Moderato cantabile, analyse du roman
Publié le 01/07/2013
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«
Français 602 – 604
Séquence 7 : Marguerite Duras, Moderato cantabile , 1958
Le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde
Cours
II) – Les personnages du roman
Moderato cantabile présente un nombre limité de personnages , parmi lesquels deux
protagonistes principaux, Anne Desbaresdes et Chauvin.
Au couple central s’ajoute l’enfant,
Mlle Giraud, la patronne du café, et le couple original formé par le tueur et la tuée.
Il n’y a pas
d’autre personnage identifiable, en dehors des divers figurants chargés de donner à l’espace
une épaisseur sociale.
Le personnage principal du roman : Anne Desbaresdes
Il n’est fait d’elle aucun portrait physique .
En revanche, son statut social est
rapidement précisé, « femme du directeur d’Import Export et des Fonderies… », (p.31-32).
Le
nom de « Desbaresdes » est d’ailleurs empreint d’une certaine couleur bourgeoise (il évoque,
par exemple, le « Desqueyroux » de Mauriac).
Son mari reste distant par opposition à la présence presque continue de l’enfant.
Aucune information ne nous est donnée sur sa famille, son passé.
Ainsi, ce n’est pas dans le
cadre conjugal que l’héroïne peut espérer l’amour .
Il n’y a chez Duras aucune psychologie traditionnelle , le personnage n’est
absolument pas doté d’un « caractère », ni d’une « hérédité » qui permettraient ensuite de
faire jouer la mécanique des déterminismes propres à la littérature réaliste.
Ainsi, la vie
d’Anne semble marquée par un vide insis tant, que comble seul l’amour maternel, et que
matérialisent les habitudes de promenade.
Toutefois, le café n’est pas pour Anne le lieu
ordinaire de ses promenades.
Comme tel, il devient lieu de l’extraordinaire , et le trajet qui
l’y conduit, véritable « déviation ».
Si le personnage extérieur d’Anne Desbaresdes se résorbe tout entier dans la répétition
de l’habitude bourgeoise, c’est aussi cette absence d’identité qui lui permet de
s’abandonner à l’inouï du crime passionnel .
Plus que par une « psychologie », le
personnage durassien est constitué par une absence (de caractère, d’identité, de volonté)
qui le rend à la fois ouvert à l’expérience, et tout à fait opaque.
Au reste, c’est parce qu’elle
est si peu déterminée à l’origine qu’Anne est à même de subir au cours du récit une
transformation profonde.
C’est aussi grâce à cette « identité zéro » du personnage que l’identification, ou
du moins la fascination, peut facilement naître chez le lecteur .
Certains propos d’Anne
Desbaresdes trouvent dans des textes nettement autobiographiques de Duras des échos
indiscutables.
Par exemple, « La difficulté, c’est de trouver un prétexte, pour une femme,
d’aller dans un café » (p.41).
A comparer avec : « De mon temps pour avoir la force de (…)
rentrer seule dans un bar, la nuit, par exemple, il fallait avoir déjà bu », M.
Duras, L a Vie
Matérielle , P.O.L., 1987..
»
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