Molière, L'École des femmes, Acte III, scène 2 - Extrait commenté
Publié le 10/01/2020
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Molière, L'École des femmes, Acte III, scène 2.
ARNOLPHE, assis.
Le mariage, Agnès, n'est pas un badinage : A d'austères devoirs le rang de femme engage ; Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends, Pour être libertine et prendre du bon temps. Votre sexe n'est là que pour la dépendance : Du côté de la barbe est la toute-puissance. Bien qu'on soit deux moitiés de la société, Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité ; L'une est moitié suprême, et l'autre subalterne ; L'une en tout est soumise à l'autre, qui gouverne ; Et ce que le soldat, dans son devoir instruit, Montre d'obéissance au chef qui le conduit, Le valet à son maître, un enfant à son père, A son supérieur le moindre petit frère, N'approche point encor de la docilité, Et de l'obéissance, et de l'humilité, Et du profond respect où la femme doit être Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître. Lorsqu'il jette sur elle un regard sérieux, Son devoir aussitôt est de baisser les yeux, Et de n'oser jamais le regarder en face Que quand d'un doux regard il lui veut faire grâce. C'est ce qu'entendent mal les femmes d'aujourd'hui ; Mais ne vous gâtez pas sur l'exemple d'autrui. Gardez-vous d'imiter ces coquettes vilaines Dont par toute la ville on chante les fredaines, Et de vous laisser prendre aux assauts du malin, C'est-à-dire d'ouïr aucun jeune blondin. Songez qu'en vous faisant moitié de ma personne, C'est mon honneur, Agnès, que je vous abandonne, Que cet honneur est tendre et se blesse de peu, Que sur un tel sujet il ne faut point de jeu ; Et qu'il est aux enfers des chaudières bouillantes Où l'on plonge à jamais les femmes mal vivantes.
(commentaire composé de français)
«
Ce que je vous dis là ne sont point des chansons ;
Et vous devez du coeur dévorer ces leçons.
***
L’École des Femmes : comédie de Molière en 5 actes et en vers (1779 dont 1737 alexandrins), créée au
Théâtre du Palais-Royal le 26 décembre 1662.
Cette pièce a été écrite l’année du mariage de Molière qui, à quarante ans, avait épousé Armande
Béjart, dix-neuf ans, la fille de sa maîtresse, Madeleine > ce qui lui valut de nombreuses attaques et
d’être accusé de relations incestueuses.
La pièce fait scandale => Molière répond à ses adversaires par La Critique de l'école des femmes .
M.
de La Souche ou Arnolphe est un vieux barbon qui souhaite épouser la jeune Agnès.
Obnubilé par la peur d’être cocufié, il l’élève dans la plus grande ignorance…
Dans cette scène, Arnolphe évoque la question du mariage avec sa pupille => lui annonce sa décision
de l’épouser.
Pièce écrite en vers > alexandrins.
Rimes suivies, du type AA, BB.
I- La leçon du tuteur
Montrez comment Arnolphe démontre à Agnès que son rôle de femme est d’obéir à un homme
> et donc, de lui obéir et de se marier avec lui !
A- Une leçon
• Très longue réplique > parle, Agnès doit écouter, et normalement obéir.
• Arnolphe parle en terme généraux.
Discussion sérieuse d’un tuteur avec sa pupille.
Cf.
« Le mariage, Agnès, n'est pas un badinage » > termes génériques + morale.
• Évoque en termes graves la destinée des femmes.
Cf.
« A d'austères devoirs le rang de femme »…
• Remarquez tous les connecteurs logiques qu’il utilise.
B- Un monde en deux parties
• Arnolphe oppose très nettement le « camp » des hommes et le « camp » des femmes.
Cf.
« Votre sexe » ; « Du côté de la barbe » > synecdoque, pour dire « les hommes » !
• Les hommes dirigent et les femmes acceptent.
Oppose de manière très nette, très tranchée ces deux
conditions d’êtres humains !.
»
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