Montaigne: Les Essais: la rencontre avec les Indiens
Publié le 12/11/2011
Extrait du document


«
Si le portrait moral est mélioratif, le portrait intellectuel l’est tout autant.
En effet, les cannibales
ne se laissent pas impressionner par leur accueil.
On peut d’ailleurs remarquer que lorsqu’un Français
emploie l’adjectif « surprenant » ligne 9, l’Indien utilise l’adjectif « étrange »ligne 11.
Alors que les
Français attendent de l’étonnement et de la surprise, le cannibale répond par de l’incompréhension.
Il ne
se laisse pas éblouir par ce qui lui est donné à voir.
De même, le chef fait preuve de qualités
d’observation et de sens critique.
Il met notamment en évidence les failles de la société française : le
paradoxe du pouvoir absolu et l’inégalité sociale.
La capacité à répondre aux questions de Montaigne et la
répétition du verbe « trouvaient » lignes 11 et 18, synonyme du verbe « penser » prouvent également qu’il
est doté de raison.
Sur le plan social, l’inégalité les touche.
Le chef est modeste : hors de la guerre, un chef n’a plus
d’autorité.
Dans leur société, est reconnu comme chef, le plus fort, le plus robuste, qui peut se voir
diriger une armée de « quatre ou cinq milles hommes » tel qu’il est dit l.22.
Cette autorité est assortie de
devoir : celui de bravoure : car le chef prend des risques « il est le premier à marcher à la guerre » l.20,
et y voit une marque d’honneur, un privilège, un avantage.
En temps de paix, cette supériorité est réduite
à une préséance, on lui fraye tout de même un chemin dans les villages qu’il dirige.
De plus, les cannibales
ont une organisation hiérarchique importante marquée par le respect mutuel (désignation abusive des
matelots nommant le chef « roi » + les hommes sont « moitiés » les uns des autres.
Si l’extrait souligne les qualités des cannibales, il met aussi en évidence les défauts de la société
française.
Dés le début du texte, Montaigne oppose les Européens aux cannibales afin de critiquer les failles de
la société française : il oppose ainsi le champ lexical du bonheur « quiétude » ligne1 ; « bonheur » ligne 2
et « douceur » ligne 5 à celui de la misère « « corruptions » ligne 2 ; « ruine » ligne 3 et « malheureux »
ligne 4.
Il reprend, grâce au DI, les termes péjoratifs des indiens comme « décharné, pauvreté ».
Montaigne utilise l’étonnement des Indiens comme révélateur des relativités des usages, coutumes et
principes qui régissent les sociétés civilisées.
Grâce au chef, les deux failles de la société française sont
mises en avant (paradoxe de la monarchie absolue : un enfant guide les plus anciens + injustice sociale
et passivité).
Ainsi, le pluriel dans « toutes sortes de commodités» (l.13) souligne l’étendue des
commodités dont les hommes fortunés bénéficient.
L’image de la porte « et que leurs moitiés étaient
mendiants à leurs portes » (l.13-14) matérialise la juxtaposition de deux mondes totalement opposés.
Enfin, il dénonce la suffisance française : phrase exclamative finale théâtrale qui montre que
l’habillement des Cannibales suffit aux Français pour les accuser de sauvagerie.
Ces préjugés
vestimentaires des Français révèlent leur coté superficiel.
La dernière phrase est ironique et satirique
car Montaigne feint de reprendre le point de vue critique de certains civilisés pour mieux ridiculiser leur
pensée en mettant en évidence son caractère égocentrique et dénué d’ouverture.
Cette plaisanterie vise
les premiers navigateurs, et en particulier les missionnaires, qui s’étaient offusqués de la nudité des
Indiens et en avaient déduit que les Indiens ne pouvaient pas être doués de raison nus comme les
animaux.
Montaigne peut répondre à cela que nu ou habillé, le sauvage raisonne fort bien.
De plus, M.
semble avoir fait un récit conforme à l’esprit des Essais.
L’utilisation de la litote
« Tout..mal » l 32 exprime une critique à l’égard des valeurs recensées comme des repères en France et
perçues comme étranges pr l’autre.
Elle indique en fait le contraire : tout va très mal car les Indiens
sont pris pour des sauvages, barbares et donc asservis.
On peut dire enfin à cette étape de cet extrait
que le texte s’apparente à un prétexte pr apporter une critique sur les pratiques de la France en.
»
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