monologue final de Berenger, Rhinocéros, Ionesco
Publié le 08/05/2015
Extrait du document
«
également dans la glace.
La thématique du miroir a une fonction importante dans la scène.
Pour la
première fois, Bérenger est véritablement face à lui-même alors qu’il avait toujours essayé de se fuir.
Lorsque Bérenger se plaint, il dialogue avec lui-même en faisant alterner questions et réponses, preuve
de son angoisse « deviendront-elles rugueuses ? » « j’ai la peau flasque ».
Les termes pathétiques
abondent « oh ! », « hélas » (2fois), mais jamais 3 fois, ainsi que la ponctuation forte (exclamatives).
L’oralité du langage, peu de transitions, montrent que Bérenger délibère sous le coup d’une émotion
forte comme le soulignent les répétitions La déploration de Bérenger oscille entre espoir « comme je
voudrais être comme eux » (cf, le conditionnel) et constat désenchanté « je n’ai pas de corne, ce n’est
pas ça ».
Les temps verbaux illustrent parfaitement ce déséquilibre : conditionnel présent à valeur
modale (souhait), présent de l’indicatif (présentation d’un fait dans sa réalité), futur de l’indicatif
(évocation de l’avenir).
Le texte joue surtout sur le présent de l’indicatif et le conditionnel.
Par le
présent de l’indicatif, il émet un constat désabusé plus fort que les souhaits du conditionnel.
Le temps
s’appuie sur des verbes de souhait (vouloir, falloir, aurais du, devenir).
Le futur peu présent au début
de l’extrait, domine la fin du monologue et exprime le choix de l’avenir chez Bérenger.
B.
Le sentiment de culpabilité :
C’est pourquoi, Bérenger évoque la beauté des rhinocéros face à sa propre laideur.
Le lexique de
l’esthétique est souvent lié aux rhinocéros : « beaux », « charme » 2 fois avec des expressions
hyperboliques « magnifique ».
Mais au-delà de la beauté, c’est la puissance des rhinocéros qui fascine
Bérenger « peau dure », « vert sombre », « âpre », « vigueur ».
Même la valorisation du corps
« nudité…sans poil » participe à l’idée de vigueur et de force.
Au champ lexical de la force s’oppose
celui de la faiblesse de Bérenger « faible » avec tournures hyperboliques « que c’est faible ! ».
Elle est
d’abord physique avec des termes de dévalorisation « front plat », « traits tombants », « mains
moites », « flasque ».
Même la blancheur du corps est signe de débilité « trop blanc ».
C’est à un
portrait descendant et critique que nous convie Bérenger.
Cette faiblesse physique se retrouve dans le
manque de puissance vocale de Bérenger.
Il s’évertue, pour se mettre du côté des vainqueurs à
apprendre leur langage c'est-à-dire l’absence de langage.
Il constate que son échec provient encore de
sa faiblesse « je hurle seulement ».
La nuance « Je n'arrive pas à barrir.
Je hurle seulement.
» révèle
l'emprisonnement dans la condition humaine déplorée.
Il aboutit alors à ce renversement paradoxal de
valeurs qui lui fait dire, toujours dans la répétition, « Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre.
»
pour signifier son obsession de n'être qu'un homme ; en revanche le rhinocéros n'a pour lui rien de
monstrueux et reste le modèle à adopter.
Bérenger passe de sa situation actuelle « je », « ici »,
« maintenant » à la généralisation « Malheur à qui veut conserver son originalité ! ».
Ce dernier, face
à son état, éprouve donc un sentiment de mauvaise conscience, de culpabilité.
La forme verbale
« j’aurais du les suivre à temps » est l’expression d’un regret dans le passé.
De même, le lexique de la
morale souligne bien le jugement que Bérenger porte sur lui-même « j’ai eu tort », « mauvaise
conscience », « je ne suis pas beau », « que c’est laid ».
Bérenger se sent alors coupable d’être
différent.
Il est devenu un monstre étymologiquement celui que l’on montre par sa différence.
La
récurrence du verbe « pouvoir » souligne enfin l’impuissance de Bérenger à devenir comme les autres
« si je pouvais », « je ne peux plus ».
Cette culpabilité par rapport aux autres se double d’une certaine
honte d’être lui-même.
Exclamative : « J’ai eu tort ! » « je n’aurai plus honte », « Comme j’ai
mauvaise conscience », « J’ai trop honte ! ».
Au-delà du personnage, c’est l’essence même de
l’homme qui est remise en cause.
Le monologue exprime donc la déshumanisation progressive du
personnage mais surtout une réflexion sur la norme.
En effet, Bérenger n’a pas changé, c’est la norme
qui s’est modifiée faisant de lui un être différent donc rejeté.
C’est pourquoi il regrette de ne pas
pouvoir devenir rhinocéros : « Je ne peux plus changer.
Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je
ne peux pas ».
Les répétitions et l’opposition entre vouloir et pouvoir montre son désespoir +
conditionnel.
C.
Le discours tragique de l’identification au rhinocéros :
La vulnérabilité physique de Bérenger s’accompagne également d’une faiblesse morale se traduisant
par un mépris de soi « j’ai trop honte ».
Les formules privatives et négatives qui abondent dans le texte
le soulignent également « je n’ai pas », « je n’avais plus », « ne pas … », « manque ».
Cette
fascination pour la puissance fait de Bérenger un paria, un étranger malheureux de l’être.
Les
2.
»
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