le Duc. Silence ! sire Maurice ; pesez vos paroles ; c'est moi qui vous le dis maintenant. Pas de ces mots-là devant moi.
«
Acte I, scène 4 > Valori et sire Maurice ont critiqué Lorenzo (qui a décapité les statues de l'Arc de
Constantin « un jour d'ivresse »).
Ce dernier provoque sire Maurice qui lui propose alors un duel.
Pour le spectateur : découverte d’un facette de Lorenzo + le duc.
NB : le spectateur a déjà appris que Lorenzo est un libertin qui orchestre la débauche à Florence.
I- Le Duc : entre autorité et débauche
A- L’autorité du Duc
• Alexandre > autorité à Florence.
Cf.
« Qui parle ici, quand je parle ? » ; « c'est moi qui vous le dis
maintenant ; pas de ces mots-là devant moi.
»… Autorité.
Cf.
les formules de déférence utilisées par les personnages « Monseigneur ; Son Altesse ; Votre
Altesse… ».
+ Vouvoiement lorsque les personnages parlent au Duc VS le Duc qui les tutoies.
B- Familiarités du Duc à double tranchant
• Alexandre > cousin de Lorenzo.
« J'aime Lorenzo, moi.
».
• Familiarité.
Cf.
« Renzo » > diminutif affectueux ; « te servir de témoin ».
Mais Lorenzo vouvoie le
duc.
Cf.
« Monseigneur, que dites-vous là ? » > déférence / « Renzo, je veux te servir de témoin » >
familiarité.
• Alexandre défend Lorenzo face aux accusations de sire Maurice : « Il n'a jamais offensé de pape » ;
« [...] à propos de ce pauvre Renzo » et « [...] des désordres de ce pauvre Renzo » (diminutif familier) ;
« Silence, sire Maurice ; pesez vos paroles », (en réponse aux injures proférées par sire Maurice contre
Lorenzo).
• Humilie Lorenzo.
Ex : « Tu trembles, cousin ? Fi donc ! tu fais honte au nom des Médicis » ; « je
rougis de honte » > mépris.
Se moque de lui > le décrit en train de défaillir : « ses genoux tremblent, il
serait devenu pâle, s'il pouvait le devenir » + « riant aux éclats ».
C- Un homme peu recommandable
• Rappelle ses origines : « Je ne suis qu'un bâtard » (NB : bâtard VS « Son Altesse ;Monseigneur ;
Votre Altesse »).
• Jure de manière assez scandaleuse (pour l’époque) > pas glorieux.
Ex « et, par la mort de Dieu ! il
restera ici ».
• Pousse son cousin à se battre en duel => ce qui est interdit > bafoue les lois.
Cf.
« Monseigneur, c'est
pousser trop loin les choses.
Une épée tirée en présence de Votre Altesse est un crime punissable dans
l'intérieur du palais »..
»
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