Montesquieu, De l'esprit des lois, « De l'esclavage des nègres »

« Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais : Une hypothèse : l a stratégie de M.

est de faire semblant d’épouser la thèse des esclavagistes pour en faire ressortir l’absurdité et l’inhumanité. Il prend ainsi le point de vue de ses adversaires.

Il s’agit donc d’un plaidoyer qui sera sapé et qui ne pourra pas être accepté .

La justification s’invalidera d’elle -même. En réalité, il s’agit d’un réquisitoire.

Le plaidoyer est ironique. Remarquons que l e narrateur s’inclut dans la collectivité : « nous ».

Plusieurs arguments vont être juxtaposés. I – DES ARGUMENTS ÉCONOMIQUES Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres. Comme il est habituel dans l’éloquence judiciaire 1 les temps verbaux sont des temps du passé : un participe passé, un passé composé. Le participe passé actif (« ayant exterminé ») est chargé d’indiquer la cause : l’extermination (le mot est bien sûr connoté négativement) des Indiens .

La conséquence, logique, est formulée par le verbe « devoir ».

Cette embauche forcée des Africains est présenté comme nécessaire. L’économie a force de loi. C’est l’utilité sociale qui est mise en avant. Cette loi de cause à effe t semble imparable. Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. La rentabilité est un argument.

L’esclavage permet de lutter contre la cherté de la vie .

L’ argument est cynique , mais recevable. La phrase est au potentiel : cond itionnel présent dans la principale, imparfait de l’indicatif dans la proposition subordonnée conjonctive de condition. II – UNE PHYSIONOMIE D ÉFAVORABLE 1 éloquence judiciaire : : Auditoire : juges - Temps : passé -- Actes : accuser - Valeurs : juste et injuste.. »