Montrer, à l'aide d'exemples empruntés au théâtre de Corneille, de Racine et de Victor Hugo les principales différences qu'il y a entre une tragédie classique et un drame romantique.
Publié le 02/06/2012
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Mais, cette critique effectuée, force nous est de reconnaître que les grands personnages de Corneille et de Racine possèdent à un degré éminent le don de la vie, alors que la psychologie de Hugo est beaucoup trop sommaire. Elle se réduit presque tout entière à construire un personnage autour d'une antithèse. Ainsi Triboulet est le type du bouffon de cour, laid et difforme, ....
«
Sans d~ute, ii est des points sur lesquels les innovations du 1i L'aclion rem
drame sont heureuses.
C'est ainsi que souvent le récit constitue f~~~~ he~~~~
une des faiblesses de la tragédie classique : tels ceux de l'em- recits.
poisonnement de Britannicus, de la mort d'Hippolyte et même
du combat contre les ~aures.
Tout le génie de Corneille et de
Racine ne peut éviter qu'à ce
moment l'intérêt languisse et, même
lorsqu'ils savent le réveil1er, ils ne réussissent que difficilement
à nous transporter« d'horreur ou d'admiration ».
De même, on peut reprocher à ces deux auteurs d'avoir pres- 2) La couleur
que toujours négligé la couleur locale; ainsi dans Bajazet, Racine locale ·
ne s'est pas assez attaché à peindre le décor et les mœurs du
sérail; dans Pompée, Corneille n'a pas su mettre sous nos yeux
l'Egypte des
Ptolémées et de Cléopâtre.
On sait le succès de la.
tentative faite pour nous représenter Iphigénie, Andromaque,
Phèdre, avec des costumes empruntés non à l'antiquité mais au
xvne siècle.
Enfin, il est exact que Polyeucte, Nicomède et cer-
tains personnages de Corneille s'éloignent parfois de la
naJure en
poussant
à l'extrême leurs vertus ou leurs défauts.
III.
Supériorité de la tragédie classique.
Mais, cette critique effectuée, force nous est de reconnaître que
les grands personnages de Corneille et de Racine possèdent à un
degré éminent le don de la vie, alors que la psychologie de Hugo
est beaucoup trop sommaire.
Elle se réduit presque tout entière
à construire un personnage autour d'une antithèse.
Ainsi Tri-
boulet est le type du bouffon de cour, laid et difforme, mais
transfiguré par
l'amour paternel; Ruy.
Bias est un laquais noble
et généreux, en dépit de sa condition; Marion de Lorme, la coqr-
tisane, a conservé dans ses débauches une certaine noblesse
de cœur.
Ces formules ne suffisent pas à donner la vie aux per-
sonnages.
Combien dona Sol nous semble pâle et effacée devant
Andromaque! Hernani n'est qu'une réplique affaiblie du Cid ou
qe Nicomède; Marie Tudor elle-même ne se détache pas avec le
relief saisissant d'Hermione ou de Roxane.
Si la psychologie du drame romantique est faible, l'action, elle
aussi, laisse à désirer.
Elle
progresse surtout par des procédés
de mélodrame.
Dans les
Burgraves, ce ne sont que déguisements
1) Au point
de vue
psychologique
2) Au point de vue
de l'action.
»
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